La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain?

La ronde

Matisse. La ronde. 1909. Musée de l’Ermitage, Saint Pétersbourg

Restitution du débat du Café-philo (en visioconférence) de Chevilly-Larue, le 2 juin 2021

Animation : Thibaut Simone, Edith Perstunski-Deléage, philosophe, Pascal de Oliveira, Guy Pannetier.

Introduction : Thibaut

Introduction : Ce sujet : « La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ? » a été donné cette année au baccalauréat dans la section scientifique.
D’un côté, on a la pluralité des cultures qui renvoie à la diversité humaine, diversité des époques, des mentalités, des coutumes, des lois, des arts, des façons de vivre, et, d’un autre côté, se pose aussi la question de l’unité du genre humain, lequel unissant l’homme comme un tout harmonieux. J’ai choisi ce sujet, bien que je n’aime pas les dichotomies, les oppositions, tel, nature/culture. La pluralité et une unité, je trouve que c’est beaucoup plus compatible ; et c’est peut-être par esprit de contradiction que j’ai choisi ce sujet.

 

 Débat : ⇒   Dans un premier temps je répondrais spontanément à la question, non !  En aucun cas elle ne fait obstacle à l’unité du genre humain, ne le menace, bien au contraire elle le protège.
Je m’explique.  Déjà, en dehors des dictionnaires chacun met dans ce mot culture ce qu’il y entend, au sens social, d’appartenance, d’héritage, au sens philosophique, voire au sens spirituel. C’est socialement l’ensemble  des relations, des valeurs, d’un héritage, d’Histoire, de récits, de patrimoine artistique ; tout ce qui unit, réunit les individus au sein d’un même groupe.
Et je confirme, non ! Elle ne fait ni obstacle, ni ne le menace, mais elle garantit à l’individu sa spécificité, elle garantit son identité constructive.
Autrement dit : Ce sont justement : la diversité, la richesse et la différence de nos propres cultures, qui est garante du genre humain.
Dans la seconde moitié du 18ème siècle, le mot culture nous vient de l’allemand « kultur », qui comprend l’écrit, la poésie, la langue, la musique, tous les arts propres à un peuple, sa mémoire, depuis ses origines. Elle est en ce sens un lien social et elle est aussi un lien identitaire ; on va rapprocher ce terme « kultur » (avec un « k ») du mot « civilisation ».
Les Français lui donneront un sens plus large, qui, sans exclure le patrimoine national, va l’élargir à l’ensemble des richesses culturelles, jusqu’à un patrimoine virtuel sans frontières.
Je ne suis pas universaliste, du moins, pas en ce qui concerne la culture. Chaque jour des langues disparaissent,  avec, hélas, un patrimoine culturel, même s’il n’est que celui d’un petit groupe. La culture n’a de réelle existence que si elle est l’héritage d’un peuple, d’une ethnie.
La fusion, l’amalgame des cultures en une seule culture, culture de masse, culture  entonnoir me paraît plutôt être de nature à déshumaniser ce monde.
Nulle culture ne se crée ex nihilo, sauf à ce que nous voyions émerger une culture Google.
S’opposer à une culture de masse, ce n’est pas pour autant s’enfermer à double tour dans sa propre culture, comme l’exprime si bien Gandhi : « Je ne veux pas que ma maison soit entourée de murs, ni que mes fenêtres soient calfeutrées. Je veux pouvoir sentir le souffle des cultures du monde entier. Mais je ne veux pas être dévoré par une bourrasque culturelle, d’où qu’elle vienne».

 La semaine dernière, dans l’émission «  Les chemins de la philosophie » (sur France culture) le sujet était : « La nature est-elle une illusion ? », et a un moment donné il a été question, de ce qu’il y avait de naturel en l’homme ; et un intervenant a dit : « Les hommes font a peu près tous la même, chose, mais ils le font différemment ». Quand on examine une culture, il y a toujours a peu près les mêmes choses: il y a les cérémonies liées aux naissances, le mariage, le deuil, les cérémonies accompagnant la mort, enterrement, crémations, etc.
Et donc, en fait, c’est ça que je trouve intéressant ; on sait que ce genre de culture existe aussi chez certains singes, mais en fait, c’est très différent et à la fois pareil. C’est ce qui fait qu’on peut aller partout dans le monde ; on va avoir des repères, et si vous êtes là depuis suffisamment longtemps : ah bien ! tu viens, il y a un mariage !  Après, le mariage peut être très différent. Il y a des mariages dans la plupart des cultures du monde.
Donc, je ne crois pas du tout que la pluralité des cultures soit un obstacle à la pluralité du genre humain, puisqu’en fait, cette pluralité, je ne dirais pas qu’elle n’est qu’apparente, parce que malgré tout les différences sont significatives. Ce n’est pas juste un décorum qui est différent, mais en même temps où qu’on aille on est accueilli, et bien, malgré tout, on se sent à sa place.
Donc c’est vrai, qu’après cette question de la culture universelle, je pense aussi que, en fait, ce qui caractérise l’humain, c’est qu’il peut avoir plusieurs cultures. On connaît ça par exemple, quand on a des origines différentes, quand on est transclasse. Depuis sa culture d’origine petit à  petit on acquiert la culture d’une autre classe.
Donc j’aime cette idée d’avoir plusieurs cultures. Je vais prendre un exemple qui me touche. Moi, j’aime le foot, et je peux aller dans n’importe quel café, et discuter de foot avec plein de gens. Par ailleurs, j’aime la philo, ça va me permettre d’établir des relations avec d’autres personnes ; et à chaque fois, il s’agit de cultures différentes. Parce que, quand je parle de foot, je n’utilise pas du tout le même langage. Donc à une autre culture, une autre façon de parler.
Je pense que la pluralité des cultures on l’a déjà en soi, et après, elle s’étend au monde entier.

⇒  Dans l’introduction était posée cette question : qu’est-ce que l’humanité ? Si elle est particulière ? Ou si elle est universelle ? Et il a été répondu, que l’humanité est « plusieurs », et que, en ce sens, il y a effectivement plusieurs cultures en soi, en chacun de nous, et autour de nous.
Donc, la pluralité des cultures n’est pas contradictoire avec l’unité de la nature humaine, de l’espèce humaine.
La première intervention est plutôt un vœu. Le vœu que les cultures soient un patrimoine divers et « sans fenêtre » comme l’a dit Gandhi. Et donc les trois premières interventions font réponse à cette question en disant : que non, la pluralité des cultures ne menace pas le genre humain. Or ce sujet, qui a été donné au bac cette année, me semble d’une actualité brûlante, brûlante au sens où l’on se brûle les ailes, et où, se brûlent les voix, où se brûlent les mots.
Ok pour le genre humain, mais c’est quoi le genre humain ? Le genre, c’est un ensemble de traits communs, des êtres, des objets. Donc, vous êtes tous sur le fait, que tous les hommes ont des traits communs.
Ensuite, qu’est-ce qu’on entend par culture ? Hannah Arendt dans « La crise de la culture », dit : «  Nous entendons par culture, le mode de relation de l’homme avec les choses du monde » le mot culture dérive du latin « colère »  qui signifie, cultiver, prendre soin, entretenir, préserver.
Donc, le mot renvoie primitivement au commerce de l’homme avec la nature, au sens d’entretien avec la nature, en vue de la rendre propre à l’habitation humaine.
Donc, la culture c’est en vue d’un monde commun, et puis dans « La condition de l’homme moderne », Hannah Arendt ajoute : « Notre siècle a transformé totalement le statut de l’homme, celui-ci est désormais un membre dans un ensemble qui le dépasse, et dont il ne peut s’échapper. Il vit dans un monde où la technique prend de plus en plus d’importance, et où, le politique s’impose sans possibilité d’écart, ou de fuite ; la politique de la barbarie, de la sauvagerie »
   Autrement dit : Hannah Arendt nous dit : faites attention!  « Si la culture c’est en vue d’un monde commun, aujourd’hui au 21 ème siècle, dominé par la technique et le politique, qui va vers le totalitarisme, et bien, le problème est posé ». La pluralité des cultures menace-t-elle le genre humain ? Elle pose la question ; comment l’éviter ? Comment éviter cette menace ? Comment éviter les dérapages ? Comment faire pour que la culture soit à la hauteur de ce qu’elle est ? c’est à dire en vue d’un monde commun.
Et je me situe dans cette problématique, en disant que, objectivement aujourd’hui, en 2021, je vis cela. Des cultures menacent de dérapage le genre humain, vers la violence aveugle, vers la barbarie, la sauvagerie. Et je peux faire des références : un article de Simone Schwartz Bart à l’occasion de la journée de la célébration de l’esclavage, (écrivaine de 82 ans, épouse d’André Schwartz Bart) qui écrit : « Epouser quelqu’un hors de sa culture, ça décille votre regard ». Elle écrit dans ce sens avec son mari dans cet élan de : comment mettre en place une culture qui n’esclavage pas, qui ne barbarise pas le genre humain ?
Elle a écrit avec son mari : « La mulâtresse solitude » où elle explique que : « …le flagrant problème de cette deuxième moitié de 20ème siècle, c’est la symbiose des races et des religions. Le problème du métissage se pose avec la résurrection de la négritude, de la résurrection de la judéité, et de l’arabité. Je suis sûre que cette symbiose est nécessaire à la civilisation universelle. Heureusement que ce monde a un but, une fin. Un jour les étoiles refroidiront, l’obscurité même ne sera plus, il n’y aura plus personne pour se souvenir de cette planète, tout sera effacé. Tout sera innocent comme avant la création, tout comme si rien n’avait été ».
   Mais quand nous avons écrit cet ouvrage : « La mulâtresse négritude », les Antillais ont prétendu qu’un homme blanc, mon mari, ne pouvait honnêtement écrire sur les noirs. Des intellectuels, proches des indépendantistes, dénonçaient que le livre de résistance à l’esclavage soit écrit par un juif. ….André en a été meurtri et moi je me suis sentie trahie par les miens. On avait affaire à des rapetisseurs de têtes, des cuiseurs de cervelles ; alors, que mon mari et moi, on visait l’universel » ….
   Donc, la pluralité des cultures ne menace pas le genre humain, à condition, qu’il n’y ait pas cette pluralité des violences identitaires.

⇒  C’est que ça dépend par ce qu’on entend par, menacer le genre humain, et, d’universel. Pour l’exemple, une anecdote : ma fille habite à Aubagne, c’est la ville de Marcel Pagnol, il  y a un musée Marcel Pagnol, et donc, en fait, dans ce musée, il y a forcément un petit documentaire, et à un moment donné, il y a quelqu’un qui dit : « Tous les films de Pagnol  se déroulent dans un périmètre de 10 kms autour d’Aubagne, et c’est, parce que Pagnol a parlé de ce petit coin de Provence, que ses romans, ses films, sont devenus universels ».
En fait, l’universel, c’est peut-être pas ce qui serait partagé par tout le monde,  mais quelque chose de très spécifique dans lequel le monde entier peut se reconnaître. Alors que si on essaie de faire un être humain universel, comme, l’horloge de Verlaine,  son : « gosier de métal parle toutes les langues » et bien, là, on parle de personne en fait, et personne ne se reconnaît dans quelque chose qui serait totalement international.

⇒  Je partage le fait qu’avoir plusieurs cultures est une richesse. Par exemple, lorsque je me retrouve avec des amis espagnols (en Espagne) et que je peux plaisanter avec eux, voire, faire des jeux de mots, prendre des références culturelles qui leur sont propres, il se crée un lien différent, il y a quelque chose qui passe.
Par ailleurs, quant à l’universel, inévitablement dans bien des cultures il y a des évolutions, celles-ci connaissent des migrations, ce qui peut être enrichissement culturel.
Quant à une menace, comme évoqué dans le titre du thème du débat, nous voyons une culture qui se sent menacée par la culture occidentale, par son mode de vie. Et nombreux sont des habitants du Moyen-Orient qui ne veulent pas voir leur culture (dans lequel le religieux occupe une place prédominante), être supplantée ; cela peut parfois prendre la forme d’un choc des cultures.

⇒  Le partage des cultures est une richesse, encore faut-il qu’il y ait volonté politique, et là, nous voyons comme l’Europe s’est montée inopérante quant au partage à l’intérieur de la Communauté européenne. Nous ne connaissons pas le théâtre italien, la littérature espagnole, Etc…  Il n’y a pas cette promotion qui pourrait créer du lien entre les peuples. Et que je défende les cultures, ou la culture de mon pays, c’est la même démarche humaniste.

⇒ J’ai l’impression que la notion de culture nationale ou de culture partagée devient de plus en plus floue dans nos pays occidentaux ; c’est-à-dire que chacun picore dans les cultures, en fait. Si par exemple, on aime le jazz, c’est pas vraiment de la culture française. Ou encore on va aimer la cuisine japonaise, ou on va aimer le cinéma espagnol ; je me demande si il n’y a pas une sorte d’éclatement des cultures ?

⇒  Je me posais la question par ce qu’on entend par, unité du genre humain ? De quel genre parle t-on ?  En biologie c’est un groupe taxonomique, le genre homme, le genre homo, espèce sapiens. Pour les biologistes les espèces n’existent pas en tant que telles dans la nature puisque nous avons un flux généalogique continu. Les espèces ne sont que des régularités transitoires ; et la définition biologique de l’espèce, c’est une fonction, il s’agit d’individus qui sont interféconds entre eux.
Et se pose la question : le genre humain a-t-il toujours existé ? Si nous pouvions nous transporter à, il y a, 50.000 ans, il y avait plusieurs humanités. Le genre humain n’a pas toujours été, « un ». Des espèces humaines, une seule a perduré, homo sapiens, et durant toute cette évolution, la sélection naturelle a inscrit sur nos cordes biologiques, et il y a des choses que certaines populations savent faire, et que ne savent pas faire d’autres populations.
Et toutes ces variations, se retrouvent au niveau biologique, au niveau culturel, au niveau politique, même si il y a des structures qui se répètent, ce qui rend les choses complexes. C’est pour ça que je n’aime pas trop les dichotomies : unité/diversité, nature/culture. Dans la nature il y a beaucoup plus un continuum que des cases artificielles que nous créons parce qu’il faut bien communiquer. Autrement dit, c’est le langage qui vient bloquer le réel, et si nous voulons communiquer entre nous, nous attribuons des catégories aux choses, alors que le monde est beaucoup plus nuancé que cela. Il y a 50.000 ans l’humanité était réellement plurielle, ce qui est un peu moins le cas aujourd’hui, même si la diversité a pris d’autres chemins.

⇒  Je veux revenir sur ce qu’on entend par, universel.  Quand j’entends dire que l’universel ce n’est pas l’homme abstrait, c’est le particulier, où chacun se reconnaît, effectivement. J’ai écouté la même émission sur Pagnol, et j’ai apprécié que cet écrivain ait parlé de sa région, de son village. Il faut peut-être entendre, non pas que de sa région, car cela finit par concerner un homme ou une femme, qui habite à Jérusalem, ou en Tunisie. Et c’est ça l’universel.
Donc en ce sens je ne suis pas d’accord sur le fait que l’universel, sera l’international. Ce n’est pas ce que dit Simone Schwartz Bart. Elle dit, évoquant l’esclavage aux USA qu’il y a de l’universel qui a été déshumanisé. Et donc, les idéologies identitaires, celles de ceux qui affirment leur identité contre d’autres identités, ce ne sont pas des idéologies qui veulent l’universel.
Ensuite, moi aussi j’ai plusieurs cultures, d’autres identités, mais je ne me réfugie pas dans une seule culture que j’affirmerais supérieure à une autre culture.
Puis je ne pense pas qu’on picore dans : la cuisine japonaise, la chanson Klezzmer, les poèmes de Garcia Lorca, ou, les romans de Marcel Pagnol. Là ce n’est pas que picorer dans diverses cultures. La culture c’est (en regard de son étymologie) « prendre soin de ce qui met en relation avec le monde » (Hannah Arendt).
Et je rejoins l’idée, que l’humanité, les cultures, sont plurielles, et que, si l’évolution, elle, va vers une unification culturelle, elle est contradictoire avec la multiplicité des humanités. Je donnerai cet exemple donné par Patrick Chamoiseau dans la préface du livre « Jazz suprême » (de Raphaël Imbert) : « …les cultures se métissent, se créolisent, et ce qui caractérise justement le jazz, la spiritualité jazz, c’est cette volonté, désir chez certains jazzmen de créolisation, de métissage, et non pas d’unification »

⇒  La culture participe fortement à l’individuation et, pour cela, nous devons toujours avoir présent à l’esprit que la culture peut aussi être utilisée comme moyen politique.
Ainsi, en Europe, nous avons accepté, au milieu du siècle précédent, un formatage, une emprise commerciale sur notre culture cinématographique. L’Europe qui s’est ensuite construite n’a rien fait, bien au contraire, pour valoriser ses propres cultures, celles des différentes Nations qui la composent.
Il y a là un déficit de lien culturel et social. Que connaissons-nous réellement du cinéma allemand ou espagnol, des différentes musiques européennes qui ne sont pas tombées dans le bouillon anglo-américain ?
Faire régresser des cultures au profit d’une culture de masse, vouloir effacer la richesse des différences, aller vers une culture entonnoir, une culture de consommation, cela ne crée pas réellement du lien culturel ; nous sommes plus près parfois de l’aliénation.
Nombreux sont ceux qui pensent que la globalisation à laquelle on assiste,  présente le risque majeur de génocide culturel.

⇒  J’ai découvert, même auprès de moi, ce phénomène d’éclatement. Mes enfants commandent des plats différents, ils mangent ensemble, mais pas la même cuisine. Ce phénomène d’éclatement, ce n’est plus une culture propre, comme chez Pagnol où tout le monde mange la même cuisine. Ce n’est ni imiter ou diversifier, c’est l’éclatement. C’est-à-dire qu’il n’y a plus vraiment de culture française. Un jour, un sondage nous apprenait que le plat préféré des français, c’est le couscous. Aujourd’hui cela a peut-être évolué.
Donc il devient difficile de définir une culture au sens traditionnel puisqu’en fait, chacun aime, n’aime pas.
Ce serait universel au cas où les Français et les Japonais auraient les goûts communs, par exemple, la pizza.

⇒  Vouloir une société humaniste, tolérante est un vœu pieux, même si cela a été souligné, chez les plus jeunes, il a cette espèce de picorage, on prend un peu de ceci, un peu de cela, et, est-ce que c’est vraiment de la culture.
Je pense que les êtres humains parce qu’ils sont différents se tiennent aussi à distance, comme les hérissons dans l’exemple donné par Schopenhauer ; texte réaliste, même si on voudrait que les êtres humains s’entendent au-delà  de leurs différences sociales, religieuses.

⇒  Oui, bien sûr, l’individualisme est un frein pour cette unité, puis nos désaccords peuvent provenir de repli sur soi. Repli de plus en plus sur les traditions, les revendications, les ressentiments, avec les mouvements décolonialisés, les indigènes de la République, avec la culture woke, tout cela de façon exacerbée. Nous sommes en train de nous autodétruire, de détruire la culture. Il serait bien plus important de s’engager réellement quand au réchauffement climatique, qui menace toutes les civilisations, là où tout le genre humain est concerné. On a fait quelques progrès au niveau des droits humains, un grand pas pour l’universalité du genre humain, et je ne vois pas comment la menace d’autodestruction totale ne serait pas  le moyen d’unifier davantage.

⇒  De tous les temps il y a eu imprégnations étrangères. Souvent mêmes les occupants ont adopté des éléments culturels du pays occupé. Le plus bel exemple est Rome, Rome qui avait conquis tout le Moyen orient dont la Grèce.  Au final, c’est la culture grecque qui aura colonisé Rome. Et tout le monde occidental conserve en grande partie ce lien d’une culture  originelle. Elle y a cette part unifiante à partir de quoi se sont développées des cultures propres.

⇒  Je reviens sur le sens du mot quand on parle de culture, dont j’ai déjà dit que c’était cultiver sa relation à l’autre, aux autres, au monde. Je crois que dans l’humanité des arts, et là je reviens sur la préface du livre sur les jazz (déjà cité) il est dit que « loin de l’universel, le jazz a un principe diversiel ». C’est-à-dire que le jazz c’est cette expérience musicale d’improvisation sur la base des blessures des esclaves noirs, et d’autres blessures…
Donc, il ne s’agit pas d’universalité abstraite. Il s’agit justement de recueillir ce qui est propre à ceux qui ont été blessés, mais pas pour autant, de valoriser chacun sa blessure, et chacun sa culture.
Le problème reste, quel agir ? Que pouvons-nous faire si l’on admet que la pluralité des cultures identitaires menace l’unité du genre humain ?
Et je reviens sur cette culture, ou plus précisément courant woke importé des États-Unis qui prône l’éveil (les militants éveillés) en faveur de la protection des minorités. Ce mouvement propose de démasquer les coupables, de déconstruire les stéréotypes et les alibis des dominants, de réveiller leurs pulsions au nom des souffrances qui ont été infligées à des individus, et a blessé leur identité.

⇒  Sous couvert de défendre des minorité, le courant woke, c’est en réalité, je pense, une idéologie totalitaire extrêmement dangereuse pour l’unité du genre humain.

⇒  Ce monde risque de devenir un archipel.

⇒  On peut aimer la culture française sans en faire une identité au sens exclusif, au sens de nationalisme. Toute approche identitaire est une instrumentalisation à des fins politiques qui divise au lieu d’unifier.

⇒ Je reviens sur ce mot « éclatement » des cultures. Je me disais à la réflexion qu’il y a peut-être quelque chose qui va nous faire revenir à un concept de plus en plus régional, c’est la lutte contre le réchauffement climatique qui devrait limiter le déplacement des produits.

⇒  Je rejoins ce qui a  été dit, que l’essence même du genre humain c’est la diversité des cultures, celle qui nous met le plus en relation avec les autres, une pluralité enrichissante.
J’ai toutefois noté cette idée d’un éclatement de la  culture française. Nous voyons qu’elle décline, qu’elle n’est plus ce qu’elle était.

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Une réponse à La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain?

  1. Le mot “philosophie” signifie “amour de la sagesse”, mais ce que les philosophes aiment par-dessus tout c’est de raisonner. Ils élaborent des théories et invoquent des raisons au support de celles-ci, ils prennent acte des objections et essaient de les parer, ils construisent des arguments à l’encontre de théories opposées… Même les philosophes qui affirment les limites de la raison mettent de l’avant des raisons au support de leurs propositions et notent les difficultés des propositions adverses.
    Robert Nozick

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