Qu’est-ce que la conscience ?

 Thème :            « Qu’est-ce que la conscience ? »
           
 Essai de restitution du café-philo de Chevilly-Larue
                                           16 février 2005

 Modérateur : André Deluchat
Introduction au débat : Guy-louis Pannetier                                              
Animateurs : Guy Philippon, Guy Louis Pannetier

 Introduction:  Le thème est introduit avec ce poème de Victor Hugo intitulé, La Conscience, lequel se termine par : « L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn ! » Ce dernier vers exprime un aspect de la conscience morale. La conscience nous met face à nos actes, par le remord, le regret, ou le repentir. Conscient de son acte, l’homme assailli par le remord ne peut « se débarrasser du poids de la faute ». Le regret étant de déplorer un évènement. Le  repentir étant acceptation de la faute, et  recherche du pardon qui nous en délivre, pour avoir, notre conscience en paix ! 
Dans les premières grandes civilisations, il  n’y a, avec le corps, que l’âme, ce souffle qui anime le corps, c’est le principe vital de l’activité consciente. Les Grecs lui donneront le nom de « Psyché », ce souffle qui survivait au-delà de la mort. Puis Démocrite énoncera un  principe d’intériorité, « Le dialogue de l’âme avec elle-même », « l’Etre se prenant lui-même à témoin », ce que les Romains vont appeler conscienta. La religion et la philosophie scholastique maintiendront dans l’âme la notion de sens moral, issue des seules  règles divines. 
Avec la Renaissance l’idée de conscience  s’affirme à côté de celle de l’âme ; Rabelais nous rappelle que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».C’est Descartes qui donnera son « statut officiel » à la conscience avec le « Cogito ergo sum », (Je pense donc je suis). L’homme restera longtemps avec la dualité de l’âme et de la conscience, d’où cette expression ambiguë  encore utilisée aujourd’hui :« En votre âme et conscience ».    Et pour nous aujourd’hui : Qu’est-ce que la conscience ?                                                                                         

 Débat : Nous sommes tout à la fois existence de nature et existence de réflexion, par la première, nous sommes (seulement), par la seconde, nous savons que nous sommes, c’est conscience d’Être et conscience d’Esprit.
    – La conscience procède de l’acquis et non de l’inné. Depuis l’enfance cette conscience se forge…
    – Aussi primitives qu’aient pu être les premières communautés d’hommes, l’observation de règles de vie commune a crée le principe de conscience, ce code de conduite, la première « ligne jaune » !
    – La conscience est, règles morales, elle est aussi action consciente envers soi. Elle évolue avec le monde qui nous entoure, fonction de notre personnalité, c’est une construction qui progresse…elle est à la base de nos états psychiques, lesquels ne peuvent être connus que de nous ou par cette science de la conscience qu’est la psychanalyse…
    – Agir en conscience, par conscience, nous oblige à mettre parfois « en sourdine »nos désirs…
    – Par conscience nous pouvons agir en désaccord avec nos idées, comme, peut-être, voter à contre cœur en pensant ainsi sauver la Démocratie, (21 Avril 2002)….Si notre conscience est liberté, au prix de cette liberté, notre conscience nous oblige.
    – Il n’y a rien d’inné dans la conscience. C’est la communauté qui nous donne humanité et conscience de soi…tout l’acquis reçu du milieu familial, éducatif, sera la construction parfois contradictoire du psychisme..
    – Elle est pour partie acquise, construite, et pour partie innée. Des règles existent hors de nous, tels les commandements religieux. L’Être naît avec des instruments de musique, la morale est-elle dans la partition ?
    – Nous sommes en conscience, spectateur et acteur, mais c’est aussi chercher à savoir ce qui se passe dans la conscience des autres, c’est aller au-delà de soi, ne pas être un simple réceptacle, c’est la séparation du sujet pensant avec l’objet pensé, c’est la pensée en mouvement…
    – La conscience morale obéit à des règles qui peuvent être subjectives ; le kamikaze, sûr d’aller « au paradis », sait qu’il va tuer des femmes et des enfants, et il va néanmoins mourir en paix avec sa conscience. 
    – Chaque époque, chaque penseur ont apporté des nuances dans l’idée que l’on se fait de la conscience : elle est instinct « infaillible » pour J.J.Rousseau. Pour Marx « l’homme est un être de la nature mais un être actif conscient, qui se produit comme un être social humain à travers son histoire ». Freud découvre l’existence d’un psychisme inconscient : « Qui est une grande antichambre dans laquelle les tendances psychiques se pressent comme des être humains ». Pour Sartre, « La vie étant absurde, il n’y a pas d’Être nécessaire, pas de conscience ; L’homme est libre, condamné à être totalement libre, mais totalement responsable ».
    –
La conscience morale n’est pas naturelle, elle est conscience réfléchie…Elle prend en compte l’estime de soi…, pour rester un honnête homme.
    – Notre inconscient intègre, intériorise, culture et histoire, ce qui va former l’inconscient collectif…
    – Seul l’homme a conscience d’être, et pourtant nous venons de voir au Sri Lanka, des singes atèles  qui se recueillaient après de la dépouille de certains d’entre eux,….est-ce déjà une parcelle de conscience ?
    – Nous sommes en présence de plusieurs niveaux de conscience : Conscience psychologique, conscience morale, « conscience cognitive », qui recherche la connaissance, et même à se mieux connaître, « Que suis-je, qui suis-je ? Je suis une chose qui pense ». Pascal.    
    – Méfions-nous de : connaissance équivalent à conscience ; que de savants eurent peu de conscience morale, ou non conscients, tant le but primait, (la bombe atomique……)
    – La conscience formée par notre milieu est, subjectivité radicale, « C’est l’orgueil qui remonte de toute cette négation qui donne à toute chose cet être de pensée », ce peut être : dogmatisme, obscurantisme… « Être en conscience » c’est parfois le « moi » qui s’oppose, « qui refuse la bride » (Alain). La conscience c’est l’effort du choix, de la synthèse, de l’analyse ; la conscience dirige…    – La conscience est souvent outil de mesure…elle peut être  liée à la temporalité, et, à la fois, hors de cette  temporalité,  où les règles furent ou seront, autres…Bien des gens s’étonneraient s’ils voyaient de quoi est faite la conscience, « c’est 1,5ème de crainte, 1,5ème de crainte religieuse, 1,5ème de préjugés, 1,5 ème de vanité, 1,5ème d’habitudes », autant dire comme cet Anglais « Je ne suis pas assez riche pour m’acheter une conscience ».
    -Lorsqu’on arrive à la fin de sa vie, on regarde en arrière, la conscience alors s’interroge, toujours ce besoin de conscience en paix, c’est le temps des bilans… « Le sillage est-il droit » ?
    – Si je donne par charité, suis-je charitable pour ma bonne conscience ?
      – Très longtemps la conscience nous dictait l’obéissance à un ordre établi (d’origine divine), les consciences se sont libérées des dogmes religieux, et l’Humanisme : Fraternité, Solidarité, sont passés devant la seule charité.
    – La bonne conscience est inaccessible. Dans une société peut-on satisfaire tout le monde ?
    –  A l’aune du jugement de mon Ego je peux être en accord avec moi-même, ne suis-je pas mon premier juge ?
    – L’examen de conscience comporte des risques ; on peut fuir cet examen, cette remise en question, c’est risquer de souffrir, de démolir sa vie ; pour cela beaucoup préfèrent tricher.
    – On appelle bonne conscience, ce qui peut n’être que besoin d’aider les autres…
    – La conscience est mémoire : «  Mémoire des valeurs tenues en main pour des tâches d’avenir » Bergson.
    – Même si l’Être n’est pas perfection, mais seulement perfectible, sa conscience reste une richesse qui nous rappelle qu’il ne faut pas désespérer de l’homme..
    – L’homme se considère dans cet univers comme « Être supérieur », il devrait alors être la conscience de cet univers, et de là avoir la conscience de le protéger.

 Conclusion : « La République assure la liberté de conscience » : Loi de 1905, séparation des Eglises avec l’État. Longtemps les religions, avec le clergé, ont été les directeurs de conscience du peuple. Les députés qui ont voté en toute conscience cette loi ont été excommuniés par le Pape. La liberté de conscience, la prise de conscience tant individuelle que collective a toujours été le combat des philosophes. Nous savons que la faiblesse de la conscience c’est l’inconscient, lequel capte à notre insu des sensations, des messages, qu’il va ensuite nous distiller, des schémas, des idées, des jugements tout prêts que nous n’avons jamais évalués (l’Habitus), d’où la possible manipulation des consciences par un nouveau clergé, celui des directeurs de conscience de l’information. Nous en avons  bien conscience !

 

 

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