Quelles sont ces
leçons qui sifflent sur ma tête ?
Des mots qui
s’entrechoquent et des mots qui s’entêtent
Apprendre sans
comprendre au bout du désespoir
Moi j’ai le cerveau
lent, feignant, imperméable
Mon cœur ne connaît
pas ce par cœur détestable
Le tableau effacé, je
vais à l’abattoir
Et je me suis cachée
dans la bibliothèque
Les livres ont pris
sur mon esprit une hypothèque
J’ai oublié ma vie
dans leurs bras de papier
Rien ne comptait plus
que leur douce anesthésie
Je n’étais plus moi,
je cultivais l’amnésie
Et j’apprenais sans
savoir, sans chausse pied
Alors j’ai parcouru
quelques vies parallèles
Où les consolations
de mes amies virtuelles
Etouffaient le remord
des devoirs en retard
Et des zéros légers
comme des bulles amères
Qui faisaient
pétiller les carnets éphémères
Où le « pourrait
mieux faire » était un avatar
Un alibi commode au
pied des échafauds
Où l’on conduit les
cancres, comme un vol de gerfauts
Qui passent et qui
redoublent au gré des circonstances
Une réforme après le
brevet est donnée
Si tu passes en
seconde on veut bien pardonner
Tes lacunes immenses
et tes faibles compétences
J’ai passé la seconde
et me suis évadée
Loin d’un destin
tracé, d’une vie galvaudée
J’ai regardé le monde
comme un grand livre ouvert
J’ai appris en
marchant, j’ai appris en tombant
J’ai appris à me
taire, alors j’étais au ban
De la grande maison,
j’étais à découvert
Ecrit et lu par Florence Desvergnes
lors du café-philo à l’Haÿ-les-Roses le 11 janvier 2012
Thème: » Voir, est-ce apprendre autrement? »