Les mots permettent-ils de se comprendre ?

Restitution du débat. Café-philo de Chevilly-Larue
22 avril 2009

Courbet. Bonjour Monsieur Courbet. 1854. Musée Fabre. Montpellier.

Animateurs : Guy  Pannetier, Danielle Vautrin.
Avec le concours des poètes : Florence Desvergnes et Jean Bernard Tandaravayen.
Introduction : France Laruelle
Modérateur : André Deluchat

Introduction : Les mots sont des moyens de communication parmi d’autres comme les gestes, l’expression, le regard, le sourire… Le moyen le plus utilisé, la parole, est propre à un groupe : ethnique, social, professionnel. Elle a la place la plus importante dans la communication avec les mots vecteurs de notre pensée. Elle est un outil à double tranchant, et les mots ayant leur poids, il nous faut mesurer l’importance du choix des mots que nous utilisons pour nous faire comprendre. Sur une même phrase un auditoire va percevoir, interpréter, différemment. Celui qui parle a les cartes en mains et peut être tenté d’orienter la perception, la pensée de l’auditeur dans un sens précis. Par leur puissance, leur pouvoir, les mots font partie d’un ensemble de fonctionnalités, de la parole, de la sémantique, de la linguistique. Pour organiser nos réflexions, notre débat, on pourrait traiter le sujet en trois chapitres qui seraient : Le langage – Les mots – La sémantique.

Débat : G Pour que les mots nous servent à nous comprendre, à communiquer, il faut qu’on mette les mêmes valeurs dans les mots, qu’on ait la même culture, les mêmes conventions…

G La pensée précède le mot ; en eux-mêmes ont-ils un pouvoir ? Pourrait-on produire un évènement avec le mot seul ?  Parfois les mots ne sont pas le plus important, c’est le ton qui importe. Des acteurs ont fait du « Gromlo », c’est-à-dire que de temps à autre ils mettent un mot compréhensible : table, bicyclette…et le public croit comprendre…

G Un homme dit avec un ton très doux à son chien « tu es un idiot », et le chien remue de la queue. S’il lui dit en criant « je t’aime » le chien se sauve…

G Plus le langage s’enrichit plus il nous paraîtrait difficile d’être précis. Être précis c’est avoir le souci d’être compris par tous, « on ne parle pas qu’à son chapeau »! Se faire comprendre est une forme de respect des autres. Schopenhauer qui pour diverses raisons n’aimait pas beaucoup Hegel disait en parlant de ses cours, « il enfile des concepts, comme d’autres enfilent des perles » ; ainsi on peut rencontrer des personnes qui alignent des mots comme une musique pour eux-mêmes, ce qu’illustre Molière : Philinthe dans le Misanthrope dit :« – c’est un parleur étrange, et qui trouve toujours, l’art de ne rien dire avec des grands discours ». Je n’ai le sentiment d’avoir compris que si je suis en mesure d’expliquer clairement ce que j’ai compris, et que ceux qui écoutent sont à même, à leur tour, d’expliquer et de faire comprendre. Le langage est exigeant.

GGGG Discussion générale :  – Il y a des mots qui tuent – Il y a des mots qui créent des maux – On guérit aussi des maux avec les mots – Les mots qui font le plus mal sont ceux qu’on ne peut pas dire – Ils peuvent être assassins pour les autres et exutoires pour soi…

G Il y a ce que je dis, le sens donné, et ce qui compte le plus c’est ce qui va être perçu. La construction autour des mots est souvent plus importante que les mots en eux-mêmes, et dans le propos le fil conducteur est essentiel pour faire aller là où l’on veut aboutir, y amener le récepteur. Je peux en cours de discours changer d’objectif, mais si le public n’est pas dans le même contexte ce peut être un flop…

G Ceux qui ont l’habitude du discours peuvent utiliser la méthode répétitive qui consiste, au début du discours à « dire ce que l’on va dire » puis développer son propos et « dire ce qu’on veut dire » puis en conclusion rappeler « ce que l’on a dit »

G Celui qui s’exprime peut avoir le pouvoir des mots, et parfois en utiliser au détriment des autres ; c’est la casuistique : « La casuistique chez les Jésuites comprend la « reservatio mentalis » qui consiste, lors de la rédaction de traités publics, à utiliser des expressions permettant, si on le désire, une interprétation à son profit… »Kant. Vers la paix perpétuelle. 1795. Le mot, le propos qu’on entend est alors celui que l’on veut entendre, qu’on prend pour argent comptant… jusqu’au jour des non-ditsdésillusions…

G « Se comprendre », renvoie aux mots non-dits, aux maux sans mots, des problèmes d’enfance qu’on a en soi…, il faut de l’écoute pour faire sortir ces mots…

G On a tous son sac de mots sur le dos…

G « L’ enfant sauvage », sans communication va stagner dans son développement, les mots sont essentiels à la construction de l’individu, à sa croissance… et aussi à l’évolution de la civilisation.….

G L’absence de mots a été expérimentée, sur des bébés, des enfants à qui il était interdit d’adresser la parole. On imaginait qu’ils allaient spontanément créer un langage pour communiquer…Ils sont tous morts.

G « Les mots permettent-ils de se comprendre » pourrait signifier déjà, se comprendre soi-même, quitte à se servir du soliloque. Puis, se comprendre les uns les autres pour entrer en communication demande d’être sur la même longueur d’onde, dans le même schéma de pensée, sinon il peut y avoir des méprises. Tout part du sens donné et du sens reçu, et si l’autre n’est pas « en écoute », il n’en ressortira pas grand-chose, il faut, le désir, la volonté d’échanger….

G Seuls, les mots ne sont rien, la phrase est le chemin du mot…

G On peut considérer la parole comme un mille feuilles, chaque feuille étant une strate, qui est fonction : de l’érudition, de l’éducation, du milieu. Devant un cercle « d’érudits » vous allez utiliser un français plus élaboré, plus littéraire. Ceux qui entendraient ce langage dans une cité seraient interloqués, comme vous pourriez être interloqués devant leur langage.

G « … Le concept d’une chose, ou sa définition doit être tel(le) que toutes les propriétés de la chose, considérée seule et sans être adjointe à d’autres, puissent en être conclues, comme on peut le voir dans cette définition du cercle. Car, il en est clairement conclu que toutes les lignes du centre à la circonférence sont égales » …..« Par exemple, le cercle, selon cette loi, devrait être défini ainsi : une figure décrite par une ligne quelconque dont une extrémité est fixe et l’autre mobile.… (Spinoza. Traité sur la réforme de l’entendement) Nous voyons là comme « le fil à couper le beurre » de la géométrie, comment quelques mots qui donnent un exemple qui fait appel à un sens qu’est la vue, va nous nous faire conceptualiser très précisément un cercle, alors que le propos qui précédait, sauf à être accoutumé à certain langage ne nous dit rien, nous laissent dubitatifs. Les mots ne peuvent pas tout dire. Les mots nous parlent directement s’ils font appel à l’image, à notre expérience, mais, à l’inverse ils peuvent nous paraître abstrus s’ils ne savent pas dépasser la conception propre de l’émetteur. Les philosophes connaissent trop bien cela, avec par exemple les apories, soit des propositions qui ne peuvent s’accorder entre elles, (comme la célèbre aporie de Diodore), les voies sans issue des mots, les syllogismes ou plus simplement avec le paradoxe. Exemple : Epiménide le Crétois dit : « Tous les Crétois sont des menteurs, je suis Crétois et je vous dis la vérité ». Et là au lieu de tout dire, de nous donner la bonne explication, les mots posent des questions et ouvrent des polémiques.

G La compréhension résulte de l’argument, de la présentation…Pour se faire comprendre même les philosophes utilisent les exemples, l’anecdote, la parabole, pour marquer l’auditoire, mobiliser son attention, il emploie l’image, comme le poète, tout ce qui permettra de passer par les cinq sens. On a plus que la parole pour se faire comprendre…

G (Jean Bernard)

« Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
TOUT, la haine et le deuil ! Et ne m’objectez pas.
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.
Écoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille du plus mystérieux
De vos amis de cœur ou si vous aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.
Ce MOT – que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin,
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et cætera
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive
Et railleur, regardant l’homme en face dit :
 » Tsunami de motsMe voilà ! Je sors de la bouche d’un tel.  »
Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel. (Victor Hugo)

G Les mots :
« Parfois, ils coulent de source,
à la queue leu leu les mots s’enchainent, alignés, sans heurts,
silencieux comme un filet d’eau dans la rase d’un pré pentu au printemps,
ou, parfois gazouillent dans une cascadette
Parfois l’un d’eux se détache, éclate et claironne
Un autre roucoule…
Parfois turbulents, ils s’entrechoquent avec bruit
dans un cliquetis d’âmes,
de clameurs de manifs…
Ça bloque parfois. Silence subit.
L’étendue calme, plane, égale, vapeurs de brume légère
d’un lac où se mirent des aulnes, …
Mais un vague remous se meut sous la surface…
ou le jaillissement prompt, comme un saut de chevesne
qui s’éteint peu à peu en cercles concentriques,
les trahit: Ils sont là, pleins de force accumulée, d’une vie puissante à peine contenue…
Parfois ça craque
Déferlement d’un barrage rompu. Fracas.
Tsunami de mots
de mots dits
maudits
qu’il eût fallu taire »
(Robert Molimard)

Poème. En duo : Florence et Jean Bernard.
Décalage :
Lui : Mon amour, il perle de vos yeux un lac où je me noie !
Elle : Bien sûr, c’est toujours moi qui épluche les oignons !
Lui : Etre à vous, vous regarder vivre est ma seule joie !
Elle : Feignant, tu ferais mieux de gagner du pognon !
Lui : Mon amour, toujours, votre parfum m’enivre !
Elle : Fieffé ivrogne, tu reviens encore du bistro !
Lui : Ah ! Notre nid douillet où les carreaux s’engivrent !
Elle : Tu n’as pas payé le chauffage foutu poivrot !
Lui : Avec toi je rêve de vivre d’amour et d’eau fraiche !
Elle : Avec toi ou sans toi, je rêve d’un frigidaire !
Lui : Avec toi, partir ; sans toit, rien qu’une crèche !
Elle : Je suis partie, sans toi, je retourne chez ma mère !
Banalité ou humour, introduit des distorsions.

G Pour se faire comprendre encore faut-il utiliser un langage non seulement précis mais accessible à tous. Ne pas soucier de cette règle est une forme d’impolitesse, et là nous ne sommes plus tenus à la politesse d’écouter ? C’est peut-être un peu facile de penser que ce sont les autres qui ne comprennent pas, et partager le jugement de Machiavel «….. il y a trois sortes de cerveaux – l’un comprend par lui-même, l’autre discerne ce qu’autrui comprend le troisième ne comprend ni par soi ni par autrui. Le premier est tout à fait excellent, le deuxième excellent, le troisième nuisible ». Machiavel. Le Prince. § XXII. La compréhension de nos propos reste en effet primordiale ; que de méprises, que de fâcheries, des disputes pour un mot mal compris, une idée mal exprimée ; la plupart de nos désaccords sont d’origine grammaticale ; ajoutez à cela la ponctuation qui peut vous envoyer un homme en prison. D’autre part les philosophes distinguent : compréhension et explication (que nous disent-ils par là,) : que l’explication donnerait les causes et connaissance du dehors, et que la compréhension donnerait le sens et la connaissance du dedans. Ce à quoi Comte Sponville ajoute : « Expliquer peut permettre de comprendre ; comprendre n’a jamais suffit à expliquer ».

Poème:
Et je passais mon temps
A digérer des mots
A malaxer très tôt
des sortes de d’à-propos
que je trouvais très beaux
Et je passais mon temps
Sans vouloir, sans savoir,
Si ça valait pipeau.
Un tempo de blaireau
Qui tenait du texto
Je déclinai des hooo !
Sans ressentir de haaa !
Et j’ai voulu savoir
ce que valait ces hum
hum! mm! mm! mm! mm!
et je passai mon temps
à digérer des maux
a accoucher très tôt
des p’tits mots, des gros mots
avoir la tête de veau
sans même savoir
pour qui sans même
vouloir, pourquoi ? .Si ça valait pipeau
je déclinais des ho !
sans ressentir de ha !
Et j’ai voulu savoir ce que valaient ces hum !Hum ! mm ! mm ! mm ! mm !
mais je gardais pour moi
ces mots, ces autres maux
des mots sans autres jours
que je voulais pour toi
et je passais mon temps
à penser des beaux mots
ces mots qui sonnaient trop
mais qui n’étaient pas faux
j’ai voulu les pousser
à s’épancher, pas trop !
et je les ai gardés
pour moi murés
dans le silence
restés dans le cachot
espèce de sal eau.
(Texte déposé. Jean Bernard)

Le poème de Florence : Au fil des mots
Emportez-moi dans un rêve éveillé
Au creux d’un livre à peine ensommeillé
Dans le souffle des mots chuchotés à l’oreille
Des mots qui bruissent, des mots qui glissent, des mots d’abeille

Emportez-moi dans un rêve composé
Un caléidoscope joyeux, osé
Dans un album vivant aux multiples visages
Des images infinies, des images, des mirages

Emportez-moi dans un rêve érigé
Un rêve en marche, des moulins corrigés
Emportez-moi encore sous une pluie sauvage
Une pluie de mots, une pluie tendre d’orage

Emportez-moi dans un rêve assoupi
Au creux d’un bras, d’une peau assouplie
Dans un souffle, une caresse, un émoi
Emportez-moi et puis embrassez-moi.

G Le langage donne forme à la pensée, et délimite ce qu’il possible d’émettre de la pensée. Il peut être instrument de domination dans le domaine politique, social, économique…Staline dans la « Pravda » du 20 juin 1951 écrivait : « …qu’avec l’apparition d’un nouvel Etat, une nouvelle culture socialiste, une nouvelle morale, et avec les progrès techniques de la science ; quantité de mots et d’expressions ont changé de sens et ont acquis une signification nouvelle, d’où la possibilité de donner d’autres sens aux mots et aux choses, et aux évènements ». Il arrive que des hommes de pouvoir ne s’en privent pas.

G C’est la Révolution sémantique ! A l’œuvre particulièrement aujourd’hui…

G Le regard est complémentaire au langage, il y a aussi le langage du corps, le corps parle. On peut parfois en observant bien, déceler la fausseté dans le discours.

G Un  mot donne le sens : on peut trouver l’œuvre « L’étrange « cas » du Dr Jekyll et de Mister Hyde » sous un autre titre : « L’étrange « affaire » du Dr Jekill…. ». Le mot anglais « case » peut être traduit par « cas » (sens médical), mais c’est aussi « affaire » (sens juridique) ; donc selon l’acception du mot, il n’y a pas le même éclairage, donc pas la même lecture.

G On peut atteindre cet objectif « se comprendre » si déjà on renonce à la volonté de séduire, de tromper, de se livrer à des manipulations d’opinion, à la propagande, à faire peur. Si tout ceci est éliminé dans le propos se comprendre est réussi.

G Les Mots :
« Au début était le verbe.
Et le verbe se fit bulle,
Motus et bouche cousue.
Au début était la verve,
et le verbe se coucha.
Mots écrits et mots figés.
Au début était le verbe,
et le verbe se fit encre.
Petits mots du soir, espoir….
(Florence Desvergnes)

G Donner à comprendre un concept, une idée, peut s’accompagner de schéma, d’exemple, d’images. Il y a souvent des images dans les mots. Nous sommes dans le bicentenaire de Darwin et à la question : êtes évolutionniste ou non évolutionniste ? On peut prendre ce vieil exemple de « la poule qui a fait l’œuf ou de l’œuf qui a fait la poule ». Si je suis évolutionniste je pense que la vie fut d’abord une cellule qui se développant et mutant créa la vie, donc j’ai opté pour l’œuf. Si je ne suis pas évolutionniste, je pense qu’une force supérieure a créé ex nihilo l’univers, la Terre, et toutes choses, donc j’ai opté pour la poule. Darwin c’est beaucoup plus que cela, mais l’explication par l’image marque plus nos esprits, ainsi notre compréhension s’en trouve renforcée et nous saurons à notre tour, expliquer cet aspect de l’évolutionniste.

G Les mots sont dits, ou les mots sont écrits, mais en sont-ils plus compréhensibles ?

(Florence Poème) :

 Ecrit sur le buvard
A la morsure des dentelles
Couché sur le plumard
Dans le murmure des aisselles
L’auréole d’un saint
Vain comme un cheval fatigué
C’est le violon qui geint
Dans un désert alambiqué
Et l’encre qui s’étale
Comme un point d’interrogation
Une idée qui détale
Neiges aux pôles et point de fusion

G « Oui et non sont les mots les plus faciles à prononcer, et pourtant c’est ceux qui demandent le plus d’examen » (Talleyrand).

G (Texte de France) : Le langage c’est le trésor des peuples, c’est le véhicule qui fait voyager les idées, les pensées, les connaissances et le savoir. Les mots sont des pierres précieuses du trésor à utiliser avec précaution afin de leur garder leur pureté, leur prestige, leur influence et leur pouvoir. La sémantique, c’est la valeur fondamentale et noble du trésor, c’est elle qui donne de l’intérêt au voyage linguistique et rhétorique par la richesse du vocabulaire…La particularité du trésor est que plus nous sommes nombreux à le partager, plus le trésor fructifie.

Conclusion : L’idée souvent est plus forte que le mot, « Le mot est le serviteur de l’idée », sauf peut-être pour l’écrivain, le philosophe, ou le poète, qui crée l’idée à partir du mot, et qui peuvent faire mentir cette phrase de Julien Green : « La pensée vole et les mots vont à pied ». Le mot est fidèle serviteur s’ils nous aident à transmettre nos idées, nos sentiments. L’adage nous dit « Ce qui se comprend bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » ; ce qui peut être réfuté si nous considérons que, si nous connaissons bien dans notre propre conception ce que nous voulons dire, nous ne savons pas toujours structurer nos idées pour rendre intelligible, accessible, notre pensée, « Ah ! Si je savais dire comme je sais penser ! Mais il était écrit là-haut que j’aurai les choses dans la tête, et que les mots ne me viendraient jamais ». (Jacques le fataliste. Diderot) L’adage peut être aussi, vrai dans les sens où nous aurions à ce point bien compris que nous serions en mesure avec toute la richesse des mots de faire comprendre à notre tour ce que nous avons compris. Les mots permettent de se comprendre si l’on utilise au sens large, le « même langage », ou si l’on dispose mutuellement d’une même et riche connaissance des mots. Mais si ce que l’on dit est bien sûr dans les mots, ces mots prennent parfois plus de force, plus de sens, par les expressions, par le regard, par le désir de faire comprendre au-delà des mots. Un regard dira parfois plus qu’un discours. On peut mettre dans les mots plus que leur simple signifiant, faire appel à toute notre capacité d’imagination, créer l’image, c’est la magie du mot, la magie de la narration, la magie de la poésie : « …La danse de Flora est devenue autre chose qu’un amusement, qu’une distraction. Lorsqu’elle danse, ses mains dessinent les corps des hommes qu’elle a connus.. » (Emmanuel Rivas. Los libros arden mal), ou, « Quand une femme vous parle, écoutez ce que vous disent ses yeux ». (Victor Hugo). Pour comprendre, se comprendre, (saisir ensemble), il est souhaitable que la démarche d’aller vers l’autre soit paisible, non agressive dans le propos, qu’elle crée l’empathie. Quel bel usage des mots s’ils créent du lien ; « Les mots agréables ne coûtent rien, et pourtant, ils sont d’une si grande valeur »

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