Thème : : « L’imagination peut-elle contribuer au bonheur ? »
Essai de restitution du café philo de Chevilly-Larue
24 octobre 2001
Modérateur : Thérèse Neau Introduction du thème : Muriel Desmet
Animateur : Olivier Pascault
Étant donné la complexité de notre débat sur le thème “ l’imagination peut-elle contribuer au bonheur de l’homme ? ” complexité, à définir ce qu’est l’imagination et l’imaginaire, nous vous proposons les définitions exactes de ces deux mots, ainsi qu’un résumé des Éditions Atlas (Philo facile) afin de nous éclairer sur les différentes confusions qui ont pu être données lors de notre dernier café philo. Vous pouvez également vous référer au livret “ que sais-je ” (L’imagination de Jean-Jacques Wunenburger).
Imagination :
1-Faculté de se représenter par l’esprit des objets ou des faits irréels ou jamais perçus, de restituer à la mémoire des perceptions ou des expériences antérieures. (Avoir l’imagination vive).
2- Faculté d’inventer, de créer, de concevoir. (Artiste qui a beaucoup d’imagination).
3- Litt. Chose imaginaire ; construction plus ou moins chimérique de l’esprit. (C’est une pure imagination)
Imaginaire :
1- Domaine de l’imagination, des choses créées par l’imagination.
2-Psychan. Catégorie de l’ensemble ”symbolique /imaginaire/réel ”, introduite par J. Lacan, qui reflète le désir dans l’image que le sujet a de lui-même.
L’imagination peut-elle contribuer au bonheur de l’homme ?
Oui : L’esprit qui imagine s’ouvre sur une réalité nouvelle, qui lui procure bien-être et plénitude.
Non : L’imagination peut être trompeuse. En abusant l’homme, elle peut contribuer à faire son malheur.
Oui : Si l’on définit le bonheur comme un état d’âme qui ne connaît ni souffrance, ni inquiétude, ni frustration, alors on peut dire que l’imagination contribue au bonheur de l’homme en tant qu’elle crée un monde dans lequel l’esprit est heureux.
L’imagination est l’essence même du psychisme humain.
Le grand analyste de l’imagination, Gaston Bachelard (1884-1962) montre que l’imagination est une puissance qui, plus que toute autre, plus que la puissance de la raison, de la volonté, du désir, “ spécifie le psychisme humain ”. Elle est, dit-il, “ l’expérience même de l’ouverture, l’expérience même de la nouveauté. ”
(L’Air et les songes), Grâce à elle, l’esprit s’ouvre sur un monde qui, bien qu’étant nouveau, ne lui est pas étranger. Au contraire, l’imagination est ce par quoi l’esprit crée un univers qui lui appartient en propre. Imaginer n’est pas fuir la réalité ; c’est au contraire le bonheur de la retrouver.
L’imagination contribue au bonheur de l’homme parce qu’elle lui permet d’exprimer ce qu’il y a en lui de plus vivant et de plus profond.
Non : L’imagination, bien loin de contribuer au bonheur de l’homme, est cette faculté de l’esprit qui trompe la raison, l’égare, la pousse à commettre des actions malheureuses, à désirer ce qui n’est pas.
L’imagination ne peut être que trompeuse. Selon Pascal, l’imagination est « maîtresse d’erreur et de fausseté. Elle est l’ennemi de la raison. Son domaine est celui de l’illusion ».
Comment puis-je, dès lors, trouver la satisfaction et le bonheur si ce que je tiens pour vrai n’est que le pur produit de mon imagination, si je ne suis plus maître de ma raison, de mes sens, de ma volonté ?
L’imagination fait le malheur de l’homme dès l’instant où elle trouble son jugement, où elle le conduit à désirer des objets irréels, à croire en des choses impossibles.
Débat : Quelques notes reprises suite au débat
– L’imagination est fantastique. Les gens qui se contentent de rêver peuvent être loin de l’imagination.
– L’imagination fait le malheur de l’homme.
– Je ne pensais pas que l’imagination pouvait être négative. Si l’imaginaire ne traduit pas quelque chose de créatif, il devient irréel et inutile.
– On ne construit qu’en imaginant et l’imagination c’est la faculté d’inventer des objets par la pensée.
– On peut se donner le droit de rêver. Mais cela peut être également dangereux lorsqu’on perd le sens de la réalité.
– L’imaginaire et l’imagination ne sont pas la même chose. L’imaginaire étant un des éléments de la réalité serait plutôt source de bonheur que l’imagination.
– La frontière entre imaginaire et imagination n’est pas aussi nette. La réalité, c’est aussi l’imaginaire des hommes. L’imagination est plus consciente et plus volontaire.
– Quelques exemples sont cités : La couturière qui imagine ce qu’elle va réaliser. Le peintre devant sa toile qui projette son imagination.
– Peut-on imaginer une vie sans imagination ? Pouvoir imaginer sa vie est très important.
– De la personnalité de chacun, face à une œuvre (sculpture, tableau etc.), se dégagent des émotions, des sentiments. C’est ce qui nourri notre imagination.
– L’enfant, au travers de ses lectures, ses jeux, à la faculté de s’inventer un monde imaginaire.
– Henri Laborie est cité : Dans nouvelle grille : Un homme privé de rêves 3 à 4 fois par jour, meurt.
– Le film, “Sous le sable” avec Charlotte Rampling, est également cité. (Jean disparaît mystérieusement. Marie refuse d’admettre qu’elle a perdu l’homme de sa vie) Dans ce film, elle refuse la réalité. Son imaginaire la rend-elle heureuse ou malheureuse ?
Conclusion: L’imagination a longtemps été déconsidérée par les philosophes. Loin de pouvoir contribuer au bonheur des hommes, elle ne pouvait que les conduire à l’erreur, à la déraison, à la folie. Bien que définie comme “ puissance qu’a l’âme de former des images ” (Malebranche), elle se confondait bien souvent avec l’opinion fausse, l’illusion des sens, voire même l’hallucination. Voilà qui explique, en partie tout du moins, pourquoi les philosophes de l’époque classique, Descartes, Malebranche, ont parlé de l’imagination avec un certain dédain. Le XXè siècle va renverser les conceptions classiques. Premièrement, l’imagination ne se confond plus avec l’opinion fausse, les sensations trompeuses, certains troubles mentaux. Elle est l’imagination créatrice et s’exprime essentiellement à travers l’art. Deuxièmement, elle apparaît comme condition de la libération de l’homme. Sartre voit en elle l’expression d’une liberté fondamentale. En ce sens, elle ne peut que contribuer au bonheur de l’homme.
Bonsoir, je suis brésilienne et je viens de finir une formation en art-thérapie. Je suis en train de faire mon mémoire dont le titre est « Le Merveilleux ». Est-ce que vous avez un texte d’un cas clinique où le merveilleux a agi de manière positive sur le patient? Pour le « Merveilleux » je veux dire cet état où votre imaginaire de liberte de souffrances physiques..
Merci.
Cordialement,
Zília Nazarian
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