Thème : « Que devient la conscience morale
dans le cadre de la mondialisation ? »
Essai de restitution. Débat du café philo de chevilly-Larue. 12 avril 2000.
Projection du film « The big one” de Mikaël Moore (précédent le débat)
Animateurs : Olivier Pascault. Michele Dessenne (membre du bureau Attac),
Jean Daniel Dupasquier (centre culturel)
Modérateur : Michel Perrin. Participants : 120 personnes.
Prenant la parole tour à tour, l’animateur du café philo souligne le lien existant entre la philosophie et la pensée véhiculée par ce film, tandis que l’animatrice d’Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’aide aux citoyens) brosse un aperçu général de l’association crée en 1998 à l’initiative d’Ignacio Ramonet directeur du Monde diplomatique qui compte environ 20.000 adhérents et 65 villes affiliées. Elle souligne la fragilité du système de libéralisme tourné en ridicule par M. Moore.
Débat Ce film nous réconcilie avec les Usa dont les gens éprouvent les mêmes ressentiments que nous. Il met en exergue l’immoralité de la Mondialisation tout en indiquant qu’elle peut être morale si on le veut. La morale de la religion recule, la morale citoyenne va mieux, la morale républicaine a beaucoup souffert de la corruption avec comme conséquence, une perte des valeurs.
La place tenue par les citoyens face à l’ultralibéralisme en Europe. Le principe de taxe « Tobin » a été posé au Parlement européen à la suite des actions citoyennes dans une dizaine de pays européens, explique l’animatrice d’Attac. L’idée d’une taxe à 0,05% sur chaque flux financier est avancée à l’exception des échanges économiques. Ce qui justifie auprès d’Attac la mise en place d’un Comité scientifique.
Peut-on être libre si on est chômeur ? Qu’est-ce qui se cache sur le plan idéologique ? Il faut être réaliste, le Libéralisme tout court existe, Marx avait raison, rien n’a évolué depuis le moyen âge, l’asservissement de l’homme demeure d’actualité, le capitalisme domine la planète au détriment d’autres modèles. Attac ainsi que d’autres cherchent une autre alternative.
La philosophie qui est sous-entendue dans la Mondialisation découle de l’idée selon laquelle le monde est un village planétaire, ce qui favoriserait la mobilité des personnes et de leurs biens. En réalité ce sont plutôt les capitaux financiers qui circulent librement en quête des paradis fiscaux. Par ailleurs, il stigmatise l’usage d’Internet au profit de la mondialisation et s’interroge sur l’efficacité des mécanismes de contrôle dont dispose Attac pour envisager la taxation des flux financiers.
La réponse n’est pas technique mais politique, y compris l’idée de taxer les mouvements financiers via Internet, explique l’animatrice d’Attac. Les pays pauvres sont peu engagés suite aux difficultés d’accès à l’information .Tout tourne autour de la suppression de la dette. La libre circulation des personnes n’intéresse nullement les spéculateurs financiers au vu des regroupements et des fusions. C’est le saccage des économies domestiques qui, avec plus d’injection des capitaux, conduit à une fragilité des circuits de distribution. La question posée est de savoir s’il n’y a pas d’autres possibilités que de boire de l’eau polluée. Ce problème d’eau représente un enjeu majeur, insiste à nouveau une participante qui ne comprend pas pourquoi cet élément si naturel doit être commercialisé. La mondialisation est omniprésente. Le film a mis l’accent sur la souffrance de l’homme privé de liberté par manque de travail. Le paradoxe, c’est de faire prendre conscience qu’il faut lutter.
Je reconnais les effets positifs du Libéralisme : efficacité et nécessité pour l’homme. Détruit-il les libertés ? Favorise t-il l’économie spéculatives ? La liberté du Marché apporte t-elle plus ou moins de liberté aux citoyens ? La régulation politique est-elle indispensable, achève t-il.
On peut s’étonner du taux élevé d’abstention aux Usa (environ 100 millions). D’où l’ambition d’Attac de ne pas seulement réagir mais d’élargir sa vision de jouer un rôle transcendant.
Quel type de développement et de répartition de la richesse entre le nord et le sud ? L’externalisation, exemple la Ratp remet en cause les fonctions sociales de l’entreprise elle-même. Il formule la recommandation d’aider les responsables politiques à ne pas démissionner devant leurs responsabilités.
« France Télécom » s’oriente progressivement vers le marché, constate une participante ; tout ce qui est ingénierie va subir la conséquence de la sous-traitance. Ce film a des relents de ce qui se passe en France.
Les relations humaines à 90% se font par des relations économiques dominées par la loi du Marché. C’est la logique de précarité et de chômage relève ‘animatrice d’Attac. Quelle absurdité d’entendre des économistes penser que le chômage est « nécessaire » ! Réfléchir à une autre forme d’économie sociale et solidaire paraît évident. Ultra libéralisme sont pareils pense quelqu’un. L’Etat au-dessus du Marché ? Quelle doit être la nouvelle structure organisationnelle de l’Etat et ses rapports avec les citoyens ? Elle préconise l’idée de se l’approprier. Elle représente 6% du Pib en Europe actuellement. Relevant la puissance des arguments du film, indique que c’est le même objectif de compétitivité qui est utilisé chez Renault ou Michelin. Ces gens là n’ont pas une attitude humaine. Les capitalistes savent se servir de l’argent public. Exemple Daewoo à Longwy qui, une fois reçu l’argent public ferme l’entreprise. Attac permet aux gens de prendre conscience et d’agir en direction du politique.
Si il y a Libéralisme, pourquoi préconise t-on la taxe à 005% ? Il a y une quasi inexistence de projet devant s’opposer au Libéralisme. Sa préoccupation quotidienne repose sur ce qu’il peut faire pour le bien être de sa ville et général et son quartier en particulier. Bien que la Santé et l’Education ne soient pas générateurs de recettes, elles revêtent in intérêt de service public considérable. Il y a donc un vrai projet de société porté par des élus locaux jusqu’aux élus nationaux. Le mot « démocratie » dans le film fait plaisir mais il faut se le réapproprier, suggère t-il.
« Les partageurs de misère vous offrent leur richesse » lance le dernier intervenant de la soirée.
12o personnes étaient présentent pour cette projection
Aujourd’hui, quatorze ans plus tard, sûr qu’il n’y aura pas autant de monde
Cela montre comment le fait politique intéressait encore les citoyens