L’intuition est-elle une forme de compréhension ?

Thème “  L’intuition est-elle une forme de compréhension ?

Essai de restitution du café philo de Chevilly-Larue.
mercredi 27 novembre 2002

Modérateur : Guy  Pannetier                                                     
Animateur : Guy Philippon
Introduction au débat : Guy  Perez

Introduction : L’intuition c’est la capacité à anticiper les événements. Les idées viennent des sens. Il n’y a pas besoin d’expérience. L’intuition, c’est une révélation soudaine et les femmes en possèdent plus que les hommes.  Croire à l’intuition est nécessaire vers la connaissance globale.

Le modérateur prolonge en indiquant que le mot « intuition » vient du latin « intuor » (voir). Voir est justement la différence avec les idées ayant déjà fait l’objet de réflexions, d’analyses, d’idées dites « discursives » par opposition à la connaissance dite « intuitive ». L’intuition, nous dit Bergson, « est une connaissance immédiate et irrationnelle ». Il poursuit, en posant trois questions : Doit-on croire aux intuitions ? L’intuition est-elle une part du processus cognitif ? La foi religieuse est-elle une forme d’intuition ?

Débat :      – Cité en exemple, la mort d’un proche qui n’a pas été une surprise  car je l’avait ressentie au moment où elle s’est produite. Est-ce une intuition ou une prémonition ?
– L’intuition comprend des aspects de prémonition et de connaissance globale. Fait vécu personnellement en Afrique, un père après eu des nouvelles tant attendues depuis de longs mois, de son fils, a dit au prêtre « je vais me confesser et vous me bénirez ensuite. Je pourrais ainsi mourir », et dire : « Papa est mort aussitôt après ».
En matière de création artistique,  je suis passé par le Japon pour comprendre. « On s’endort avec un problème et on se réveille avec une ébauche de solution »
– Pendant notre sommeil, notre cerveau continue à travailler.
– Toutes nos connaissances, transmises, enseignées, acquises, enregistrées à notre insu, forment le programme qui nous donnera une connaissance immédiate. Si analyse il y a, c’est une analyse inconsciente.
-L’intuition, est une forme ramassée de la compréhension. Il ne faut pas confondre avec le pressentiment subjectif qui est vague. Si on a la qualité de percevoir, l’intuition s’inscrit dans la connaissance. « C’est l’image de l’accordéon replié ».
– Les chercheurs et les inventeurs sont inspirés de traits de génie. Il faut l’analyser.
– L’intuition peut être fausse ou trompeuse, dit le modérateur, car notre esprit est formé des strates de croyances et de connaissances héritées. « C’est parce que c’était culturellement inconcevable que les juifs allemands, polonais, n’ont pu soupçonner qu’ils seraient traités comme du bétail atteint de la fièvre aphteuse » (Philippe Bataille – Millénium)
– Notre société rationnelle, refuse l’idée de la connaissance instructive, l’idée que nous possédions à l’origine, le 6ème sens. Notre mental veut des preuves. Des techniques orientales de concentration, de méditation permettent de faire totalement le vide dans le cerveau, d’évacuer toute démarche discursive, pour faire émerger l’intuition …
– Toute compréhension, suppose une subjectivité dépassable globalement. Elle peut être contestable. Proposer une signification, c’est proposer une solution qui donne place à l’erreur, à la faute.
– L’intuition, c’est la compréhension globale avec ses conséquences,
– Il faut se méfier d’une intuition, cela peut être un pari qui  peut conduire à une catastrophe.
– L’intuition c’est de savoir écouter sa vérité intérieure. Si on parvient à faire la synthèse des événements et à en extraire quelque chose de concret, l’esprit et le corps  vont ensemble.
– Le 6ème sens contient sa part d’intuition. Ce n’est pas une forme de compréhension. Il y a d’autres cultures du subconscient, cultures orientales ou autres.
« Des faits difficiles à comprendre, on refuse de les comprendre » déclaration de Primo Lévi concernant le nazisme.  Alors peut-on comprendre l’existence d’un  homme ?
– Comment peut-on comprendre des faits criminels ?
Analyser ces phénomènes implique d’essayer de comprendre.
– Au sujet des sentiments et de la sensibilité, Aristote parle « d’animal raisonnable et de pulsions » et Pascal « du cœur par delà la raison ».  Cette sensibilité élève notre conscience vers la transcendance.  Les sens et la raison donnent à percer et à  voir. C’est le cœur des choses.
– Pour imager le thème : les arts martiaux ont trois niveaux : la technique, le corps et l’esprit. Ils ne peuvent exister indépendamment les uns des autres. C’est la connaissance de soi et des autres. C’est du concret. Il y a recherche de sincérité et dans l’intuition, il y a échange.
Conclusion : (Guy Louis) : Nous avons entendu, d’une part, qu’il n’y a pas d’intuition véritable, elle est discursive même à notre insu et d’autre part, l’intuition est une connaissance innée, hors processus discursif et enfin, même d’analyse inconsciente, elle est le fil d’Ariane qui mène à la vérité, à la perception. Il nous restait bien des voies à explorer… !

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