Thème: « La communication est-elle possible? »

Restitution du débat- Café-philo de l’Haÿ-les-Roses
12janvier 2011
Macke.

Introduction : Texte de Lionel et Florence, présenté par Florence.
Nous allons communiquer aujourd’hui afin de discuter, émettre des opinions, argumenter, tout en laissant trottiner dans notre esprit une question fondamentale : « La communication est-elle possible ? ». Aujourd’hui, nous pouvons penser que nous sommes dans une situation paradoxale. Si nous abordons le premier niveau de compréhension pour aborder le deuxième, le paradoxe se dissipe. Ce peut être une interrogation fondamentale qui se pose à travers ce thème. Comment pouvons-nous communiquer en dépit des multiples obstacles à la communication ? Obstacles que nous devons donc dépasser en toute heure et en tout lieu.

Parmi les pièges de la communication nous en avons retenu six :
1°) : Les stéréotypes, (idées préconçues, toutes faites) – Les étiquetages, la polarisation.
Dans une situation de communication, nous avons tendance à sélectionner  les informations les plus évidentes, les plus faciles parmi celles qui nous parviennent, les plus communes également. Nous privilégions les traits les plus caractéristiques, nous faisons de l’étiquetage : « C’est un professeur! C’est un étudiant! C’est un garagiste !… Nous retenons les traits les plus extrêmes. Nous pensons aussi en termes d’opposition : bon – mauvais, bien – mal, amour – haine. Il en va ainsi lorsqu’on rencontre une nouvelle personne, nous avons tendance à assimiler et à réduire les traits de cette personne à des stéréotypes.
2°) Attitudes globalisantes et définitives.
Cette attitude consiste à parler en termes absolus et définitifs donnant l’impression de tout connaître : « je vais tout vous dire », « je sais de quoi je parle », « je suis bien placé pour en parler », etc., alors qu’il est impossible pour quelqu’un de tout connaître. Sauf moi ! (Rires !)
3°) Refus inconscient de ce que l’homme est un être en devenir.
Nous avons tendance à voir les êtres et les choses comme s’ils ne  changeaient jamais..
4°) Inférence. (Opération logique par laquelle on admet une proposition en vertu de sa liaison avec d’autres propositions tenues déjà pour vraies)
Ce sont les interprétations ou prolongements de la réalité que nous faisons à la suite d’une observation trop rapide ou confuse que nous faisons. Je rencontre un ami qui me serre la main trop rapidement à mon goût et ne répond à aucune de mes questions. Alors, j’interprète ce fait comme la marque d’une rancœur tenace, d’une colère subite, d’un service que je lui aurais refusé et dont je n’ai pas souvenir…
5°) Enoncés et jugements rapides : Ce sont des avis personnels, des jugements qui renvoient à notre échelle de valeur et non à celle des autres ; par exemple : « Il faut réduire les indemnités chômage, car les chômeurs sont des fainéants. », « Les habitants de cette région sont tellement radins qu’ils ont les doigts crochus. », « Les gens de tel pays sont têtus. », « Les filles de tel pays sont chaudes, c’est naturel avec le soleil qu’ils ont ! »…
6°) Nos croyances et obstacles liés à la langue : Nous avons tous nos croyances sur les choses, les personnes, croyances que nous cherchons à renforcer. Ces postulats peuvent être plus ou moins justes, car souvent ils ne reposent pas sur une base de réalité…
Toute transmission d’information subit des pertes, des déformations. Dans l’acception commune, le langage est un instrument au service de la pensée, mais il n’est pas toujours fidèle à mon intention ; les mots déforment notre pensée. Cette imperfection peut-elle être surmontée, est-elle sans remède? On dit qu’il faut se méfier des mots qui peuvent avoir des sens différents selon les contextes de référence. Des mots semblables par l’orthographe et qui n’ont pas le même sens, des mots dits avec une expression orale différente vont renvoyer à des champs sémantiques distincts. Alors, comment s’y reconnaître ? D’autant que linguistes et non linguistes écrivent que le langage a permis la pensée…
L’anthropologue Lévi-Strauss dit  qu’il n’y a pas de société sans communication. Les différents moyens de communication reposent sur le langage, la culture, la perception et la rétroaction (feed-back). La rétroaction indique que « les récepteurs » (vous) peuvent exercer une influence sur le message du locuteur (moi) sous forme de réponse, de questionnement. Nous mettons en commun nos informations et nos messages dans des mots dont  nous ne connaissons pas l’origine, car la langue et sa mise en œuvre, le langage, est une œuvre collective. La langue appartient à la société, c’est à chacun de l’intégrer et de s’y adapter tout en lui donnant une tournure personnelle. Alors se pose cette question essentielle : comment une communication peut-elle être possible si chacun s’approprie la langue à sa manière ?
L’idéal de la communication ne serait-il pas de parvenir à des formulations parfaitement transparentes et intelligibles à autrui ? Cet idéal est celui des organes de propagande, il ne peut être celui de la personne qui a besoin de faire expression d’elle-même et cherche à s’exprimer de façon verbale (et souvent à son insu de façon non verbale). La forme pronominale de ce verbe dévoile le sens de cette expression « s’exprimer », c’est-à-dire, aussi, ce qui m’est personnel, ce que j’ai d’original et d’impartageable. Les mots nous trahissent en ce sens aussi qu’ils en disent long sur nous-mêmes. Ces deux exigences : communiquer et s’exprimer, ne sont pas incompatibles, mais concurrentes. Votre présence le prouve, nos deux soucis communs, communiquer et s’exprimer, permettront sûrement au thème d’aujourd’hui d’être le terreau de belles discussions.
Débat : G La bonne communication demande un effort et les règles favorisent la communication. Ici, au café-philo, le fait de donner tour à tour la parole à chacun, de nommer un modérateur qui veille à cela, d’éviter de parler de nos croyances, tout cela facilite la communication et ceci malgré ce que nous dit Bernard  Werber : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même… »

G Ceux qui n’ont rien à dire ne sont pas obligés de le faire savoir, pourrait-on dire. Il faut dans la communication que l’émetteur sache respecter le récepteur, et qu’il ait quelque chose à émettre. Il devrait y avoir une déontologie de la communication pour garantir les conditions de la communication, capter l’attention du récepteur, articuler ou garder la qualité de l’écrit ou de l’image. Il faut aussi lier la communication à la qualité de l’information ou d’une émission, d’un sentiment ou de connaissances que l’on veut transmettre.
Il est mieux d’essayer de rester simple et sur la même longueur d’onde que le récepteur et de pas parler pour soi et pour se faire plaisir, mais pour établir une relation d’échange avec l’autre. D’où l’importance du dialogue ; chacun étant émetteur et récepteur à son tour.
On n’a jamais tant parlé de communication : la « comm », « l’info ». Mais la communication se contente de scoops et d’informations lapidaires négligeant le débat d’idées et la réflexion analytique des choses. Les différents modes de communication évoluent au fil du temps : parents/enfants ; école primaire, collège, lycée, université ; vie professionnelle ; médias, journaux, télévision, portable, Internet… et dans le domaine de la culture : cinéma, télévision, théâtre, musées, conférences, débats, sorties…
Mais comment communiquer sur des connaissances intellectuelles : en philosophie,  histoire, spiritualité, amour et sexualité. On manque parfois d’interlocuteurs pour communiquer sur certains sujets.
Il y a aussi une difficulté de la communication par la parole quand les mots manquent pour exprimer ce que l’on ressent, ce que l’on voit.
La communication se fait d’un émetteur à un récepteur, mais pas en face à face. Elle passe par un méta-niveau,  un miroir commun ou un tiers exclu, qui permet la communication, pour ce qui concerne la compréhension, le sens, l’esprit ; c’est une émission réfléchie par ce point extérieur à la relation émetteur/récepteur en face à face qui est toujours en pointillés.

G Souvent en philosophie, on va, dans une question, aller voir l’étymologie du mot-clé de la phrase. Et là, une fois de plus, que d’ajouts de sens, entre l’origine latine de communicare, « être en rapport avec, transmettre », et le verbe « communiquer » aujourd’hui. Bien sûr, il n’y avait pas alors, ni le télégraphe, ni la télévision, ni la radio, ni Google et le téléphone portable. Aujourd’hui, le sens le plus courant de communication part du schéma « émetteur » et « récepteur », d’un message qui peut être codé en fonction de catégories sociales, intellectuelles, et nous évoquerons bien sûr ces moyens de communication modernes prenant de plus de plus  une place importante. On communique de partout sur tous les modes, dans tous les domaines ; on est soumis à une hyper-communication, depuis l’enfance jusqu’aux loisirs, au travail, dans la rue…C’est la communication de masse jusqu’à l’overdose, comme ces entrées de ville de province, où le paysage disparaît derrière une forêt de panneaux publicitaires. C’est parfois une communication à sens unique, où il y a seulement un émetteur ; le retour est analysé comme on analyse les réactions de rats en laboratoire ; c’est l’étude du comportement qui définit les futurs messages que l’on va vous adresser.
La communication peut-être spontanée, chaleureuse, franche, sans autre intention que le partage, comme ici au café-philo. On n’y vient pas pour convaincre les autres, défendre une idéologie, une croyance, ni pour y faire du prosélytisme. Le premier souci de la communication dans ces débats et d’exprimer au mieux sa pensée, c’est-à-dire, comment transmettre ce que soi-même on comprend bien dans sa tête. C’est aussi un exercice de la conceptualisation d’une idée, un échange, où, contrairement aux moyens de communication des médias, on n’est pas uniquement récepteur. Il s’agit de renouer avec des traditions anciennes, de redonner du sens et, pour répondre à la question initiale, de prouver que bien sûr on peut encore communiquer et réhabiliter d’une certaine façon, par l’échange et le partage, ce terme de « communication ».
La communication est comme un chemin ou comme un pont établi entre les individus. Si des personnes font une mauvaise utilisation de ce pont, ce n’est pas le pont qu’il faut accuser, ou alors, c’est faire comme les personnes qui fustigent Internet, les réseaux sociaux, comme Face-book, ou Twitter. Rappelons-nous, il n’y pas si longtemps, les imprécations déjà contre le Minitel. Ce qui est paradoxal, c’est que le plus souvent les critiques viennent des gens qui ne connaissent pas ces moyens de communication. Autrement dit, le  réseau Internet n’est, une fois de plus, que le reflet de notre société, avec le pire et le meilleur. Néanmoins, il reste, si l’on est véritablement désireux d’en faire bon usage, un outil de communication d’une très grande utilité, qui n’exclut pas tout autre moyen de communication.

G La croyance bloque la communication, car alors on communique en faisant souvent les questions et les réponses. Il est vrai que la communication est un effort, et les règles de fonctionnement comme ici au café-philo facilite la communication pour tous. Le fait de nommer un modérateur, fait respecter les tours de parole, le fait d’éviter de parler de nos croyances, tout facilite la communication. D’autre part une formule de Bernard  Werber  montre tout de même l’ambigüité de la communication : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que voulez entendre, ou comprendre. Entre ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. Mais essayons quand même ! »

G On a de plus en plus de moyens de communication, mais est-ce que tous ces moyens de communication n’ont pas limité le fait de se parler les yeux dans les yeux ? Avant, les gens se retrouvaient pour discuter, partager… ; aujourd’hui, c’est le portable. Dans les familles, on se contente d’envoyer des photographies, des courriels ; on se retrouve de moins en moins.

G Le terme de communication est polysémique, mais tous les sens donnent la primauté au processus social. Pour moi, communiquer, c’est parler. Quand l’autre nous écoute, il y a beaucoup de « mais », de « pourquoi » de l’auditeur comme du récepteur. Il faut donc une volonté commune, il faut qu’on sente un certain respect. Si vous abordez une personne avec le désir de communiquer, cela ne se fera que difficilement si vous n’essayez pas de savoir qui elle est.
Qu’est-ce qu’on recherche dans la communication ? Parler, s’exprimer, entendre ? On a dit que les jugements faisaient partie de la communication. Je pense qu’un jugement est une chose trop personnelle et ne peut faire partie de la communication. On a dit que la communication demandait un effort, pour moi c’est d’abord un besoin. Le langage n’est pas le seul moyen de communiquer; j’ai le souvenir lors d’un décès, d’une simple main posée sur mon épaule, laquelle me communiquait plein de choses…
Quand on s’adresse pour la première fois à une personne, on ne sait pas quelle réaction elle peut avoir. Il faut d’abord apprendre à connaître l’autre pour établir le lien propre à la communication.
Nous avons tant de sens pour ce mot, communiquer; depuis la communication, entre, et vers la société, les médias, l’entreprise, dans le couple, jusqu’à la communication avec soi, qu’on ne peut tout aborder en une fois.

G Dans le débat de philosophie, une personne qui se déclare en désaccord avec une idée émise, c’est le début d’un échange. A partir d’opinions ou d’approches différentes, la communication prend de l’intérêt.

G Pour le moins, cela prouve que la personne en désaccord à écouté !

G [Témoignage] Dans mon activité professionnelle, j’ai eu une expérience de communicateur technique, c’est-à-dire chargé d’établir ou de traduire la documentation d’utilisation des matériels. Nous avons tous l’expérience de notices qui ne nous disent rien, ne nous aident en rien. La notice est parfois la traduction d’une langue et partait déjà d’une traduction faite par les chinois… C’est au communicateur de décider si c’est lui qui fait le gros boulot ou si c’est l’utilisateur. En fait, il faut expliquer la moindre opération, même si cela parait superflu à certains, il faut arriver à se mettre dans la peau de l’utilisateur. Celui qui ne comprend pas la notice, souvent n’ose pas le dire, il a peur de paraître idiot. Ceci nous rappelle que pour communiquer, il doit y avoir souci de l’autre.

G Si d’une part on regrette que des personnes ne communiquent plus qu’avec le portable, par courriels, et qu’ils n’éprouvent plus le même besoin de se rencontrer, on doit d’autre part mettre en valeur le fait qu’avec ces moyens de communication, comme avec Internet, on ne peut plus, sans que cela se sache immédiatement, lapider une femme, tuer des journalistes…

G Communiquer, c’est nécessaire et exigeant, mais ça nous dévoile, ça nous implique, c’est choisir, refuser ou accepter certaines choses. La communication n’est jamais neutre. La communication, avec le temps, a créé un besoin d’information, ce qui a créé les journalistes, lesquels journalistes devraient être neutres. Mais ça n’existe pas la neutralité, ou alors on se ment à soi-même. L’essentiel de la communication est de maintenir la parole entre les humains, sans entendre cette expression horrible, « il faut se mettre au niveau », ce qui laisse entendre que certains ne seraient pas à la hauteur du propos, du débat…

G Le respect et l’acceptation de l’autre avec sa différence sont indispensables à la communication. Le regard, le non-regard aussi. La non-communication, c’est parfois le problème des adolescents avec leurs parents. Quant au jugement que l’on peut ou ne peut pas émettre dans la communication, je pense qu’on peut et qu’on doit parfois donner son jugement. Je pense aux jugements sur des évènements de la dernière guerre : fallait-il se taire ? Il faut que nos propos nous révèlent et nous engagent.

G La communication est parfois devenue une addiction, comme cela arrive avec le portable, où des personnes communiquent pour toute chose. Vous avez sûrement vu des personnes dans les magasins, qui font les rayons en discutant au téléphone avec leur mari ou leur femme pour le choix des produits ; sitôt que ces personnes se retrouvent,  parfois elles n’ont plus rien à se dire. Lorsque je prends le métro, je vois un nombre important de personnes qui tapotent sur leur portable, qui envoient et reçoivent des « textos »; on communique sur n’importe quoi, on détaille sa vie, on met sa vie en scène, on expose les menus incidents de sa vie ; faible compensation peut-être d’une vie qui manque de sens. Tout cela fini par donner un contenu très superficiel et, de fait, cela nuit à une véritable communication.
Au passage, j’en profite pour dire que je préfère pour communiquer par messagerie, envoyer des « courriels », plutôt que des « e-mails », des « mails ». Tant qu’à faire, autant communiquer à partir de notre langue française.

G [Témoignage] Pour apprendre un métier, j’ai fait des stages dans de nombreuses entreprises, dans des usines de 200 à 500 personnes, en passant par tous les services et j’ai constaté que les gens ne connaissaient pas le travail des autres dans la même entreprise. Quelques années plus tard, j’ai pu mettre en place en entreprise de la « communication interne ». Les personnes étaient reçues par groupe dans des services où chacun expliquait son travail. J’ai entendu plusieurs participants me dire : Je suis depuis des années dans cette entreprise et je viens seulement de comprendre pour quelle raison on me demandait de faire telle ou telle chose. Cette communication a amélioré et l’ambiance et tout le fonctionnement. Cette communication interne a fait école, même si certains dirigeants ont pensé que c’était de la démagogie. Ce qui nous rappelle les liens de la communication avec la qualité de relation ou avec le pouvoir.

G [Autre témoignage] Assistante sociale à l’hôpital, j’ai pu constater des modèles très différents de communication, d’une part entre les gestionnaires et les personnels :  communication qui ne parle que de résultats financiers, ou d’autre part entre les médecins et l’équipe soignante : communication pour parler des malades. J’ai fini par être de celles qui avaient le plus de communication avec les familles.
Par ailleurs, je communique mieux par l’écrit que de vive voix. C’est la lecture et l’écriture qui sont mes moyens de communication préférés. Quand j’écris, j’ai le temps de choisir le mot exact, d’être précise et bien comprise ; les écrits restent. Au téléphone, les mots ne font que passer.

G Dans notre société, on privilégie une communication allant de celui qui sait vers celui qui ne sait pas ; c’est aussi ce qu’on appelle le besoin d’enseigner. Je serais plutôt partisan du droit d’interroger, c’est un modèle chinois : « Enseignez-moi ». Chez nous français, on ne doit jamais avouer qu’on ne sait pas, ce qui restreint la communication.

G Je pense qu’on peut communiquer sans avoir quelque chose d’important à dire. Le rôle de la communication, c’est aussi de mettre en relation, d’établir un lien ; c’est aussi le rôle de la poésie.

G Le poème de Florence :

Je suis venue hier des rêves plein la tête
Avec mes gros sabots et des mots bien choisis
J’attendais des bravos, j’ai pris des œufs moisis
Tu te prends pour qui toi, avec ta grosse tête !

Des mots comme un gourdin, des mots comme un casse-tête
J’ai traduit en martien mes idées cramoisies
J’ai rangé mes projets, j’ai caché mes fusils
Pour la révolution repasse plus tard p’tite tête !

Je ne vous dirai pas tous les vieux épithètes
Qui m’ont couru après bavant de jalousie
J’ai déconstruit les mots salés d’hypocrisie
C’est affaire de décor, poser la bonne en-tête

J’ai mis quelques rubans, noués comme un serre-tête
J’ai enrobé les mots, de miel et d’ambroisie
Et j’ai cherché le la de l’idiosyncrasie
J’ai fait la galipette et j’ai lavé les têtes

Comme un chef d’orchestre j’ai saisi ma baguette
Je magnétise, j’hypnotise et puis j’amnésie !
Avec fantaisie j’envoie mon hérésie
Et la foule est debout, et la foule à tue-tête

La renommée a pris sa plus belle trompette
Un nuage de fumée, un brin de poésie
Un peu de flatterie, un rien de courtoisie
Y a pas d’entourloupette, allongez les pépettes

G A la fois, on est saturé de communication, et j’ai quand même l’impression qu’il y a d’énormes et de pesantes solitudes. C’est parfois le cas de personnes âgées, qui n’ont pas accès aux nouveaux moyens de communication ; elles sont oubliées avec le risque de désocialisation ; elles ont besoin de communiquer, même si c’est pour parler de la pluie et du beau temps, rencontrer son voisin, bavarder un peu.

G On a évoqué l’écriture comme mode de communication, de même qu’on a évoqué ce besoin essentiel que nous avons de communiquer ; ainsi, parfois, devant l’impossibilité de communiquer son ressenti, il y a cet exutoire qu’est le journal intime.
Une personne qui travaillait dans la « comm » écrivait : « Quand j’étais de bonne humeur, je comparais mon activité professionnelle à celle d’un embaumeur. On me confiait un monceau de mensonges décomposés qu’il s’agissait de rendre présentables. Au terme d’un douloureux patchwork, d’approximations, de contre-vérités et de phrases absolument dépourvues de sens. Le grand art consistait à préserver l’apparence de la réalité, tout en la vidant de son contenu, pour la bourrer de foi ; ce qui exigeait à la fois une technique de boucher et d’un toucher de maquilleur. A force de pratiquer, j’étais parvenue à une forme d’excellence, de sincérité, d’élégance vulgaire ». (Marie Desplechin. Sans moi, roman, Edition de l’Olivier, 1998)

G Et comme en conclusion [par quelqu’un qui n’a pas résisté au jeu de mots final] : A la question : « La communication est-elle possible ? », je réponds : Oui, bien sûr, mais sous réserve qu’on respecte les règles ; ce qui nous renvoie à l’étymologie « commun », mise en commun ; si on enlève cela, dans communiquer, il ne nous reste que « niquer » !
[Rires]

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Le débat est raccourci pour partager la traditionnelle galette des rois. La communication continue…

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2 réponses à Thème: « La communication est-elle possible? »

  1. Guy louis dit :

    Le problème commence lorsque la métaphysique
    veut se posotionner avant la science
    tel les créationnismes, les doctrinaires religieux…

  2. NGUYEN dit :

    La communication est possible et souhaitable malgré les écueils que sont dans l’ordre, l’émetteur qui n’arrive pas à percevoir autre chose que sa réalité qu’il croyait être LA réalité, ensuite on doit caser cette réalité dans un emballage, un paquet, une langue (je m’exprime différemment en anglais qu’en français, en italien ou en vietnamien; je m’exprime différemment en écrit qu’en parler) destiné à envoyer vers le destinataire. Ce dernier, malgré ses efforts pour rester objectif, est influencé par ses humeurs, ses études, son milieu, ses ancêtres, sa famille, ses croyances, son époque, etc… et n’arrive pas à décoder de façon neutre le message entendu ou lu.
    Malgré cela nous devons communiquer pour (sur)vivre ensemble.

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