L’expérience vécue instruit-elle ?

Thème :        « L’expérience vécue instruit-elle » ?
Essai de restitution du café-philo de l’Haÿ-les-Roses
                                  9 novembre 2005

 Introduction : Guy Pannetier: Le thème du débat est inspiré de cette réflexion : « L’homme est le seul animal capable de butter plusieurs fois sur la même pierre ». Après avoir été pendant des siècles en servitude les hommes se sont révoltés contre le pouvoir suprême d’un seul homme sur tous les hommes, ce sera 1789. Les hommes ayant bousculé l’ordre ancien, allaient créer une nouvelle société. Mais en moins de 20 ans le système ancien se reconstitue. Après avoir tué un roi, revient un empereur, Napoléon. En 1948 de nouveau une Révolution  qui sera suivie d’un autre Napoléon. En 1917 les Russes vont à leur tour faire l’expérience d’une Révolution ; mais toujours au final un groupe d’homme prend le pouvoir sur les autres et va les asservir. Nos philosophes des Lumières n’avaient que partiellement réussi dans leur entreprise, à savoir, changer l’homme pour changer la société.  Combien d’expériences encore pour que les hommes deviennent  aillent réellement dans le sens de leur perfectibilité. Nous n’avons pas assez de recul pour savoir si nous reproduisons  un cycle de l’Histoire, quelque chose de déjà vécu. Nous pensons que compte tenu de notre niveau de technologie, de l’information quasi instantanée, de la Globalisation, nous initions une période de l’Histoire qui n’a pas son pareil. Nous pensons que désormais certains faits ne peuvent se reproduire, nous sommes instruits des expériences vécues, avec peut-être beaucoup de présomption, nous sommes persuadés, qu’enfin :  «  La lumière de l’Histoire a éclairé notre passé », et que de ce fait elle éclaire la voie pour le futur. Il nous appartient de savoir retenir les leçons du passé, de transmettre la mémoire, en étant toujours vigilants, car le poète nous rappelle avec raison parfois : « Et toujours cependant monte dans la nuit noire, le concert désolé des appels de l’Histoire ». (Jules Laforgue)
Nous pouvons à nous-mêmes nous poser la même question l’expérience du passé nous a-t-elle enrichi d’enseignements. Devons-nous, nous fier qu’à nos expériences, comme à celle de ceux qui nous enseignent la vie, nos parents, nos proches, en étant sûr finalement que leur expérience nous sera des plus utiles, que  les mêmes causes produisent les mêmes effets, et quelles aptitudes avons-nous pour faire profiter  les autres de notre expérience ?

 Débat : Nous ne tirons pas le meilleur profit des leçons de l’histoire, nous répétons des erreurs du Passé, c’est pourquoi l’on dit parfois que « l’Histoire bégaie »
– Face à notre aptitude parfois phénoménale d’acquérir, d’emmagasiner, nous sommes très en dessous de ces aptitudes pour en tirer l’enseignement essentiel, pour bâtir ensemble…
– La question nous amène tant à envisager nos expériences personnelles que les expériences collectives.
– Nous sommes une part de la conscience collective, nous n’existons que par les autres. Chaque génération se sert des expériences des générations antérieures, c’est une expérience que nous utilisons chaque jour sans en avoir réellement conscience, elle est véhiculée dans tout l’inconscient collectif : « L’évolution de nos prédécesseurs nous a génétiquement modelé pour que nous prenions des décisions à toute rapidité, question parfois de survie ». Notre cerveau dit le professeur de neuropsychologie Wolf Singer « connaît nombre de données variables pour la survie et les sélectionne en quelques millièmes de seconde ». Notre cerveau emmagasine toutes ces expériences vécues et les classe en bonnes et mauvaises, c’est cet archivage qui nous amène sélectionner subconsciemment les bonnes ou mauvaises décisions à prendre. Mais parfois même de l’expérience nous pouvons tirer des enseignements empreints de subjectivité, ou même d’arbitraire, adaptant nos choix à nos égoïsmes, à la religion, aux idées dominantes, s’écartant de la seule analyse  des faits et du bonheur le plus largement partagé..
– On apprend par l’expérience, mais on apprend aussi par l’échec.
– Par de nouvelles expériences, parfois, on avance, on progresse, c’est parce qu’on ose que l’homme progresse, mais il peut aussi avoir des sources intuitives qui seront confirmées par l’expérience.
– L’évolution due à l’expérience découle aussi de la volonté : « Faire ce que l’on veut est bien, pourvu qu’on sache vouloir ». Alain.
– Ceux qui ont eu à surmonter un handicap ont fait des expériences riches d’enseignement, (Voir le très beau livre, l’Homme qui marchait dans sa tête), de même nous voyons de grands résilients forts de leur expérience venir en aide aux autres. Les associations d’anciens alcooliques, par exemple.
– De mauvaises expériences peuvent laisser chez l’individu des traces marquantes.., tel, une personne élevée dans la violence pourra à son tour reproduire cette violence, le contraire étant fort heureusement le plus courant…
– Imaginons que forts de nos expériences passées, nous avons tous  17 ans et trois mois ; quelles sont les expériences dont pourrons tirer utilement profit ? Et les nouveaux choix que nous allons faire ne seront-ils pas moins bons que ceux que nous avons fait, et sachant combien ces choix nous engagent n’allons-nous trop tergiverser, et suspendre nos décisions, nos choix comme les Stoïciens ? N’allons-nous pas perdre cette spontanéité qui fait aussi le piquant de la vie ?
– Sans tomber dans la psychanalyse freudienne chacun pourra pour lui-même évoquer et chercher à tirer les leçons de ses propres expériences.., que referais-je à l’identique ?
– Ce que je regrette le plus c’est tout ce que je n’aurau pas vécu, toutes ces expériences qui me resterons à faire…
– Les optimistes, les volontaristes avons-nous dit cherchent les expériences, ils tirent l’humanité vers le haut.., ce sont souvent eux qui nous font connaître collectivement nos possibles…
– Une expérience sentimentale malheureuse, peut, à tout jamais diminuer, voire appauvrir notre aptitude à l’écoute des autres, à l’empathie ; cela peut appauvrir, diminuer notre aptitude à aimer.
– Nous avons tous des préjugés basés sur des expériences gravées dans notre mémoire qui  nous amène à prendre des décisions plus ou moins judicieuses. Par exemple si un enfant a eu des problèmes en classe avec un élève rouquin ; des années plus tard « le marqueur somatique » va tirer la sonnette d’alarme dès qu’il se retrouvera en présence d’un garçon aux cheveux roux.
– Nous apprenons souvent à nos dépends qu’il faut savoir dire non, alors que notre tempérament nous amènerait plutôt à dire oui pour ne pas contrarier. C’est là des expériences qui vont nous apprendre, pour sauvegarder nos relations, amicales, amicales, à apprendre à dire non.
– Mais à la vie il faut savoir dire oui, cela nous l’apprenons de par certaines de nos expériences.
– Voyager, partir jeune, oser l’aventure est une expérience où l’on va rencontrer des instants formidables et des instants difficiles, mais c’est l’occasion de se frotter seul à la vie, de s’éprouver, il en ressort souvent un individu lus fort. C’est vivre en quelques mois ou quelques années des expériences que d’autres n’auront jamais vécu durant toute une vie, on pourra dès lors faire face à des difficultés de la vie avec plus de recul. C’est parfois alors, se créer une philosophie, car c’est souvent en partant à la rencontre des autres qu’on apprend à se connaître soi-même. (Exemple le voyage initiatique dans le  roman l’Alchimiste de Paolo Coello).
– Dans notre expérience se trouvent également les expériences vécues par les générations qui nous ont précédé. Dans certains cas nous appelons d’atavisme, cette ressemblance par imitation ou par des traits de caractère avec nos parents, avec nos ancêtres. Pour les animaux nous aprlons d’instinct.
– Les expériences peuvent nous emmener dans l’erreur. Si plusieurs expériences ont eu des résultats similaires, nous pouvons en tirer une règle générale. L’expérience doit toujours s’appuyer sur le raisonnement. Sommes-nous toujours sûrs que les effets ne sont pas le résultat de causes occasionnellement identiques.
Conclusion : « l’expérience vécue instuit-elle, la méditation du passé peut-elle éclairer nos choix ? Chaque choix de la vie antérieure avait esquissé un choix d’ensemble, qui marque enfin de compte, son homme ».  (Henri  Pena Ruiz).

 

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