Thème : « La modernité apporte-t-elle le bonheur ? »
Essai de restitution du café philo de. Chevilly-Larue
28 novembre 2001
Modérateur : Chantal Deluchat
Introduction : Guy Pannetier
Animateur : Guy Philippon
Introduction : à partir de quelques questions : Le progrès qui apporte le bonheur matériel avec ses aspects positifs et négatifs, nous entraîne-t-il vers le meilleur des mondes ? Quelles libertés nous apporte-t-il ou nous ôte-t-il ? Qu’apporte aux Hommes, la modernité ? Deux exemples : le geste de Prométhée montrant que tout progrès aura un prix ou plus de près de nous l’action de Sœur Emmanuelle montrant que sans confort les gens semblent heureux. La modernité nous sort du carcan des idées reçues, mais, la multiplicité des besoins que l’on nous crée ne vise t-elle pas, plus le profit que notre bonheur.
Débat : – Diogène qui ne veut pas d’un monde où la modernité conduit à ce que la mendicité n’ait pas le droit de citer et qui compare l’ordinateur à une machine à décerveler..
– Je suis toujours pris entre le sentiment que le progrès apporte de la liberté dans les tâches et en même temps, où il y a cet apport de temps, la modernité le récupérait. Il faut payer un prix qui n’est pas annoncé au départ.
– La modernité, indique, c’est pour alléger le travail de l’Homme.
– Le prix de la modernité, dépend de ce que l’on en fait et du sens que l’on donne à son utilisation.
– C’est une question de mode d’emploi, insiste un autre. L’homme n’est pas raisonnable. Il ne sait pas s’arrêter.
– Ce sont dans les pays les plus développés qu’il y a le plus fort taux de suicide.
– En Algérie, mon pays d’origine, si les femmes de mon âge avaient la modernité, elles vivraient mieux.
– La modernité, c’est quoi entre le Moyen-âge et l’Antiquité ? La modernité, c’est le bien être actuel. C’est l’idéal absolu défini de tout temps. Le bonheur, il faut le cadrer dans chaque époque. On ne peut comparer la modernité de notre époque avec celle de la période précédente.
– La modernité, n’est ce pas l’attitude en face du progrès ? Le progrès sauve des vies. Ce qui gêne c’est l’usage de ce que l’on fait du progrès. Les enfants handicapés qui peuvent communiquer avec les appareils modernes, c’est parfait. Le chômage c’est une question de gestion des hommes. On ne peut pas rejeter le progrès.
– La modernité ne doit-elle pas parler des rapports avec les êtres ?
– On rentre dans la définition pure de la modernité. Certains pensent et l’on dit qu’ils sont modernes. La modernité a évolué.
– La modernité est plutôt culturelle et scientifique. Les progrès dans les sciences de l’Homme ne sont pas faits.
– Selon les époques il y a eu des avancées et des régressions. Il faudrait que la modernité soit à notre service et non l’inverse.
– Les philosophes grecs, nous avaient apportés énormément. On prenait le temps de réfléchir sur l’Homme plus que sur les sciences connexes. La psychanalyse a évité des suicides.
– La modernité et le bonheur ont évolué à des rythmes différents. Les sciences et les techniques ont évoluées. C’est continuel de penser. Le philosophe Heidegger en 1933 disait “ tout ce qui est techniquement possible sera fait ”. De quelle façon utilisons-nous notre intelligence ? Au service du mal, au service du bien ? Peut-on avoir une pensée heureuse quant on parle de violences et de guerres ? Nous sommes confrontés à une somme de connaissances et d’intelligence collective qui nous pose problème, car la distance s’élargit.
– Les règles dites d’“ éthique ” sont là pour encadrer le progrès, mais il manque une règle essentielle, celle de la sagesse.
– Si nous faisons de la philosophie et de l’éducation, c’est parce que nous aimons la vie. “ Le bonheur c’est de comprendre et de lutter ”.
– Le bonheur est dans chacun de nous. Il n’est pas dans quelque chose que l’on monnaie.
– Le bonheur existe-t-il en tant que tel ? Le bonheur absolu n’existe pas ni le bonheur individuel. Le seul souci du scientifique, c’est de faire avancer la science pour le bonheur des autres. Ces avancées conduisent à des intérêts économiques. On ne dirige rien en tant qu’individu.
– Que fait l’être humain de la science ? L’être humain est incapable de résister à la pression. La sagesse serait que les responsables de l’hémisphère Nord fassent avancer l’hémisphère Sud.
– Le bonheur est quelque chose de subjectif. Le bonheur est essentiellement personnel. Il ne faut pas confondre progrès et bonheur.
– Le progrès est intéressant. Si l’être humain évoluait avec la technologie, il apporterait plus de chaleur et de convivialité.
– Le bonheur personnel n’a rien à voir avec le bonheur collectif car il dépend de la vie et des circonstances.
– Le bonheur si je veux. Le progrès est une question de moyens puisque l’on a créé le besoin. La modernité, on la vit dans l’instant présent. Le bonheur des fois c’est très simple.
– Le bonheur est au fond de soi, mais il n’empêche qu’il est très réducteur et très individualiste.
– La question du bonheur est difficile. Il y des milliards d’être humains qui souffrent de l’illettrisme, de la faim. C’est un luxe de pouvoir s’intéresser à la philo. La société vit avec des millions de personnes qui ne peuvent que rêver du bonheur des autres. Doivent-ils espérer encore quand le monde amène la misère et que certains ne parlent que de leurs intérêts et non des besoins. ? Mais le problème des besoins reste posé et l’on a besoin de progrès dans la science et dans les techniques.
– Alain Souchon “On nous inflige des désirs qui nous affligent ”
– Frédérico Garcia Lorca, disait que le pauvre qui partage son argent entre une baguette de pain et un livre, s’en sortira.
– Où est le progrès dans le comportement de l’être humain ? Avec le café philo, on a créé un nouveau besoin.
– Le bonheur n’est pas une fin en soi. Qui croyait que le progrès allait nous amener vers le meilleur des mondes ?
– On a tenté d’inventer des objets pour le bonheur et plus on avance plus on s’en éloigne.
– Il faut nous laisser le temps d’assimiler les progrès. Le progrès, j’en fais ce que je veux. Il faut le mettre à notre service pour ne pas être des esclaves. La modernité, permet de vivre seul sans connaître son propre voisin.
Conclusion : La crise de l’idée de progrès est une crise de confiance pour ceux qui dirigent le monde. C’est une crise qui doit justifier que le monde doit rester ce qu’il est. Un jeune vit le progrès. Il ne se contente pas de ce qu’il est et de ce que l’on est. Il a tendance à prendre en compte l’idée de progrès. Le bonheur c’est apprendre et continuer à apprendre. Apprendre avec ce que l’on est en accord et avec ce que l’on est en désaccord sans nier l’intelligence de l’Homme et le développement de ses connaissances pour qu’il puisse agir. “Il n’y a pas de science sans conscience ” et Jean Jaurès “ Il n’y a de révolution que là où il y a conscience ”