Toutes les relations humaines ne sont-elles que des rapports de pouvoir ?

Thème :           « Toutes les relations humaines
               
ne sont-elles que des rapports de pouvoir ? »
Essai de restitution du débat. Café philo de Chevilly-Larue.
                                          26 avril 2000.

 Animateur : Guy Philippon                        Modérateur : Chantal Deluchat.   
     La modératrice introduit le débat en proposant qu’on définisse d’abord les relations humaines et ensuite les rapports de pouvoir.
Débat : On peut classer les relations de pouvoir en huit catégories : La relation de l’enfant avec la famille, faite de réactions et de refus – La relation enfant/enfant où l’un veut prendre le pouvoir sur l’autre –  La relation enfant/adulte avec la confrontation entre les  pouvoirs structurés – La relation dans le milieu professionnel – La relation adulte/adulte – La relation citoyenne avec la délégation de pouvoir  – La relation sentimentale – La relation amicale , qui serait la seule où il  n’y a pas de rapports de pouvoir. (Il poursuit) :d’où vient le besoin de dominer ? Ne date t-il pas de l’époque tribale avec une propension chez certains à vouloir guider les autres ? Un homme libre a-t-il réellement le pouvoir de vivre sans domination. On peut considérer que   seul le pouvoir de la séduction peut-être accepté, conclut-il.

     – Quant à la notion de pouvoir, n’est-elle basée sur la notion de rareté ? Pour dominer l’autre, peut-être, mais aussi, une lutte pour la survie.
   – Les êtres humains sont au même stade que les mammifères vu que la notion de pouvoir est pervertie.
   –  N’est-ce pas  l’envie d’être Dieu tout simplement ? On comble comme on peut.
    – Dans les rapports entre les hommes, l’un aura plus de poids que les autres ; ce n’est pas seulement le poids de l’argent, c’est un poids intrinsèque qui agit sur la nature des rapports même sur ceux de puissance. Les rapports de force ne sont pas des rapports ordinaires, dans toutes les relations, même avec les enfants, ce sont des rapports de pouvoir.
   – Nous sommes passés de la notion de l’âme au rapport et au statut politique, dans « l’Aveu » l’acteur Yves Montand dit : « Il est difficile de voir clair quand tout le monde vous encense ». Un élu peut avoir une âme de crapule, mais être respecté. Les enfants doivent être protégés. Les gens cherchent à avoir u pouvoir sur les autres pour combler un vide.
   – Ce qui me gène c’est que l’on pose le pouvoir comme mauvais. Il n’est mauvais que s’il est mal utilisé.

    – Revenons au pouvoir et aux relations humaines, il y a le pouvoir de compétence, de présence et de permanence. Tout cela peut être dialectique, mais là où on exerce un pouvoir, celui-ci existe. Est-il égalitaire, démocratique et humain ? Tout dépend des personnes qui le détiennent.
   – Il peut y avoir des pouvoirs non issus d’élections. Le pouvoir peut être un but en soi. Le pouvoir peut être un outil pour faire des choses bien, des choses mal. C’est dans ce cadre que le pouvoir peut être délégué et se traduire par la prise de responsabilité.
    – Le pouvoir qui s’exerce n’est pas toujours souhaité. Ce peut être aussi un pari avec soi-même ou un défi qu’il faudra assumer.
   – La compétence n’est pas toujours assimilée au pouvoir. C’est le pouvoir pour le pouvoir qui est contestable.
   – Dans toutes les relations humaines, on rencontre le pouvoir comme capacité et moyen d’agir sur le réel. Le pouvoir est lié au talent et aux compétences. Il existe le pouvoir « de » et le pouvoir « sur ». Les deux sont liés par les termes « Pouvoir – Savoir ». C’est trop le second sens qui prime, car il exige moins de courage et moins de volonté que le premier. Le pouvoir pour faire obéir va plus vite que celui d’aider l’autre à progresser.
  –  Il faut donner le savoir d’abord, car nous possédons le pouvoir sur la matière, sur les couleurs, sur les mots, sur les notes, sur l’amour, sur la tendresse…
   – Le pouvoir est un concept globalisant. De quel pouvoir parle t-on ? Du pouvoir éternel, spirituel, temporel ? Le pouvoir temporel émane de tout homme qui détient une portion de pouvoir. La dialectique est importante, car la foi conduit à des dictatures, à des intégrismes. Avoir le pouvoir de l’argent, c’est avoir u pouvoir de coercition important. C’est identique pour tout pouvoir qui essaie de mieux la démocratie.
   – La pouvoir de démocratie, c’est le pouvoir de la force (rapport de force). Le pouvoir de la foi, un pouvoir immatériel…
   – L’Iman Khomeyni avait  le pouvoir spirituel et n’avait pas le pouvoir financier lors du renversement du Shah d’Iran.
    – Je n’aime pas les rapports de pouvoir, j’aime les rapports de force. Toutes les situations de conflit sont enrichissantes…

   – Trois formes de pouvoir me semblent légitimes ; le pouvoir de la croyance, fondé sur la coutume – le pouvoir charismatique (la confiance accordée à un individu) – Le pouvoir démocratique (notamment entre citoyens français et européens). Le pouvoir légal prend appui sur la croyance pour édicter des règles qui s’applique à tous. Les valeurs rationnelles du pouvoir, c’est la réponse aux sondages d’opinion et la propriété de ceux qui l’exerce. Le pouvoir doit-il rester secret pour ceux qui l’exercent ? Doit-il être le plus transparent possible ?
   – Le secret sur le pouvoir est effrayant, c’est le cas hélas pour le Kosovo aujourd’hui où il y a eu autant de mort qu’au Congo Brazzaville, et aucun politique, aucun média n’en parle. Pourquoi ?
   – Le secret est nécessaire pour toute personne qui veut agir, y compris pour mener à bien des réformes.
   – Le récent  film « The big one “ de Mikaël Moore, nous montrait que ce ne sont pas les pouvoirs politiques qui dirigent face à la Mondialisation.

   – Les relations humaines ont toujours à voir avec le pouvoir. Les lieux de pouvoir s’éloigne, le pouvoir demeure néanmoins, cela a des conséquences sur notre vie de tous les jours. Ce qui pose problème pour approcher concrètement les valeurs humaines et faire éclater les vérités. On ne peut pas lutter contre un pouvoir secret. Ce sont des décisions que l’on subit. En 1945 Albert Camus était de ceux qui s’opposait à la guerre atomique et faisaient face à quelques hommes qui détenaient le pouvoir et décidait en secret. En conclusion, l’animateur cite un passage du texte sur l’éloge de l’étude écrit par Bertold Bretch au moment du fascisme.

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Une réponse à Toutes les relations humaines ne sont-elles que des rapports de pouvoir ?

  1. cafes-philo dit :

    Les débats de cette époque semblent être très orientés politiquement
    mais c’était le fait de tous les cafés-philo des années 2000

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