Thème: Voir, est-ce apprendre autrement?

Restitution du débat – Café-philo de l’Haÿ-les-Roses.
11 janvier 2012

La liberté guidant le peuple. Eugène Delacroix. 1830. Musée du Louvre. Paris

Introduction par Guy Philippon : « La beauté est dans les yeux de celui qui regarde », dit Oscar Wilde, mais, nous dit Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ». Donner à voir : peut-on donner quelque chose sans déposséder les autres ? « Voir », nous dit Paul Eluard, « c’est comprendre, juger, transformer, imaginer, oublier et s’oublier, être ou disparaître ».
Alors, bien sûr, entre voir, avoir vu, entrevoir, découvrir, passer du doute à la lumière, il y a quelque chose d’important, c’est autrui. C’est une adresse à soi, comme à autrui. « Autrui », nous dit Gilles Deleuze, «  n’est ni un sujet qui me perçoit, ni un objet dans le champ de ma perception, mais une structure du champ perceptif sans laquelle le monde objectif, fondé sur la multiplicité des points de vue possibles, ne pourrait pas s’organiser.» Et Michel Tournier nous disait : « Grand Dieu, quelqu’un », « Contre l’illusion d’optique, le mirage, l’hallucination, le rêve éveillé, le fantasme, le délire, le trouble de l’audition… le rempart le plus sûr, c’est notre frère, notre voisin, notre ami ou notre ennemi, mais quelqu’un… » ; ou encore, Pierre Reverdy : « On ne peut plus dormir tranquille, quand on a une fois ouvert les yeux ».
Les poètes aussi sont particulièrement touchés par la vision. Les poètes doivent être la grande étude du philosophe qui veut connaître l’homme. Et si on veut connaître l’homme, il faut s’interroger sur ce qu’il entend, ce qu’il apprend, et ce qu’il voit. Mais que voit-il ? Paul Valéry qui s’interrogeait sur le sens, disait : « Tant qu’il y aura des hommes qui sentiront, il s’en trouvera parmi eux  qui ne pourront pas se refuser un tel amour ; c’est-à-dire accorder à l’artiste la confiance qu’il demande en échange de l’amour qu’il donne dans chacune de ses œuvres. Qu’y a-t-il de plus admirable que le passage de l’arbitraire au nécessaire qui est l’axe souverain de l’artiste, où quelqu’un a un besoin qui peut être aussi fort et préoccupant que le besoin de faire l’amour le pousse. Rien de plus que l’extrême volonté, l’extrême sensibilité, la science, la véritable, celle que nous avons faite pour nous…Elle crée  le goût de vivre, le temps d’apercevoir, et aussi la joie d’aimer sans mesure »
« L’œil de la pensée ne commence à avoir un regard plus pénétrant, hélas, que lorsque la vision des yeux commence à perdre de son acuité. » (Platon). En comprenant que si rien ne dure pour toujours, finalement apprendre à voir, c’est nous aider à voir ce qu’il y a d’éternel dans ce que nous vivons, et nous permet d’entendre au-dessus du bruit de l’époque, avec ses « tout se vaut, et « chacun ses valeurs ». Toute valeur vise l’éternel. La philosophie ne donne rien, ce n’est pas un cadeau, elle ne se donne pas à un dîner du 25 décembre. La philosophie ne donne pas d’abord du sens, elle donne d’abord du sens critique. Et ce qu’on ne doit pas publier, si l’on veut voir et apprendre, c’est que le propre de l’homme, c’est sa perfectibilité.

 

Débat : G « Il faut écouter ce que disent  les yeux. »

G On sait les différences qu’il y a entre la perception par la vue en tant que sens et tirer l’enseignement de ce que l’on voit, d’une part, et, d’autre part, le sens abstrait de voir, qui est se figurer avec les visions de l’imaginaire et les représentations intérieures. Cela ne relève plus de la sensation, mais de l’élaboration de la perception. Et je pense à un œil célèbre, celui qui « était dans la tombe et regardait Caïn » (Victor Hugo), l’œil qui représente la conscience, ou la culpabilité possible, ce regard sur soi à partir d’une transgression.

G Une jeune femme devenue aveugle après 30 ans avait conservé la mémoire visuelle. Visitant Venise avec des amis elle leur demandait de décrire ce qu’ils voyaient. Alors ils décrivent ce qu’ils voient. « Mais ! », dit la jeune femme aveugle, « vous ne parlez pas de la lumière, des contrastes, de la perspective… » Grace aux explications et aux détails qu’ils vont donner, ces derniers très vite se rendent compte qu’ils voient mieux, qu’ils détaillent mieux ce qu’ils voient, et que leur plaisir en est augmenté, ils voient autrement, presque enfin « pour de bon ». C’est là voir pour apprendre et apprendre pour voir. Déjà Jules renard nous disait : « Les aveugles nous apprennent à voir ».
Ainsi de la parole, du questionnement philosophique, comme le questionnement de Socrate (la maïeutique). Pour expliquer aux autres, il nous faut faire toute la lumière dans notre esprit, concevoir, construire notre propos, et ainsi, en expliquant le plus clairement possible pour les autres, je m’explique encore mieux pour moi-même ; c’est apprendre à voir plus clair en soi. « On doit apprendre à voir, on doit avoir à penser, on doit apprendre à parler et à écrire : le but en ces trois choses est une culture noble – Apprendre à voir – habituer l’œil au calme, à la patience, au laisser-venir-à-soi : différer le jugement, apprendre à faire le tour du cas particulier et à le saisir de tous les côtés. Telle est la première préparation à la vie de l’esprit : ne pas réagir d’ensemble à une excitation… » (Nietzsche. Crépuscule des idoles)
Nous savons que pour faire comprendre, pour marquer les esprits, l’image vient souvent à notre secours. Pour cela, nous utilisons des images/symboles, des métaphores. Les métaphores nous donnent à voir, pour mieux fixer la pensée, les messages, l’idée générale de ce qu’on veut faire comprendre. Pour Jung, « un mot ou une image sont symboliques lorsqu’ils impliquent quelque chose de plus que leur sens évident et immédiat. Ce mot ou cette image ont un aspect « inconscient » plus vaste, qui n’est jamais défini avec précision, ni pleinement expliqué ».
De tout temps l’image a primé dans notre apprentissage. Avant les premiers alphabets, la transmission écrite utilise l’idéogramme pour donner à voir, à comprendre, et même mémoriser par l’image. Toujours les hommes ont utilisé l’image pour raconter, pour donner cette nourriture de l’imaginaire, image qui va sublimer le concept. Nous mettons si souvent des images sur des personnages que ne connaissons pas, et nous nous souvenons des idées avec leurs images. Les textes fondateurs, que ce soit Homère ou la Bible, les contes et légendes, les romans classiques, etc.,  véhiculent plein d’images : c’est tout notre magasin de textes et images. Si je pense à L’Odyssée, je vois, par exemple, Ulysse attaché au mât du navire pour ne pas céder au chant des sirènes ; si j’entends le mot avare, se superpose au mot l’image de la fourmi de la fable. Si je perdais la mémoire des images, la plus grande partie de ma mémoire s’effacerait et j’aurais désappris.

G J’ai une pensée pour tous les aveugles, dont ceux qui ne voient pas de naissance. Est-ce qu’ils sont mis en dehors de la connaissance? Apprendre et comprendre, ce n’est pas que par la vison ; d’autres sens permettent de saisir, de comprendre, concevoir et apprendre. La vision, qu’elle soit du cœur ou de l’esprit, est partie prenante dans les connaissances, même avec ses limites.

G A chaque fois qu’un sens fait défaut, d’autres sens se développent pour sentir, apprendre autrement, comme pour compenser. L’aveugle dira au sourd : Tu vois les belles filles, mais tu n’entends pas comme moi la musique classique, que j’entends même mieux que les « voyants ».

G Est-ce que l’expression « ouvrir les yeux » n’est pas un principe de la philosophie,vitesse de la lumière comme prendre conscience de quelque chose ?

G Nous savons que, compte tenu de la vitesse de la lumière, nous voyons des étoiles qui sont peut-être mortes depuis des milliers d’années. Si d’une ces étoiles « habitée » on pouvait observer la terre, les images que ses habitants recevraient pourraient éventuellement, suivant la qualité de définition, montrer les hommes de Cro-Magnon. « Voir » s’inscrit dans cette dimension espace/temps. C’est le vieux rêve des hommes : voir dans le futur, comme voir dans le passé.

G Voir et apprendre autrement demande attention et empathie, et du ressenti. Je pense à des images chocs qu’on peut voir à la télévision, comme montrer un accident de voiture dû à une forte consommation d’alcool ; cela marque beaucoup plus les jeunes esprits que n’importe quel discours. Même celui qui ne veut pas imaginer les risques voit ces images ; elles restent et il prend conscience du risque. Toujours dans ces images chocs données à voir, celles d’enfants faméliques qui meurent de faim, nous marquent plus que n’importe quel commentaire.

G L’œil est la chambre noire au fond de laquelle les faisceaux lumineux projettent les accidents du monde extérieur en permanence. Et on le reçoit souvent avec beaucoup de difficulté. Parfois on détourne les yeux, c’est-à-dire qu’on ne veut pas voir, on pratique l’art d’éviter.  A partir du regard l’image est transmise au cerveau qui interprète. Mais le regard est plus que la vision optique, il donne aussi priorité à certains éléments. C’est aussi le rayon introspectif qui sonde l’espace du dedans et en explore les profondeurs. Quand on regarde, on regarde avec un intérêt, avec une intention.
Dans ce 21ème siècle, on assiste à une prolifération d’images et cela a souvent pour conséquence de chasser l’information, le texte. Les plus jeunes regardent beaucoup et lisent peu ; de ce fait, ils ne découvrent que peu par eux-mêmes. L’image télévisuelle dévalorise souvent le regard ; elle affaiblit l’attention. On parcourt très vite, en ne marquant pas d’arrêt sur l’image. Cela ressemble assez au tourisme de groupe : on va, au plus, d’un point du monde à un autre point du monde, sans jamais voir ce qu’il y a entre les deux. C’est, là aussi, voir le plus possible dans le moins de temps possible.

G Si nous mettons plusieurs personnes devant la même scène, le même objet, nous aurons des interprétations bien différentes. Ceci en fonction de l’histoire de chacun. Donc, toute vision est subjective ; il n’y a pas pure innocence dans le regard, comme il n’y a pas pure vérité, pas de vision pure. Il y a toujours un filtre, celui de la subjectivité liée à nos connaissances. Et cela suscite des émotions diverses, des jugements divers.
Par ailleurs, on a tous eu cette expérience : à un âge donné, on a vu quelque chose et l’on a alors ressenti une émotion qui a laissé une forte empreinte. Vous revoyez la même chose 20 ans ou 30 ans plus tard, et tout est différent. Donc des éléments subjectifs interviennent. Autrement dit : voir, oui, mais avec quelles lunettes ?

G Nous débattons pour l’instant plus sur « voir et comprendre » que « voir  et apprendre ». « Rien de notre intelligence qui ne soit passé par nos sens », dit Aristote ; c’est par les sens qu’on appréhende ce monde. Pour ce qui est d’apprendre, c’est complètement différent, c’est quelque chose qu’on doit amener à soi, approcher de soi, s’approprier,  avec le même suffixe « ap » que dans apprendre.

G Apprendre autrement, oui ! Mais autrement que quoi ? Apprendre quoi ? Ou alors voir,  c’est apprendre ? Les neurologues se sont aperçus que voir et faire mettent en jeu les mêmes neurones.

G La mémoire, comme nous l’avons dit, est structurée par un certain nombre d’images. Et cela m’amène à penser à ceux qui sont des visionnaires, qui voient au-delà de ce que voient les autres, et de là peuvent faire des prévisions à long terme. La vision, aussi bien du présent, que du passé, ou de l’avenir, fait partie intégrante de notre façon de fonctionner. Et je voudrais ajouter cette phrase de la chanson de Jean-Jacques Goldman Il me restera : « Quand on vit fort, on vit sans mémoire, mais elle prend des photos sans qu’on sache; ce sont des images flashes qui restent en mémoire.

G On ne peut croire tout ce qu’on voit ! Et qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce qu’on me donne à voir ? Le regard et son interprétation peuvent être orientés, voire faire l’objet de manipulations ; et là on apprend ce qu’on a voulu qu’on apprenne. Vers 1960, un hiver très rude à Paris, on ramasse un SDF mort de froid dans la rue, des clochards font la queue pour recevoir des repas, des photos sont faites. Ces photos vont se retrouver dans le journal « La Pravda » en Tchécoslovaquie, qui titre : « Les habitants du monde capitaliste meurent de froid et de faim, déjà trente morts à Paris… » ; un ami qui vivait là-bas à cette époque, me disait que malgré la dureté du régime, nous pensions que nous avions de la chance. Il a fallu qu’un mur tombe pour qu’on apprenne et qu’on voie autrement.

G Pour tenter de comprendre et d’apprendre, il faut observer, savoir observer. Il y a différentes façons d’observer, déjà il faut le vouloir, il faut un minimum de curiosité, et se dire que peut-être il y a autre chose derrière ce que je vois, de ce qui m’apparaît immédiatement. Dans cette observation, il y a celle qui consiste à se contenter de constater les faits, ou celle qui résulte de l’expérience, et là on intervient d’une manière active sur quelque chose qu’on peut modifier soi-même. C’est, par exemple, Newton, qui constate la chute d’une pomme, et il ne se demande pas comment elle tombe, mais pourquoi : ce sera la loi de la pesanteur.
Nous connaissons également l’observation provoquée, comme l’évoque Claude Bernard, qui est faite pour vérifier une hypothèse. Il y a donc, observer pour constater, et observer pour chercher à comprendre le pourquoi et le comment.

G Nous avons beaucoup parlé de voir, mais apprendre mérite qu’on se pose la question : apprendre quoi, et comment ? Cela va au-delà des définitions scolaires. Pour la philosophie, c’est, peut-être, apprendre la vie.

G Si on met des œillères aux individus dès l’enfance, ils apprendront sans chercher à voir plus loin que l’enseignement reçu : on n’apprend pas à voir autrement dans les madrasas (écoles coraniques)  où les enfants sont enfermés dans une pensée unique.

G Grâce au regard de l’artiste et par son intermédiaire, nous voyons ce monde sous ses différents aspects, leurs yeux nous apprennent ce monde. Nous retrouvons là un thème philosophique, le regard différencié : « Vous avez certainement admiré ces paysages chinois dans lesquels l’on aperçoit quelque part un personnage de dimension minuscule. Pour l’amateur occidental dont l’œil est habitué à regarder des œuvres où les sujets sont représentés au premier plan, reléguant ainsi le paysage à l’arrière plan, ce personnage est complètement perdu, noyé dans le grand tout. Ce n’est pas ainsi que l’esprit chinois appréhende la chose. Le personnage dans le paysage est toujours judicieusement situé ; il est en train de contempler le paysage, de jouer de la cithare, ou de converser avec un ami. Mais au bout d’un moment, si l’on s’attarde sur lui, on ne manque pas de se mettre à sa place, et l’on se rend compte qu’il est le point pivot autour duquel le paysage s’organise et tourne. Mieux, c’est lui l’œil éveillé et le cœur battant du paysage. […] Cette nature n’est plus une entité inerte et passive. Si l’homme la regarde, elle le regarde aussi. » (François Cheng. Cinq méditations sur la beauté)

G Il y a le regard de l’artiste et le regard de celui qui voit l’œuvre ; comment regarde-t- on ? Le sujet, l’équilibre, les couleurs, les formes, la technique, l’émotion, les impressions transmises, le contexte historique, l’école de peinture, la fidélité de la représentation… Il y a trente-six-mille façons de regarder une œuvre d’art et il faut regarder les choses sous plusieurs angles différents pour mieux les appréhender. Et là, est-ce qu’il suffit de voir pour apprendre ? Je ne pense pas, sinon, je serais moins nulle en peinture.

G On ne peut pas voir comme l’artiste ; il appréhende le monde autrement, avec sa propre subjectivité.

G Depuis des années que je fais le même métier, je n’ai pas le sentiment d’avoir appris beaucoup, mais j’ai appris beaucoup sur la nature humaine. Dans ma tête, j’habite chez les « Bisounours » et donc souvent « je suis tombée de l’armoire ».

G « De la vue naissent mille désirs, c’est dans l’œil, dit-on, que la gloutonnerie a son principe. » (Abu Shakoun)
G « Voir, c’est croire, mais sentir, c’est être sûr ». (Marquis de Sade)

Le poème de Florence :       Voir est-ce apprendre autrement ?

Quelles sont ces leçons qui sifflent sur ma tête ?
Des mots qui s’entrechoquent et des mots qui s’entêtent
Apprendre sans comprendre au bout du désespoir
Moi j’ai le cerveau lent, feignant, imperméable
Mon cœur ne connaît pas ce par cœur détestable
Le tableau effacé, je vais à l’abattoir

Et je me suis cachée dans la bibliothèque
Les livres ont pris sur mon esprit une hypothèque
J’ai oublié ma vie dans leurs bras de papier
Rien ne comptait plus que leur douce anesthésie
Je n’étais plus moi, je cultivais l’amnésie
Et j’apprenais sans savoir, sans chausse pied

Alors j’ai parcouru quelques vies parallèles
Où les consolations de mes amies virtuelles
Etouffaient le remord des devoirs en retard
Et des zéros légers comme des bulles amères
Qui faisaient pétiller les carnets éphémères
Où le « pourrait mieux faire » était un avatar

Un alibi commode au pied des échafauds
Où l’on conduit les cancres, comme un vol de gerfauts
Qui passent et qui redoublent au gré des circonstances
Une réforme après le brevet est donnée
Si tu passes en seconde on veut bien pardonner
Tes lacunes immenses et tes faibles compétences

J’ai passé la seconde et me suis évadée
Loin d’un destin tracé, d’une vie galvaudée
J’ai regardé le monde comme un grand livre ouvert
J’ai appris en marchant, j’ai appris en tombant
J’ai appris à me taire, alors j’étais au ban
De la grande maison, j’étais à découvert

G Il y a au musée d’Orsay une galerie de peintures avec « les œuvres symboliques », où l’on trouve, entre autres, Nicolas Poussin. Chaque tableau raconte dans ses plus petits détails une histoire connue. Si l’on n’est pas averti, on passe devant sans rien remarquer. Si l’on connaît un peu les œuvres, on y découvre à chaque fois un détail qui raconte quelque chose de plus. On conjugue alors apprendre à voir et voir pour apprendre. « Apprendre à voir, c’est le plus long apprentissage de tous les arts. » (Edmond et Jules Goncourt). Et là, concernant, les œuvres citées, force de reconnaître que pour voir, il faut déjà avoir un peu appris.

G C’est aussi ce qui fait la différence entre avoir un véritable ami que l’on peut rencontrer et voir réellement, et avoir d’innombrables amis virtuels, comme avec Internet, que l’on ne verra jamais. On a besoin de relations humaines véritables pour vivre, de « voir » ses amis pour mieux les comprendre.

G Nous avons de multiples perceptions/sensations qui nous informent, nous apprennent, et deviennent informations perçues par le regard : « Nous passons de la perception sensation aux impressions, puis aux pensées, puis aux idées. » (Hume).
On connaît l’exemple de « la tour vue de loin qui paraissait ronde » et qui, à « y regarder de plus près » était en fait, carrée.  Pour peu qu’on y réfléchisse, nous voyons que, devant les multiples façons de voir un seul « objet », suivant « l’éclairage », le contexte, la source, nous sommes en carence de perceptions/sensations. Carence de compréhension, puisque nombreuses sont celles auxquelles on n’aurait pas pensé, et qui en vérité, « nous ouvriraient les yeux ». C’est ce que résume bien le philosophe Condillac dans son œuvre Traité des sensations : « Nous n’avons pas toutes les idées que nos sensations renferment, nous n’avons que celles que nous y savons remarquer ».
Le débat philosophique, c’est, en regard de ce que les autres ont remarqué, ouvrir les yeux sur d’autres perceptions qui peuvent nous faire sortir d’un point de vue partiel et peut-être partial, et qui va nous nous interpeller.

Œuvres citées :
Cinq méditations sur la beauté. François Cheng. Livre de poche 2008.
Crépuscule des idoles. Nietzsche. Livre de poche. 2002.

 

 

 

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