Thème: Culture pour tous, au-delà des apparences ?

Restitution du  débat du café-philo.
du 27 janvier 2010 à Chevilly-Larue
En partenariat avec le théâtre André Malraux
Suite à la projection du film de Mona Ayache : « Le hérisson » (avec Josiane Balasko)

Image extraite du film: l'élégance du hérisson

 


Animateurs : Guy  Pannetier, Danielle Vautrin, Guy  Philippon.

Modérateur : Marc Ellenberger
Introduction : Danielle Vautrin.

Introduction : C’est régulièrement au cours de l’histoire que la diffusion de la culture vers le plus grand  nombre est considérée comme un enjeu majeur. Cette diffusion de la culture à tous est-elle une garantie du développement de plus de civilisation et d’harmonie ? On a pu dire des années de l’Allemagne hitlérienne que le national-socialisme s’était installé sur fond de nation particulièrement développée et cultivée. C’est vrai sans doute pour une partie de la population allemande privilégiée à cette période, mais en allait-il de même pour la majorité du peuple allemand qui a pu se laisser endoctriner par cette idéologie ? Au vu de cette expérience allemande, le Comité National de la Résistance a ouvert un chantier sur la culture pour tous. La culture était censée faire reculer la barbarie chez l’homme. Des priorités de reconstruction du pays et une absence de volonté des gouvernants d’après-guerre, notamment, ne vont pas permettre la concrétisation du projet. Mais c’est grâce à un homme de la Résistance toutefois, André Malraux, que quelques années plus tard vont se créer sous la Présidence du Général de Gaulle, un Ministère de la culture et des Maisons de la Culture. Ensuite, en 1982, sous la Présidence de François Mitterrand, le Ministère de la Culture va prendre un nouvel essor et marquera l’histoire d’un certain nombre d’initiatives encore actuelles (Fête de la musique, Journées du patrimoine…) ; le budget du Ministère sera à cette époque multiplié par deux ! Aujourd’hui, parce que nous croyons toujours que la culture nous civilise et qu’elle fait reculer la barbarie, nous vous invitons à réfléchir sur le thème « culture pour tous, au-delà des apparences », que le film qui vient de vous être projeté : « Le hérisson », illustre de façon très intéressante.

Débat : G La culture, nous dit un dictionnaire philosophique : « permet à l’homme de s’élever au-dessus de sa condition initiale et d’accéder individuellement et collectivement à un état supérieur ». (Lalande). De fait, les habitants de l’immeuble de notre gardienne,  étant ou se considérant comme au sommet de la condition sociale, ne ressentent pas la nécessité de se cultiver, tant ils sont persuadés d’avoir la culture en cadeau bonus avec leur aisance matérielle. Que leur gardienne d’immeuble ait des références culturelles leur semble presque déplacé, incongru ; c’est une originale qui s’égare dans ce qui n’est pas de sa classe sociale. Il y aurait des domaines réservés, où chacun doit rester à sa place, dans sa catégorie. C’est à ce point ancré dans les esprits que la concierge elle-même, invitée au dîner de son voisin japonais, déclare : « Ma présence en ce lieu n’en signifie pas moins un monde auquel je n’appartiens pas », « Je suis la concierge, et puis je n’ai pas d’éducation,  je ne suis pas du même monde » Le film met en évidence cette conception acceptée par beaucoup qu’il y aurait des catégories sociales et culturelles avec des barrières, des frontières.  Il y a des personnes qui pensent que la culture vient d’en haut et qu’elle irrigue l’ensemble du pays, à moins que ce ne soit le contraire, qu’elle vienne du peuple : Molière jouait sur les places publiques, Balzac publia d’abord en feuilletons dans les journaux populaires, de grands peintres ont connu des jours maigres… De là bien des questions se posent. Y a-t-il plusieurs cultures : culture bourgeoise – culture populaire – culture de masse ? Et y a t-il une catégorie sociale qui définit la « culture », une norme culturelle? Et, « une » culture pour tous ne risque-t-elle pas de devenir produit de consommation, produit formaté, et donc abaisser globalement la culture ?

G Il y  a une culture de masse qui n’est pas du tout la même que celle de la concierge dans le film (laquelle se nourrit de lectures), c’est la culture médiatique, la culture people, et elle existe ; mais, là, parle-t-on encore de culture ? On a évoqué la culture et la barbarie, comment peuvent-elles coexister, la violence tue la culture, la culture est beaucoup dans la sensibilité.

G La culture, elle se vit. Pour elle, nous avons une vie entière, toute une vie pour qu’elle se réalise. Elle est culture pour tous, sauf quand elle se marginalise, qu’elle est le domaine d’une minorité pour qui elle n’existe que tant que les autres n’y accèdent pas ; dans ce cas, elle nous pose problème, alors que, quand elle va vers le général, elle s’ouvre au plus grand nombre et elle permet de nous faire accéder à diverses lectures qui nous ouvrent aux autres éléments de la culture. Aujourd’hui, comment porter jugement, évaluer, alors que sommes considérés  de plus en plus comme consommateurs de culture, alors que notre plaisir n’attend que des rencontres  avec des productions nouvelles. L’ouverture à la culture, l’accès aux œuvres est source de  joie et, à la fois, les  connaissances nouvelles nous aident à grandir.

G On dit « la culture », mais est-ce qu’elle n’est pas le résultat des différentes cultures et formes de culture. Il y a des gens passionnés de littérature qui s’intéressent aussi au cinéma, aux sciences, etc. La culture s’acquiert avec la passion, on y trouve intérêt, on cherche au maximum ; dans ces formes de cultures, chaque passionné cherche  sa propre voie.

G L’accès à la culture pour tous  est passé par des étapes. Au siècle dernier, ce fut le « Livre de poche », la culture de l’écrit à la portée du plus grand nombre ; ça a été un tollé dans la classe bourgeoise « intello », «  Comment ! Mettre les grandes œuvres dans les mains de tout le monde,  c’est dangereux ! » La culture comporte le risque d’être subversive, comme en 1968.

G La culture, ça peut être un moyen libérateur, moyen de sortir de sa condition sociale défavorisée. On voit apparaître dans les écoles, les universités un certain nombre d’élèves extrêmement motivés pour apprendre, afin de sortir de leur milieu social difficile ou pauvre. Si l’on vu des réactions avec la mise en place des livres de poche, on avait déjà eu cette situation avec l’impression et la diffusion de la Bible en langue vernaculaire. On a pensé alors  que c’était subversif, que les gens allaient comprendre ce qu’il y avait réellement dans ce livre et réaliser tout ce qu’on leur faisait « gober ».

G Pendant des siècles, la culture n’était pas pour les femmes. Les filles n’allaient pas à l’école, ou très peu ; on pensait qu’elles n’en avaient pas besoin.. Le  livre « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery (publié par Gallimard en 2006),  qui est à la base de ce film, est beaucoup plus riche en développements philosophiques, évidemment difficilement intégrables dans un film, mais l’essentiel a été conservé ou transposé. La concierge Renée fait tout pour que l’image qu’elle donne d’elle-même corresponde à l’image sociale cliché d’une gardienne. Sa passion pointue pour l’écrit et pour le cinéma, c’est son secret ; c’est un peu : « pour vivre heureux vivons cachés ». Pour elle, la culture doit être discrète, pas étalée. C’est grâce à cet étranger qui ne respecte pas les codes des autres habitants de l’immeuble qu’elle comprend que la culture peut être un partage, que ce n’est pas qu’un jardin secret, que ça peut s’enrichir du contact des autres.

G Est-ce qu’il y aurait une « haute culture » et une culture inférieure ? On a évoqué pour l’instant un seul pôle culturel, « l’écrit ». Si l’on est uniquement musicologue, est-ce qu’on a de la culture ? Ou bien, est-ce qu’« avoir de la culture » nécessite plus de connaissances générales ?

G La culture qui attire n’est pas forcement celle qui est destinée à devenir la référence culturelle la mieux partagée. Cela peut être très simple, chacun se fait son petit trésor culturel. C’est peut-être un peintre dont on ne parle pas, peut-être des romans qui n’ont pas de prix littéraire, peut-être des musiques ou chansons qui nous plaisent à nous, qui nous parlent à nous, parce qu’on y retrouve nos racines, ce qui quelque part nous a construit. La culture n’est pas une route obligée. La culture qui se voudrait « la culture de l’époque » est à l’opposé de la culture qui n’est que multiforme. C’est une réaction citoyenne de refuser tout diktat culturel. Nul ne doit se sentir exclu de la culture. Toute parcelle de savoir est parcelle de pouvoir. La culture nous  humanise, prépare à l’humanisme. Il n’y a pas si longtemps, les études, pour parfaire sa culture en secondaire, s’appelaient « faire ses humanités ».

G Poème de Florence Desvergnes :

Culture pour tous, au-delà des apparences

Hérisson sous un tas de feuilles
J’ai hiberné avec passion
Voyons quelle était la question
Estomaquer les chèvrefeuilles

Si la culture est une mille-feuille
J’ai pu soumettre à la question
Les souvenirs et les passions
Qui dépassaient du portefeuille

La culture est une couverture
Qui tient bien chaud aux entournures
Hors de l’écrit point de salut

Les idées sont cristallisées
En petits diamants irisés
Homère ? Mais il n’a jamais lu !

G La culture peut être parfois considérée par certains comme inutile, superflue.

G Témoignage (anecdote) : Chaque matin, en allant marcher au bord de la mer, je voyais un homme avec des feuillets à la main, lisant tout en marchant. Les gens du pays, avec qui il ne communiquait pas, pensaient qu’il était un simplet : « Il lit sûrement toujours la même feuille ; c’est un « bobo* », un idiot ! », disaient-ils. Puis, le hasard a voulu que je fasse connaissance avec cet homme, lequel avait en fait plusieurs doctorats, dont un en philosophie, ayant fait sa thèse sur Schopenhauer. Expliquant à une personne du pays qu’il était sûrement le plus cultivé de nous tous, cette personne me répond : « Mais non ! Si à cinquante ans il étudie encore, c’est bien la preuve que c’est un idiot ! » *(Idiot en espagnol)
Platon dit dans Le Banquet : « Les ignorants ne tendent pas davantage vers le savoir, ni ne désirent devenir savants. Mais c’est justement ce qu’il y a de fâcheux dans l’ignorance, alors que l’on est ni beau, ni bon, ni savant, on croit l’être suffisamment.»

G La culture, le savoir, cela peut être subversif et être interdit, comme ça l’était pour les esclaves; il ne fallait pas leur apprendre à lire et à écrire, car cela aurait pu leur donner l’idée de se révolter. Nous nous souvenons aussi comment les peuples ont été tenus dans l’ignorance, dans l’obscurantisme, au cours des siècles.

G La culture n’est pas un atout primordial dans le marché du travail. Aujourd’hui, il faut des compétences ; les grandes écoles font moins de place à la culture. Par exemple, l’histoire est menacée.
De plus, la culture peut être utilisée pour « créer la standardisation des comportements de consommation » (Bernard Steigler) et vendue comme un produit par une chaîne de télévision, ce qui va permettre de « vendre » en même temps « du temps de cerveau humain disponible » (Patrick Le Lay. TF1). En outre, est-ce que les moyens de la communication immédiate comme Internet ne défavorisent pas une demande de culture chez les plus jeunes ?

G On a évoqué : culture générale et culture spécifique. Comment apprécier la littérature, la peinture, la sculpture, …, si on n’a pas les références culturelles nécessaires ? Si l’on n’a pas lu Homère, Don Quichotte, quelques œuvres de Balzac, de Victor Hugo, … ? Etant enfant, on m’a fait connaître tout d’abord les fondamentaux littéraires, l’Iliade, l’Odyssée, la chanson de geste, …, ce qui peut dégoûter de lire. On voit aujourd’hui le peu de gens qui lisent. Devenu parent, j’ai préféré initier en faisant lire en périphérie d’abord, puis se rapprocher ensuite des fondamentaux. Si ce n’est pas toute la culture, c’est là dans ces écrits que se trouve le maximum de nos références culturelles et l’écrit embrasse presque tous les arts.

G On peut se méfier d’un certaine « boboïsation », c’est-à-dire une tendance étroite et sélective de la culture. Je verrais plutôt la culture comme un corpus. Est-ce qu’on peut dire que les hommes qui ont peint « Lascaux » n’étaient pas cultivés ? Depuis quand serions-nous cultivés ? La société de l’écriture est relativement récente dans l’histoire de l’humanité. On a parlé d’Homère, mais ça m’étonnerait qu’il ait su écrire ! C’était un « aède », c’était une société de l’oralité, donc à l’époque il y a des gens cultivés  qui n’écrivent pas. Il se peut que l’écrit ait réduit la culture d’une certaine façon, puisque dans l’oralité il faut beaucoup plus travailler sa mémoire.

G La culture est aussi responsabilité de tous, c’est déjà aux parents de donner le goût, l’envie  de connaître, et d’accompagner l’enseignement. C’est effectivement dommage que bien des gens pensent que la sphère économique n’en a pas besoin, cela est un danger !
Au niveau de notre ville, avec tous les élus, nous allons vers toutes les catégories sociales en leur offrant des accès à la culture, avec des projets variés pour tenter de développer une aspiration à découvrir. C’est le rôle de la sphère éducative pour tous ceux qui au niveau de la commune œuvrent dans cette voie. Lorsqu’on ouvre une médiathèque, qu’on donne l’accès gratuit à diverses activités culturelles, on voit venir des personnes qui ne prenaient pas ce chemin vers la culture, des personnes qui ne pensaient pas que c’était aussi pour eux. C’est l’exemple du chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus qui allait porter la musique vers les ouvriers dans les entreprises, leur faisant ainsi découvrir et aimer la musique classique.

G Pour moi, la culture, c’est le moyen de connaître, découvrir le monde, de connaître les autres par leurs cultures.

G On a dit que la culture favorisait la communication, mais, dans le film, la concierge s’enferme, s’isole dans son monde de livres.

G On a parlé de la médiathèque qui a vocation d’attirer tous les publics. C’est aussi la création de partenariats, avec la Maison du conte, avec les écoles, la petite enfance et tous les acteurs sociaux et culturels de la ville. Nous voyons chaque jour se côtoyer dans la médiathèque des étudiants, des personnes âgées, des chômeurs, … C’est un lieu de rencontre qui participe au « vivre ensemble » ; on est à la confluence du social, de l’éducatif, du culturel.

G Si la concierge du film a tous ces livres chez elle, c’est qu’une bibliothécaire les lui a recommandés, selon le livre à l’origine du film. Au départ, elle dit ne pas avoir beaucoup d’éducation ; c’est une autodidacte. Ce qui pose la question : peut-on acquérir la culture tout(e) seul(e) ? N’est-ce pas là où les passeurs, comme la médiathèque, sont indispensables ?

G On peut penser que la concierge est enfermée dans sa culture, mais elle est en même temps très ouverte au monde, aux autres. On a des indices dès les premières images en voyant comment elle est attentive à tout ce qui se passe autour d’elle. Elle s’intéresse au clochard du coin, elle détecte autre chose chez la petite fille, puis c’est avec cet étranger. La lecture c’est un dialogue avec le monde. En fait, elle jouait un rôle, « être la concierge », correspondre exactement à ce que les autres attendaient qu’elle soit.

G Ça fait trente ans que je travaille dans ce lieu, le théâtre André Malraux, et j’ai l’impression que je ne sais toujours pas répondre précisément à   » qu’est-ce que la culture pour tous ? »  . On a eu une grande utopie culturelle et maintenant, parfois, quand on regarde en arrière, qu’on mesure, comme le fait l’observatoire de la culture, on voit qu’il y a moins de gens qui fréquentent  les lieux de culture, à moins que cela ne se déplace vers le stade de France ! Il y a une chaîne culturelle qui est de l’ordre de la transmission ; si cette transmission est rompue, on peut avoir tous les outils du monde, il ne se passera rien. La culture, culture – transmission, est de l’ordre du « bouche à bouche » ; c’est du domaine de l’intime. S’il y a une rupture de transmission par la parole, rien ne passe plus. Ce qu’on essaie de faire en tant qu’acteurs culturels, c’est une modeste contribution pour réparer parfois quelques fractures. Si on n’apprend pas à un enfant la langue d’origine du pays de ses parents, il y a une rupture. On s’aperçoit que si, à six ans, les enfants n’ont pas déjà une belle oralité, il leur manquera quelque chose par la suite. La culture c’est aussi connaître son histoire, celle de sa famille, c’est un lien générationnel, une transmission si simple parfois.

G Dans le film, la rencontre entre la concierge et le nouvel habitant étranger se fait à partir d’une phrase qui leur fait se reconnaître dans leurs connaissances littéraires: – La concierge : « Toutes les familles heureuses se ressemblent. » – L’étranger : « Mais les familles malheureuses le sont chacune à leur façon » (citation tirée d’Anna Karénine de Léon Tolstoï). Est-ce qu’il n’est pas nécessaire d’avoir fait un certain nombre d’expériences douloureuses pour avoir vécu la culture comme une sortie d’expérience difficile, qui permet de trouver sa parole et sa propre relation à la culture édifiante. C’est le cas pour la concierge qui porte encore le traumatisme des malheurs de sa sœur aînée (ce qui n’est pas mentionné dans le film).

G Un coup d’œil vers le patrimoine culturel de la ville : Notre commune se préoccupe de la culture depuis 1866, où il y avait déjà un projet d’ouverture d’une bibliothèque, concrétisé en 1881. Ensuite, en 1902  s’ouvre une salle des fêtes, où notamment se produisent à l’occasion des chansonniers. En 1960 s’ouvre le centre social des Sorbiers, vite centre socioculturel, origine de l’actuelle Maison pour Tous. Le centre culturel André Malraux est ouvert en 1977, théâtre et cinéma, en même temps que le conservatoire de musique voisin (fondé en 1969 à une autre adresse). Puis, en 1999 ouvre « La Maison du conte » et enfin en 2007 la médiathèque Boris Vian.

G Témoignage : Dans un reportage à la télévision, j’ai vu une expérience commentée : Dans une famille de six enfants à Trappes, le père veut que ses enfants apprennent l’arabe. Le lycée du coin n’ayant alors pas de cours d’arabe, les trois aînés vont donc aller dans un autre lycée, un établissement éloigné ; confrontés à d’autres enfants d’un autre milieu social, ces enfants vont évoluer différemment dans leurs études que les trois cadets restés à Trappes ; seuls les trois aînés poursuivront leurs études et feront des études supérieures. Ce qui nous dit, nous rappelle, qu’il faut casser les barrières et vivre toutes les cultures avec leurs différences. Dans toutes ces rencontres d’activités pour la culture, avec ceux que j’ai rencontrés, j’ai toujours appris ; la culture est aussi « culture de tous » et, pour cela, toujours je les remercie.

Conclusion : Ce film nous montre que dans des situations qui ne sont pas forcément des plus enviables, socialement parlant, la culture peut être d’une aide incomparable. La concierge du film, de par toutes ses connaissances, voit les choses avec plus de détachement ; autrement dit, les évènements l’agressent bien moins. La culture serait alors un refuge : «L’art nous libère du poids de la vie…, c’est lui qui nous permet de vivre, qui nous stimule à vivre. L’art c’est le beau mensonge qui permet de supporter la vérité » (Nietzsche). On peut constater grâce à Internet (entre autres) que la culture partagée n’est pas l’apanage de quelques milieux comme les  associations, qui créent des cercles de poésie, de théâtre, de philosophie, des ateliers d’écriture. Des personnes que rien ne distingue a priori se trouvent avoir des petites richesses culturelles à partager, des personnes qui pourraient être le personnage du film, non pas « hérisson élégant », mais avec l’élégance de celui qui est riche de savoir et qui ne le laisse pas transparaître. A tous ces acteurs anonymes de la culture, nous nous associons à eux et nous les remercions, nous les encourageons. Nous gardons en mémoire cette phrase de Montaigne qui nous rappelle à la belle modestie du savoir : « L’ignorance qui était naturellement en nous, nous l’avons par longue étude, confirmée et avérée. Il est advenu aux gens véritablement savants ce qui advient aux épis de blé : ils vont s’élevant et se haussant, la tête droite et fière, tant qu’ils sont vides ; mais quand ils sont pleins et grossis de grain en leur maturité, ils commencent à s’humilier et à baisser les cornes. Pareillement les hommes… » (Essais : Livre 2. § XII)

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