Faut-il se changer pour tout changer

Thème : « Faut-il se changer pour tout changer ? »

Essai de restitution du débat du  Café-philo de  Chevilly-Larue.
4 avril 2001

Animateur : Guy Philippon.            
Modérateur : Guy Pannetier

Le débat est ouvert par Micheline, initiatrice de ce thème qui propose d’échanger d’abord, ensuite d’aborder les moyens du changement et enfin d’évoquer le pourquoi changer ?

Débat : –  Faut-il vraiment tout changer ou ne pas plutôt évoluer. L’évolution transforme en douceur alors que tout changer implique de tout casser pour repartir de zéro.
– On ne peut jamais se changer car nous sommes faits d’une certaine façon et fort heureusement, dit-il. Avant de tout changer, il faut se connaître soi-même et se donner des outils pour cela.
– Les êtres humains sont faits de changements successifs dus aux périodes successives de la vie. D’autres changements dépendent des changements de la société. L’espérance de vie a triplé et l’Homme s’est adapté à cette durée de vie.
-La période a changé. L’hygiène de vie favorise l’espérance de vie qui est différente selon les continents. Ce n’est pas un changement de l’individu c’est celui de la société.
S’il n’y a pas de changement fondamental de l’être humain, la société ne changera pas. Il faut changer son regard sur les autres êtres humains.
– Est-ce-nous qui changeons ou est-ce ce qui est autour qui nous change ?  Les gens changent suite à un événement.
– Nous ne sommes pas différents des gens du Moyen-âge. Sommes-nous en phase avec les événements ? A partir de quel moment sommes-nous précurseurs pour changer les choses ? Doit-on se changer profondément pour changer le monde ?
– Quelle est la différence entre l’homme de Cro-Magnon et celui d’aujourd’hui ? Rien, nous sommes en permanence dans des querelles tribales. Croire au  changement potentiel de l’individu, c’est de la vanité.
– Les changements ne sont pas toujours réussis. C’est un peu présomptueux de vouloir tout changer.
– La mort n’est pas un changement : c’est la conscience, profère quelqu’un. La théorie marxiste (force productive, forme de production) a fait changer les gens. Aujourd’hui, on a l’impression que les gens s’adaptent.
– Je ne vois pas le changement par rapport à nous mais par rapport au climat  qui nous change et  nous forme, cela est lié à l’environnement.
– On voulait changer l’homme dans nombre de pays, mais cela s’est avéré un échec. Ainsi, il n’est pas possible de “ faire un homme nouveau ”.
– Des changements dans la société sont bénéfiques et d’autres négatifs.
– Quand on parle de changement positif ou négatif, cela peut être inversé pour d’autres personnes.
– Dire tout ce mal de l’espèce humaine, cela voudrait dire qu’elle aurait disparue.  La part positive de l’espèce humaine a pris le pas sur le négatif.

-Le changement sur le plan biologique c’est la nature. S’il faut attendre de souffrir pour changer le monde, le monde ne changera jamais. Il se peut que jamais nous n’ayons à souffrir de la misère. La chose la plus facile pour l’être humain c’est de se reproduire. JJ Rousseau a dit «  L’homme est bon, c’est la vie qui le corrompt ». Pour avoir prise sur les choses il faut avoir conscience que les choses existent. “ Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les hommes ” dit Socrate. Ce qui est fondamental c’est d’essayer de se connaître  et il y a des outils pour cela (ex: café-philo). Ce que nous renvoie l’homme et le monde c’est effrayant, heureusement que nous sommes équilibrés. L’homme est de plus en plus méchant.
– Nous avons un problème, c’est de croire que nous savons quelque chose mais, en fait, nous avons une vision segmentaire. S’adapter c’est rentrer dans une peur. Nous sommes à la merci de certains qui manipulent l’individu. Nous ne sommes plus protégés par le cocon familial. Nous sommes à la merci de ceux qui rentrent chez vous : sectes, religions, politiques. Le jour sera arrivé quand on rentrera dans la vie réelle. Nous avons des règles universelles. Nous ne pouvons pas parler entre l’intérieur et l’extérieur. Nous sommes toujours en dualité. Nous existons au détriment de ceux qui possèdent et qui nous imposent une règle de vie. L’homme n’a pas changé.

– Je suis très réticent de tout faire porter sur l’ensemble de l’espèce humaine. S’il existe des malheurs, c’est d’abord parce que l’humanité n’est pas tout à fait adulte. S’il y a accaparement des pouvoirs et des savoirs par quelques uns c’est pour qu’ils puissent décider et faire valoir leurs intérêts. Il faut s’attaquer à cela. Le changement est le mode d’existence de la réalité. Il faut arriver à maîtriser les règles du jeu. Ce qui est intéressant c’est que l’homme a cherché à se dépasser.  L’homme est le seul être vivant qui a évolué.
– L’humanité est en marche, affirme le suivant (exemple : le film d’Agnès Varda : regards sur l’être humain). Si nous n’arrivons pas à faire bouger les choses, ceux qui prendront le pouvoir suivront le même schéma. Le professeur Jacquard dit que l’on ne devrait pas mettre les enfants en concurrence.
– Oui et non à la fois, lui répond le suivant.  C’est le climat qui change. On va changer par rapport au système et c’est toujours la planète qui change. Se laisser vivre et aller de l’avant.
– On n’a peut-être pas la même vue sur le monde, rétorque un autre. Il y a des choses que l’on dissocie. Le monde est grand, profitons-en. Il y a une conscience qui se fait. Quel changement peut-on apporter pour que cela bouge ? L’homme a éliminé des races des milieux dans lequel il vit. Nous n’avons pas les mêmes buts que les espèces animales.
– Oui et non, répète le suivant. Non, si à chaque fois qu’il y a eu transformation, il y a eu évolution des idées en actes. Oui, si certains les suivent et font un retour sur eux-mêmes. Le mondialisme et le  libéralisme ne sont pas des combats de tout le monde. Ce sont des combats qui peuvent tout changer.
– Il y a une différence entre tout changer et se changer, affirme un autre. Quelle action peut-on  avoir sur soi-même pour se connaître ?  Il suffit de s’écouter, conclut-il.
– L’humanité, c’est la conscience, la capacité psychique, répond le suivant. Comment peut-on faire pour y parvenir ?  Renoncer à tout changement de société pour changer l’homme conduit à la dictature. Quels outils, quels moyens  mettre en place pour faire avancer les choses ?
– La meilleure façon de changer, c’est l’échange et la tolérance, affirme un participant. Avant les gens maîtrisaient le changement, aujourd’hui ils le subissent.
– Il n’y a pas de races mais une seule espèce humaine, précise un intervenant précédent. Il n’y a pas de supériorité mais uniquement des  différences.
– Il y a une résistance au changement et une peur du changement qui domine dans les consciences, intervient l’animateur.  Il y a une propagande silencieuse : ne pas changer ce qui domine, c’est la logique des résultats de l’économie dominante. Qui est face à cela ? Où sont les possibles ? La plupart  des gens vivent dans une société qu’ils ne comprennent pas. Ils n’ont que les miettes des résultats. Nous ne sommes pas dans une société qui préconise le changement. Les savants, les scientifiques sont moins écoutés. Changer, c’est remettre en cause toutes ces valeurs.  Il y a une résistance au changement. On devrait tirer notre chapeau à ceux qui agissent pour le changement dans une société qui domestique les cerveaux.

– C’est une lapalissade, dit un autre, on n’avance plus car les discours sont toujours intéressés uniquement par l’argent. Les valeurs morales transmises par nos parents n’existent plus. Il y a des changements à faire.  Comment faire ? Aucun régime politique n’a abouti. Beaucoup de personnes sont  seules, déprimées. L’homme n’est pas déterminé à l’avance. Nous nous faisons ce que nous sommes, l’animal n’est pas doté de parole. Pourquoi cette situation catastrophique ? Nous ne savons pas voir ou ne voulons pas voir. Combien de gens sont-ils capables de reconnaître l’amour ? Il faudrait changer les mentalités, apprendre à avoir une vision plus juste. En se connaissant mieux, on changerait.
– Nous sommes bien vaniteux, dit le suivant, on recommence les mêmes erreurs. Je n’ai pas l’impression qu’on change.
– Socrate a dit certaines choses qui  n’ont pas  été admises et  rien n’a  changé. Il s’est suicidé, dit un autre.
– On a tous des idées, l’homme a délégué aux autres, ajoute le suivant. On a établi des systèmes. Il y a l’humanité, la dualité. Le monde n’évolue pas conditionné. Les conditions climatiques changent. Nous avons la croyance de penser que nous  sommes supérieurs, conclut-il.
– L’homme se fait du mal seul, ajoute un participant. Il a des stigmates sur le corps. Les hommes souffrent. Surtout, en Afrique comme ailleurs, ils se font souffrir et pourtant j’ai confiance en l’homme.

– Micheline, conclut en disant qu’elle trouve de « l’injustesse » et de l’injustice à ne pas voir ce qui va bien dans l’espèce humaine.

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