Les mots :
Parfois, ils coulent de source,
à la queue leu leu les mots s’enchaînent, alignés, sans heurts,
silencieux comme un filet d’eau dans la rase d’un pré pentu au printemps,
ou, parfois gazouillent dans une cascadette.
Parfois l’un d’eux se détache, éclate et claironne
Un autre roucoule…
Parfois turbulents, ils s’entrechoquent avec bruit
dans un cliquetis d’âmes,
de clameurs de manifs…
Ça bloque parfois. Silence subit.
L’étendue calme, plane, égale, vapeurs de brume légère
d’un lac où se mirent des aulnes, …
Mais un vague remous se meut sous la surface…
ou le jaillissement prompt, comme un saut de chevesne
qui s’éteint peu à peu en cercles concentriques,
les trahit: Ils sont là, pleins de force accumulée, d’une vie puissante à peine contenue…Parfois ça craque
Déferlement d’un barrage rompu. Fracas.
Tsunami de mots dits
maudits
qu’il eût fallu taire.
Ecrit et dit par Robert Molimard
Lors du café-philo à Chevilly-Larue le 22 avril 2009
Thème du débat : « Les mots permettent-ils de se comprendre ? »
Quand un prof d’université se met à la poésie
c’est pas mal du tout