Eduquer et instruire, qui fait quoi?

Thème :                « Eduquer et instruire, qui fait quoi ? »
      
 Essai de restitution du débat du 7 mars 2001. Chevilly-Larue.

 Animateur : Guy Philippon.            Modérateur : Lyne Vogne                

 Débat :  – Eduquer, commence un participant, c’est contribuer au développement d’un individu, de ses facultés physiques et morales. Instruire qui s’oppose à détruire, c’est apprendre, apporter des connaissances. L’éducation a une fonction morale et vient en complément de l’instruction.
    – Qui doit faire quoi ? Le maître a des disciples ; il enseigne une doctrine.
     – L’enseignant instruit et éduque, tout à la fois. Mais où commence l’éducation qui revêt un sens plus large qu’instruction ?
     – Les deux termes bien que distincts sont assez voisins, se complètent. L’éducation vise la “ construction ” globale du jeune, de la personne.
     – La confusion des deux termes existe, car on ne sait pas qui fait quoi.
     – Quelle signification accorder  au fait qu’à “ l’instruction publique ” a succédé “ l’éducation nationale ” ? Depuis quand d’ailleurs ?
     – La notion de “ nationale ”, recouvre l’idée de territoire, de référence commune. Mais dans l’éducation nationale, les élèves subissent les maîtres.
     – Certes mais au sein de cette même institution exercent aussi des enseignants aux pratiques, méthodes différentes (Freinet).
     – C’est parce qu’elle est nationale, que l’éducation, dans le cadre de la laïcité, de la République, est la même pour tous même si, bien sûr, elle a évolué comme tout, comme la société.
     – Il y a mille et une façons de présenter le même programme. Par contre,  par ses attitudes, en fonction des matières, l’enseignant dépasse ses missions. N’enseigne-t-on pas aussi un peu ce que l’on est ? Ne se projette-t-on pas sur ceux que l’on forme ?
    – Attention ! Si l’on songe à des exemples relativement récents en Italie, Allemagne, s’agit-il encore d’éducation ?
     – Le but n’est-il pas d’apprendre ? Apprendre c’est comprendre la société pour être indépendant, acquérir des compétences collectives, des savoirs. Seul l’individu peut apprendre ; il ne peut apprendre seul. Par quel processus ? Quel est le rôle des parents, de l’école ? L’instruction est la transmission de savoir-faire ; l’éducation est la transmission de savoir être.
      – L’école, remplit-elle sa mission ? L’enseignement donné correspond-il à l’époque ? La liberté de parole existe-t-elle ? Les enfants s’intéressent, posent beaucoup de questions.
     -Les deux termes, présentent certaines similitudes mais aussi des oppositions, des contradictions. L’instruction se révèle sans limites puisque fonction de l’évolution des connaissances ; l’éducation, elle, a des limites (valeurs).
     – Par rapport aux comportements de certains enfants, d’actes délictuels, qui fait quoi ? Certains parents remplissent-ils vraiment leur rôle ? Comment se forger des valeurs morales sans mémoire, sans réflexions philosophiques ?
     – Apprendre c’est prendre ce dont on a besoin. Enseigner c’est aider à apprendre. D’autre part, en ces périodes de crises des sociétés, l’apport des scientifiques n’est-il pas une nécessité ?
    – Apprendre c’est aussi la connaissance de soi-même. Il faut également apprendre aux jeunes l’esprit critique, à vivre avec les autres.
     – Le mot cité, devrait être banni de notre langage. A l’intérieur, n’y fait-on pas sa loi comme à l’extérieur, la guerre ? D’autre part, dans les cités il n’y a pas de culture.
    – Chaque cité a malgré tout sa propre identité.
     – Nous nous focalisons sur l’enseignement des enfants, mais ne  pensez-vous pas que bien des adultes devraient être aussi éduqués ?
     – L’éducation se fait à la fois par le groupe et la société. Et, oui, tout un chacun devrait faire preuve de civisme.
     – En période de tension forte, de mutation de la société, la tendance est à désigner trop facilement des boucs émissaires, reconnaît l’animateur. Ne perdons pas de vue que le but du système éducatif est de permettre l’épanouissement de chacun, d’apprendre à apprendre, de former à une certaine capacité critique et de développer la lecture critique de l’image.
     – L’Etat et les institutions n’ont pas à se substituer à la fonction parentale.
     – Des intervenants extérieurs à l’école,  devraient pouvoir contribuer à la formation des élèves. Se pose aussi le problème de la carte scolaire.
     – Apprendre à débattre, apprendre à désobéir, apprendre à pêcher le bonheur, n’est-ce pas agir pour la liberté de chacun ?  Bien sûr, mais dans le respect des règles.

 Conclusion : L’enseignant doit être capable d’entraîner l’enfant à devenir un chercheur, à répondre à ses curiosités, à aller chercher ce qu’il a besoin. Mais apprendre est un acte individuel dans un cadre collectif. Apprendre, n’est-ce pas fondamental pour espérer une diminution de la dépendance ?

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Une réponse à Eduquer et instruire, qui fait quoi?

  1. Ce thème est interpellant et j’apprécie particulièrement cette phrase du 8 février 2011 (rfr. Animateur : Guy Philippon et le Modérateur : Lyne Vogne
     » Comment se forger des valeurs morales sans mémoire, sans réflexions philosophiques ? » L’Europe occidentale comparée à l’Asie (Chine, Inde, Japon et Pays arabo-musulmans) est confrontée à ce questionnement et à mon humble avis, elle fait fausse route. Cette Europe qui perd et surtout refuse d’interroger ses fondements culturels de son passé va se faire manger car, elle sera incapable de résister aux aberrations d’autres systèmes éthiques qui vont s’installer durablement dans le paysage européen. Ma revendication n’exclut en rien, le « DIALOGUE DE CULTURES » pour un meilleur vivre ensemble.

    Cordialement,

    Pr. Justin-Gratien Muzigwa KASHEMA
    Senior Research Associate
    Please read and join us on: http://www.academia.edu

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