L’égalité est-elle une utopie ?

Thème  « L’égalité est-elle une utopie » ?
        Essai de restitution du café-philo de Chevilly-Larue
                                     du 25 mai 2005.

 Introduction au débat : Guy Philippon
Animateurs : Guy Philippon, Guy Pannetier.

 Introduction : Quel est l’enjeu de cette question ? Quelque chose qui a à voir avec la Justice, la Liberté, le Bonheur ? Quel est le chemin connu,  parcouru pour établir ce concept qu’est l’égalité ? Ce concept a fortement évolué : depuis « l’ancien régime »- égalité sous un même maître – égalité au sein de castes. Cette idée d’égalité va se modifier en 1789 avec les droits de l’homme, puis au siècle dernier elle connaîtra encore bien des avatars. Quant à l’égalité des chances voilà bien une utopie, une notion qui interpelle tant nous voyons la malchance qui frappe des Êtres, l’égalité ayant toujours du mal à passer de « l’égalité formelle » à « l’égalité réelle ». Ce qui va à l’encontre et qui nuit à l’égalité c’est l’égalitarisme sous bien des formes, ou, tel que nous pouvons le rencontrer dans la relation adulte/enfant, ou le relation maître/élève. De quelle réalité peut se réclamer l’égalité ou l’égalité n’est-elle qu’une utopie ?

 Débat: Le danger nous le savons est l’uniformité qui entraînerait la monotonie. L’égalité reste un domaine où il y aura toujours à progresser, pour obtenir par exemple : l’égalité Homme/Femme, ou celle des salaires et des carrières.
– II y a six domaines dans lesquels l’égalité devrait être essentielle : la Justice, vraie dans les textes, mais pas dans la réalité. La Sécurité des personnes et des biens. La Liberté d’expression, des écrivains sont censurés, des femmes enfermées dans leur communauté… Le droit au travail, le chômage en est un déni…  Le droit au logement, ne pas confondre taudis, bidonville, villa, pavillon…  Le Respect des choix de vie, en matière d’éducation, de vie sexuelle, de liberté de choix pour sa vie…
– Le chômage est une inégalité qui, vue par les libéraux, est une donnée d’équilibre de l’offre et de la demande, indispensable à la vision qu’ils ont de l’économie…
« Tous les hommes sont égaux, mais certains sont plus égaux que les autres ». (Coluche) Si l’égalité n’est pas une valeur accessible, il existe par contre une réalité incontournable, c’est l’inégalité, et souvent ceux qui oeuvrent pour pallier, compenser par humanisme ces inégalités sont ceux qui sont taxés d’être des utopistes. Nous savons que  l’égalité n’existe pas. Elle peut être un droit, mais pas un  fait, n’étant pas dans les atouts reçus dès la naissance ni dans l’égalité des chances … La question originale sous entend diverses questions dont : Qu’est-ce qui nous incite à la recherche d’égalité, ou de plus d’égalité ? Est-ce l’amour de l’autre, le souci des autres, de l’altruisme, ou est-ce de l’égoïsme bien pensé ?
– On n’appréhende pas tous cette notion d’égalité sous le même angle, chaque individu est « un », différent, « un » particulier. L’égalité réclame peut-être des individus identiques, et là on revient à l’utopie…L’égalité n’est pas qu’utopie lorsqu’elle est associée à la Liberté et la Fraternité dans les principes républicains.
– « Nous naissons égaux, mais le lendemain déjà on ne l’est plus ».  Après plusieurs siècles il y a une meilleure répartition, nous ne sommes plus à l’époque des nobles qui disaient : « L’Egalité quel  horrible mot à supporter » ( ?), ou encore : « l’ Egalité est  la plus horrible des injustices ». (J. et E. De Goncourt)
– L’Egalité reste cette notion approximative de mon rapport avec les autres, liée à la vie en société, une recherche d’équilibre, peut –être le bonheur du « bien vivre ensemble » ?
– L’égalité est à la fois valeur et passion, intérêt pour ses semblables, l’égalité existe dans la différence, la spécificité, la particularité…
– Un homme qui n’a son nom que dans une petite rue dans Paris a lutté peut-être plus que quiconque pour l’Egalité : c’est le prêtre et député Jacobin, connu sous le nom d’Abbé Grégoire de Tours.  C’est lui qui en septembre 1791 va obtenir de Robespierre et des autres députés de l’Assemblée constituante, l’Egalité civile pour les juifs. Il devient à la même époque, Président de « La société des amis des noirs » qui milite pour la suppression de l’esclavage dans les colonies. Un prêtre luttant avec des révolutionnaires pour la liberté des Noirs et des Juifs, cela pouvait paraître à l’époque, une folle utopie. C’est pourtant à son initiative qu’est votée l’abolition de l’esclavage le 4 février 1794, et  ce sera Victor Schoelcher qui va parachever l’œuvre, pour que soit définitivement aboli l’esclavage (1848). Et  la lutte pour l’égalité continuera, avec entre autres Martin Luther King, Nelson Mandela, jusqu’à la loi Taubira en 2001…..Peu à peu cette Utopie, de Grégoire de Tours devient l’espérance d’une vraie Egalité politique.
– Si on n’est pas utopiste, l’égalité recule…. ° Nous avons vu l’Egalité qui était celle de la force, ou celle de la foi, puis celle de l’argent,  qui nous fait consommateurs égaux devant l’offre, mais laquelle est la plus trompeuse ou la plus utopique ?
– Nous avons évoqué l’intérêt pour ses semblables, mais a t-on le choix ? Si on ne le fait pas on est perdu…, et, on vit moins bien !
– En philosophie politique deux théories de l’égalité s’opposent :
1° La théorie dite de Frankena détermine un principe économique en matière d’égalité. C’est le principe de rétribution sociale. Le partage avec celui qui n’apporte rien à la collectivité est contraire à l’égalité ?
2° Celle de l’économiste John Rawls qui défend le principe dit, utopique,de « la société bien ordonnée ». Reconnaissant les hommes libres et égaux, dès lors, les conditions et les fruits de la société doivent être partagés de façon égale, une inégale répartition étant envisagée pour les plus défavorisés. Il admet l’inégalité de niveau de revenu dans la mesure où elle participe au progrès social, à la cohérence de la société
– Des expériences d’égalité ont existé, (Kibboutz, coopératives ouvrières, expériences Saint Simoniennes) ce furent parfois des pionniers canalisant toutes leurs énergies. Ils ont connu l’égalité d’action dans une idée transformée en acte, mais vite reviennent les catégories sociales qui anéantissent l’effort, c’est toujours ce difficile idéal régulateur, « l’égalité est la limite du progrès moral et politique ». (Kant).
-La mort, notre finalité ne serait-elle pas  le seul principe  d’égalité entre  tous les hommes ? « Six pieds de terre sur le ventre, voilà ce qui rend les hommes égaux ». James Howell.
– Ou les hommes oeuvrent pour rétablir plus d’égalité, ou ils admettent d’emblée qu’il existe naturellement des hiérarchies. L’égalité reste pour certains un engagement humaniste, d’autres renvoient l’égalité au «cimetière des utopies », arguant de la liberté naturelle ils  utilisent l’inégalité entre les hommes, et s’en servent à de seules fins personnelles. L’égalité ou pour le moins la lutte contre les inégalités fait partie des principes moraux qui structurent la société, et peuvent en tout cas lui donner sens.
En conclusion ce poème de France Laruel

TOI…ÉGALITÉ .

« Egalité » : Tu es dans la famille la sœur de « Liberté ».
« Egalité »…
Ton nom est un credo
Ensemble vous offrez un merveilleux spectacle.
que l’on voudrait chanter en toute liberté.
Et quand « Fraternité »…à vous vient s’associer
Avec « Fraternité »vous formez un « Trio »
quel sublime bonheur !… Nous sommes au « pinacle » !
Que chacun d’entre nous doit apprendre à aimer.
« Egalité »…
Hélas, parfois tu es absente !
« Egalité 
», nous voudrions qu’il ne soit fait offense
Pourtant nous t’appelons et te voulons  partout.
à ce mot résonnant comme un chant d’espérance…
Lorsque tu n’es pas là, saches que tu nous manques  .
Ton nom est synonyme de nos droits  « identiques ».
Alors n’hésite pas !…Invite-toi chez nous.
Que cette affirmation ne soit pas «  utopique » !

 

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