Thème : « L’Histoire se répète-elle ? »
Essai de restitution du café philo de Chevilly-Larue.
12 décembre 2001
Modérateur et introduction : Murielle Desmet
Animateur : Olivier Pascault
Introduction: Oui : Dans l’histoire, ce sont toujours les mêmes événements qui se répètent sous des formes différentes en apparence, mais ce sont toujours les mêmes structures, les mêmes motivations qui sont à l’œuvre. Les organisations sociales changent. Les régimes politiques changent, ainsi que les mœurs et coutumes. Mais l’histoire nous montre toujours les mêmes conflits entre les hommes.
Non : l’histoire est un éternel changement, chaque époque constitue une aventure humaine entièrement neuve. L’homme, contrairement à l’animal, est un être en devenir. Parce qu’il est libre, qu’il n’est plus soumis à l’instinct, ses choix constituent son histoire. Ils sont différents à chaque époque et ne se répètent jamais. L’histoire est un progrès continu. Elle est le reflet de l’évolution de l’esprit de l’homme.
Débat : Guy-Louis intervient en posant ces questions : Ce qui va nous intéresser, ce n’est pas tant les faits historiques répétitifs, mais les causes. Les mêmes erreurs produisent-elles toujours les mêmes effets ? Est-il nécessaire de refaire les mêmes erreurs pour progresser ? A partir des exemples de guerre, quelles leçons tirons-nous ? L’histoire c’est toujours la guerre qui se répète.
-L’histoire est vaste; on peut essayer de définir les périodes grâce à la mémoire et l’écriture (exemple : Mésopotamie, Rome antique, Moyen age, Renaissance, période moderne, période contemporaine)
-’histoire, c’est l’évolution de l’humanité, les vicissitudes des peuples, pas seulement les guerres.
– On ne sait pas tirer les leçons. A chaque fois l’on a dit “ plus jamais ça ! ”
– Nous avons vu la Révolution remplacée par le consulat, puis l’empire, puis la royauté (retour à la case départ). » L’homme est le seul animal qui butte plusieurs fois sur la même pierre « . Toute notre intelligence mise au service de la science, n’a d’égale que notre incapacité à agir sur nous-mêmes. Des défauts, des tares inhérentes à l’homme : CONVOITISE, INTOLERANCE, SECTARISME, sont les mêmes causes qui reproduisent les mêmes effets.
– I existe dans la vie courante des scénarios de vie : le cours de l’histoire se répète, mais il n’y a pas de fatalité. Celui-ci peut se modifier comme se modifie le scénario de vie d’une famille qui, grâce à une psychothérapie, arrête le processus de répétition. Pourquoi ne pourrait-on pas modifier le cours de l’histoire….les répétitions de guerre…….par une prise de conscience de chacun.
– Malgré la haine chronique entre les Anglais et les Allemands, on est arrivé, par le dialogue, à établir des contacts, à construire l’Europe, à réaliser des jumelages.
– Des intérêts, des phénomènes de développement, ont engendré des civilisations hégémoniques, (empire grec, l’Egypte, Ramsès II, l’Hellénisme, les Romains). Des courants d’échanges partant de l’Asie (route de la soie) vers la Palestine, l’Italie jusqu’en Allemagne et en Grande Bretagne sont accompagnés de guerres ; tous les affrontements sont passés par-là, pour la conquête de territoires et le développement des échanges commerciaux, répétitions qui furent facteur de développement.
– Nombre de civilisations, au nom du progrès, ont, maintes fois, été criminelles : Conquistadors, conquête de l’Ouest, colonisation de l’Afrique, par exemple. Mais sommes-nous à l’abri, sauf le Rwanda, sauf la Bosnie….. Citation du poète, Jules Laforgue : » …..et toujours cependant monte dans la nuit noire, le concert désolé des appels de l’histoire… »
– es échanges avec l’extrême Orient existent dès la plus haute antiquité.
– Quelle opinion sur l’histoire ? Comment peut-on juger la monumentalité de l’histoire ? Faut-il attendre la fin de l’histoire pour la juger ? Les peuples ont des histoires différentes. Nous sommes impliqués dans le cours de l’histoire, c’est nous juger nous-mêmes, l’homme est perfectible.
– Dans les pays sous développés, pays colonisés, certains pouvoirs ont imposé une forme d’histoire qui n’est pas la leur ! ! !
– Que penser de la destruction des bouddhas en Afghanistan ?
– Quand on veut asservir les hommes, on s’attaque à la culture, aux symboles : on a brûlé des livres comme on détruit les bouddhas. La culture fait partie des liens entre les hommes, elle est précieuse, elle fait obstacle aux dictatures, elle est facteur de liberté.
– L’histoire est une discipline qui commence au Moyen age (philosophie, droit, études religieuses).
– L’Histoire, n’est, fortement influencée par le philosophe Hegel. De ce courant intellectuel naîtront les sciences historiques. L’époque, c’est vrai, est propice aux questionnements. Napoléon vient d’envahir l’Allemagne…situation qui rappelle des faits historiques. Hegel écrivait dans « La Raison dans l’Histoire »: « l’histoire universelle est la manifestation du processus divin, de la marche graduelle par laquelle l’Esprit connaît et réalise sa vérité »
– L’Europe n’est pas une idée neuve; le Roman de la Rose l’avait déjà décrit au Moyen âge. La répétition est aussi une méthode en littérature.
– Il faut être prudent avec les faits contemporains, l’histoire c’est l’anthropologie historique, c’est une façon d’aborder l’histoire, l’histoire des idées, se défaire de l’image telle qu’elle est enseignée. Il faut s’intéresser à l’histoire et la considérer dans son époque.
– Evitons l’histoire thématique, l’histoire chronologique. Sans le passé on ne peut pas évoluer. La chronologie des événements et l’échelle du temps sont là pour nous le rappeler.
– Autrefois on disait : un clochard est mort de froid, aujourd’hui on dit : un SDF s’est éteint d’hypothermie. L’histoire se répète avec des mots différents mais elle se répète. Souvenons-nous de l’Abbé Pierre en 1954 qui dénonçait la misère… depuis sans cesse revient la pauvreté, hélas multipliée. Il y a quelques décennies, continue l’intervenante, dans chaque village, chaque foyer, le clochard pouvait espérer une soupe… histoire passée… !
Commémorer, c’est répéter le passé, pour éclairer les faits et les causes (la Shoah et le 14 juillet par exemple) nous rappelle un intervenant.
– Le brouillage de l’histoire, brouille le sens de l’avenir, les révisionnistes l’ont bien compris et savent que lorsque les hommes ont faim, qu’ils sont soumis à l’intolérance, amenés à la souffrance, alors se déclenche et revient la révolte. La violence est souvent l’expression du dialogue devenu impossible.
– Les phénomènes répétitifs, la disparition de certaines civilisations (empire romain, l’empire aztèque), comment explique-t-on ses disparitions?
– Au 20ème siècle, les échanges sont différents, le progrès technique a changé, le monde est plus petit. Cependant, les conflits existent et l’histoire bégaie.
Conclusion : Paul Valéry : » L’Histoire est la science des faits qui ne se répètent jamais « .
bonjour a tous les pratiquants du café philo en direct de valles
Bonjour,
Ça me rappelles que j’ai déjà écrit sur ce sujet : « L’Histoire se répète ». Et c’était pour dire que ce vieil adage ne s’applique pas quand on parle de la Science. Un autre adage dit ‘qu’on ne réinvente pas la roue’. En Science, on avance, on avance… on ne recule pas ! Comme le disent les grévistes.