Thème « Masculin Féminin : antagonisme ou complémentarité ?
Essai de restitution du café-philo de L’Haÿ-les-Roses
14 mai 2003
Introduction de Maryse :
Madame Libermann dans une enquête à la radio pose la question « qu’est-ce qu’un homme » ? Les réponses diffèrent : « -Je ne sais pas -c’est un être humain -quelqu’un qui sert à une femme -un être vivant -quelqu’un qui pense, qui réfléchit à ce qu’il fait -un souffle, rien, une prétention -le contraire d’une femme -homme masculin ou être humain ? -un être humain comme la femme avec quelque chose de plus : l’orgueil ».
Chez les hominiens quand tout le monde devient bipède l’hominien perd son hominidé par la bipédie. La quadrupédie qui exposait le sexe est remplacé par la bipédie qui le masque surtout chez les femelles et qui rend ainsi les chaleurs plus fréquentes et les possibilités de copulation permanentes et possibles en dehors des périodes de rut tout au long du temps.
Le désir d’un ordre se fait jour chez les hominidés et les religions apparaissent avec des rectifications possibles de la loi naturelle animale.
On assiste à deux versions du récit de la Création : « Dieu crée un être homme et femme à la fois » (L’Androgyne) ou dans la deuxième version « il fait un homme et une femme différenciés… »
Débat : Dans le titre « masculin Féminin : antagonisme ou complémentarité » le problème est posé de l’égalité de l’homme et de la femme. Il y a alter égalité entre les deux mais pas identité et il faut refuser une logique identitaire commune des deux sexes.. L’antagonisme et la soumission n’ont pas de sens dans des rapports de respect mutuel et il ne s’agit pas alors de relation homme femme en particulier mais de toutes les relations humaines qui passent par la reconnaissance de l’altérité de l’autre.
– La soumission dans le couple renvoie parfois à la soumission générale des femmes dans l’histoire
– L’antagonisme ne suppose pas l’égalité alors que dans la soumission il n’y a pas expression du conflit. L’un domine et l’autre est dominé.
– Il faut être pour l’égalité des êtres humains et contre l’égalitarisme. : égalité des droits, des moyens… mais pas un monde égalitaire de façon mathématique avec des risques de relations horizontales. Qu’est ce que l’on souhaite ? Un univers socialement et économiquement différencié ? Ou qu’il existe des singularités pour chacun et que l’on mette chaque individu en situation
– La féminité est dans l’homme, dans notre moi intérieur. La construction du moi intérieur est protégée, et cette protection relève d’un processus féminin. Le monde a longtemps été très misogyne. Depuis le temps des Grecs, la religion a chapeauté la philosophie. Pour Bergson il n’y avait pas de femmes en philosophie. Elles ont pu y accéder à la fin du siècle dernier. Pour Nietzsche la femme est « le repos du guerrier » et dans Zarathoustra « si tu vas chez les femmes n’oublie pas le fouet ». Le seul à avoir donné une place d’égalité à la Femme est Epicure. Son école, Le Jardin, était ouverte autant aux hommes qu’aux femmes.
– Mais il faut reconnaître à Nietzsche qu’il a dénoncé la notion de péché par rapport à la femme et l’a sortie de la notion de culpabilité.
– Il y a complémentarité intérieure entre le féminin et le masculin chez un individu. Les femmes aiment souvent mieux travailler avec des hommes qu’avec des femmes pour éviter les conflits.
– C’est peut-être une idée. Les femmes s’entendent aussi bien entre elles. Mais il existe des femmes qui entrent dans le désir de l’homme et manquent d’autonomie en tant que femme.
– Les conflits entre les femmes sont en lien avec les pouvoirs. Les hommes ont de meilleures stratégies de pouvoir que les femmes qui sont plus dans l’individualisme et l’épanouissement de soi.
– Dans les sociétés primitives les premiers hommes allaient à la chasse. Les dominants s’y affirment, les femmes en sont exclues…Ce qui pourrait apparaître comme une hiérarchie dès le départ.
– L’antagonisme suppose d’agir en sens inverse. L’homme n’a pas nécessairement une supériorité du fait d’être chasseur. La femme avait son rôle et pouvait être vénérée dans la fécondité notamment.
Le poème de Florence : Masculin, féminin.
Si j’étais la lune, tu serais le soleil
Si j’étais une enclume, tu serais le marteau
Si j’étais une abeille, tu serais un gâteau
A la gelée royale, doré au feu du ciel
Et si j’étais la nuit, tu serais un beau jour
Et si j’étais la vie, tu serais le destin
Si j’étais une envie, tu serais un festin
Pour mordre à pleine dent, ce terrestre séjour
Si j’étais une fée, tu serais un sorcier
Si j’étais l’image, tu serais le miroir
Si j’étais la porte, tu serais le couloir
Qui conduit à l’envers, au-delà du roncier
Si j’étais une autruche, tu serais kangourou
Si j’étais une aiguille, tu serais le matou
Si j’étais une anguille, tu serais un mérou
Pour gober les embûches, et combler tous les trous.
– La sensibilité du féminin par rapport à une situation est importante. Le masculin est plutôt dans l’instinct.
– Un homme qui évolue va jouer peu à peu un rôle « maternel » . Son rôle va se féminiser. L’homme peut beaucoup apprendre de la femme et il a tout à y gagner dans l’égalité homme femme.
– Il ne faut pas séparer les hommes et les femmes. Ils vivent ensemble. On a envie de vivre avec l’autre aussi bien qu’avec soi. La parole est nécessaire ; Ce qui les rassemble c’est le langage, la culture.
– On espère toujours et on est désillusionné à chaque fois. L’homme et la femme servent l’un à l’autre à s’inventer un autre imaginaire.
– On peut s’interroger sur la lutte des hommes comme des femmes de certains types de sociétés autoritaires masculines.
– La puissance de la femme réside dans ce qu’elle engendre, qu’elle donne la vie…Il y a parfois un désir de se reproduire elle-même à la limite ce qui est l’inceste maximum.
– Il n’est pas vrai que la femme n’a pas de revendication phallique et n’a pas de problème par rapport au pouvoir. Mais la revendication phallique de la femme est la chance de l’homme. Le pouvoir de la femme et celui de l’homme sont différents mais elle a la même exigence de pouvoir en tant que femme.
– Il n’existe pas un pouvoir mais des pouvoirs, notamment un pouvoir économique contre lequel la féminisation des combats peut aider à lutter.
– Quels sont les gains apportés par le féminisme : L’avortement ; La pilule et choisir la date de procréation de ses enfants ; Le choix du métier ; Un chéquier à son nom ; La revendication du plaisir de la femme ; Que les deux soient chefs de famille ! Avoir une réalité sociale et un statut social indépendant ; L’autorité parentale conjointe ; Droits civiques identiques et les tentatives d’égalité en droits ; La liberté individuelle et en société notamment d’action, d’engagement ; La possibilité de choisir ses amours, de ne pas être dépendante, de dire des OUI ou NON clairement à l’autre et à l’être aimé ; D’être une femme, ni une maman (qui materne et qui sert), ni une « putain » (qui se résume à être une forme alitée à remplir !). Que de progrès dans ces mesures obtenues souvent avec l’aide des hommes !
– Les femmes et le travail : 1) L’activité professionnelle est-elle un élément de son émancipation ?, 2) Le travail de la femme transforme-t-il les rapports familiaux ?, Y a t-il place pour le temps libre dans la vie des femmes ?
– C’est le travail salarié qui libère car la femme a toujours travaillé. Actuellement les femmes sont encore plus sous-qualifiées que les hommes et sous-payées.
– En réponse aux trois questions à la fois il y a peut-être un équilibre à atteindre pour la femme. Il y a des périodes différentes, des cycles dans sa vie, mais les trois dimensions, travail, famille et loisirs co-existent dans la vie d’une femme qui a conquis un minimum sa liberté.
– La complémentarité : le travail des femmes transforme les rapports et le partage des tâches notamment est plus évident.
– Qu’est ce qui crée la misogynie chez les hommes ?
– La peur de perdre leur pouvoir
– La peur de sa part de sensibilité, de féminin voire d’homosexualité mal réglée ? Une réaction au complexe Oedipien ? – L’augmentation du congé paternel de façon importante pour les hommes est une transmission de la puissance de procréation de la femme.
– La relation au masculin et au féminin est fonction de l’histoire familiale de chacun. Dans des rapports de soumission dominants-dominés, le soumis est sans arrêt obligé de trouver des subterfuges pour garder sa part de liberté.