Restitution du débat. Café-philo de Chevilly-Larue
29 octobre 2009
Animateurs : Guy Pannetier. Danielle Vautrin. Guy Philippon.
Introduction : Guy Pannetier.
Modérateur : Marc Ellenberger.
Introduction : « Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire », nous dit Diderot en 1753 dans l’ouvrage « De l’interprétation de la nature ». On peut penser, quand on connait l’œuvre du philosophe, que dans le propos de Diderot le mot « populaire » n’a pas la même connotation que celle que certains pouvaient lui donner : la plèbe, le vulgaire. Diderot souhaite que tous puissent accéder à une éducation, à un savoir, à la connaissance, qui étaient jusque là l’apanage de la noblesse. C’est alors surtout vouloir sortir le peuple de l’obscurantisme, pour qu’il puisse penser par lui-même et choisir son modèle de société, son modèle politique. Le clergé, qui alors forme les esprits, en est encore à Saint Augustin : « Prenez garde que personne ne vous pipe par la philosophie et ses vaines séductions, en suivant la tradition des hommes…, et non du Christ. » (Confessions. Livre 3, § 4). Ce sera alors une lutte contre l’ignorance. Ce sera l’Encyclopédie, avec tous les ennuis de cet ouvrage, « mèche » de la Révolution. Y ont participé : en premier lieu, Diderot et d’Alembert, puis Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Buffon, le philosophe athée le baron d’Holbach, pour les philosophes les plus connus. Diderot sera également soutenu par Madame de Pompadour. L’Encyclopédie symbolise tout l’esprit des Lumières. En 1752, un édit royal interdit l’Encyclopédie, puis ce sera le Pape Clément XII qui mettra l’Encyclopédie à l’Index, menaçant d’excommunication tous les catholiques qui en posséderaient un exemplaire; ils doivent, s’ils en possèdent, donner les exemplaires au curé pour qu’il les brûle. Philosopher a pu, en un temps, être un acte subversif. Ce serait dommage de ne pas profiter de cette liberté. Tout ce qui tend à rendre la philosophie populaire serait alors rendre hommage aux philosophes des Lumières. Mais, même si nous nous inscrivons dans une philosophie populaire, nous ne pouvons évacuer la question parfois posée : « Une philosophie populaire est-elle encore une philosophie ? »
Débat : G Au temps de Calvin, on a traduit la Bible en français, on l’a vulgarisée et on l’a distribuée un peu partout. Le peuple s’est aperçu que dans la Bible il n’y avait pas tout ce qu’on leur racontait : sur la confession, les sacrements, les saints, la virginité de Marie… Donc, ça a été l’occasion de permettre non seulement aux gens de lire, mais de réagir à des abus possibles d’une institution. Donc, le principe de rendre la philosophie populaire, c’est-à-dire transmettre un maximum de connaissance, paraît intéressant. Ceci dit, j’aurais tendance à défendre une position un peu élitiste en demandant si la philosophie, qui est réfléchir et élaborer des idées, est à la portée de tout le monde ? Est-ce que la philosophie, de ce fait, n’appartiendrait pas à une élite ? Et le fait, ce soir, de nous réunir pour parler de philosophie, cette démarche de réflexion, d’échanges culturels, tout le monde peut-il y accéder ? Permettre à tout le monde d’y accéder : oui ! Mais sans tomber dans la vulgarisation, la simplification.
G Dans la question posée dans le sujet de ce café-philo, au terme « Faut-il », j’aurais préféré « Comment rendre » la philosophie populaire ? Dans « faut-il », il y a un processus unilatéral, un décret qui émanerait de celui qui détient la connaissance…
G La question sous-tend également « Peut-on rendre la philosophie populaire ? ». Dans l’esprit de tous, philosophie égale sagesse, mais elle ne donne pas de codes, seulement des modes de comportement, des manières de vivre, et comment gérer son rapport avec les autres. Ceci bien intégré par un plus grand nombre, c’est un pas vers la popularisation de la philosophie, laquelle ne peut pas être simplement élitiste.
G On peut déjà se poser la question sur ce qu’elle est aujourd’hui : grande ou populaire ? Est-ce une science ? Une discipline ? La contradiction dans la philosophie, c’est quelle prétend parler au nom de la philosophie, quand elle est enfermée dans une langue, un discours. Et même dans sa modalité, elle n’est pas universelle ; donc, a-t-elle le droit de parler au nom de tous ? Tout le monde ne peut pas lire Sartre ou Heidegger, c’est un état de fait, il y a un jargon, une culture, des références, un état d’esprit.
G Pour moi, être philosophe, c’est prendre le temps de réfléchir. Tout être humain est capable de réfléchir, donc capable de philosopher. Est-elle élitiste ? Même si il y a différents niveaux, elle reste accessible à tous, donc populaire. Plusieurs fois, on a voulu arrêter l’enseignement de la philosophie dans les études secondaires. La philosophie, c’est dangereux, subversif ! Il faut refuser qu’elle soit élitiste !
La philosophie a un mode opératoire scientifique. Pour les spécialistes, elle va jusqu’à un aboutissement. On dit la même chose de la science, de la musique… Donc, si on écarte un aspect élitiste, tout comme la science n’appartient pas qu’aux scientifiques, elle n’est ni du peuple ou de l’élite, mais pour tous, et donc populaire. Il y a des ouvrages qui permettent un accès facile à la philosophie, ce qui œuvre à la rendre populaire.
G Quand on ajoute « populaire » à philosophie, ce qui dérange, qui gène, c’est ce mot populaire. Qu’entendons-nous par populaire ? Que voit-on quand on parle d’une philosophie populaire : plus de gens qui accède à la philosophie ? Est-ce que la qualité ajoutée au nombre en ferait la popularité ? S’il ne s’agit que du nombre, il y a déjà le roman populaire, où parfois on n’est pas loin de la philosophie ; il y a des romanciers qui se situent entre romanciers et philosophes, tel Albert Camus qui disait : « Je ne suis pas philosophe, je suis romancier », alors que toute une partie de son œuvre parle de philosophie. Dans les études, en terminale, quelle philosophie propose-t-on aux étudiants ? Philosophie élitiste ? Philosophie populaire ? Sont-ils convaincus de poursuivre la philosophie à l’issue de ces cours ?
G Si on regarde du côté du mot populaire, on voit pour son contraire : impopulaire, inconnu, méconnu. Donc, l’aspect positif serait : avoir de la popularité, être connu de tous, mais les impôts sont connus de tous et sont impopulaires ! Alors, ce serait quelque chose qui mériterait l’admiration, qui aurait la faveur de tous, donc l’universalité ; ou, au sens pratique, qui serait pratiqué par tous ? Dans populaire, on entend aussi « bon sens commun », comme l’adage populaire, déjà des substrats de philosophie. La formulation « Faut-il rendre la philosophie populaire ? » sous-tend qu’elle ne l’est pas, ou pas assez. Donc, certains auraient cette mission de répandre la philosophie « vers le bas » (si j’ose dire). Quels seraient alors les acteurs chargés de rendre la philosophie populaire ? Est-ce le gouvernement ? – Le choix des programmes, ce n’est pas anodin –. Est-ce que c’est l’Education nationale ? Les professeurs ? Est-ce que ce sont les spécialistes patentés, lesquels devraient essayer de se faire comprendre par tout le monde ? La question posée peut être synonyme de « Faut-il vulgariser la philosophie ? ». Quel serait le rôle des médias dans ce domaine (généralistes ou spécialisés)? Et celui des parents ? Et celui des amateurs de philosophie, pouvant avoir une vision plus éclairée ? Ou des clubs de rencontre tels les cafés-philo ? Quant à l’aristocratie de la philosophie, cela fait penser à la caste de Platon, avec des aspects qui peuvent mener vers la tyrannie. Sous quelle forme peut-on populariser cette philosophie ? Est-ce qu’on laisse à chacun son libre arbitre pour décider comment il peut s’ouvrir à la philosophie ? L’expression « populaire », avec toutes ses acceptions, crée un rapport ambigu : élitiste, ou méprisable. J’aurais préféré comme question : « La philosophie peut-elle être populaire ? ».
G Il y a des expériences intéressantes d’enseignement de la philosophie avant la terminale, par exemple dans les écoles primaires ; les enfants réagissent bien. Pourquoi attendre la terminale, alors que cela va les aider à développer leurs arguments ?
Le poème de Florence: Doit-on rendre la philosophie populaire ?
Accoudée au comptoir
Je déroule une histoire
Où il serait question
D’une banlieue, d’un bastion
De voleurs, d’honneur, de chieurs
Tous des menteurs !
Comme disait ma grand-mère
Qu’était vachement fière
Comme une montgolfière
Le fond de l’air est frais,
Les saisons sont folles
Et les filles frivoles
J’ai rencontré Bacchus
Vers le marché aux puces
J’ai croisé sa route
On a joué au baby foot
Et il m’a pris la tête
Comme une pastèque !
Depuis je philosophe
Et j’apostrophe
Tous les tocards
Politicards
Je suis le roi
Du pastaga
Et la concierge
A mis un cierge
A sainte Catherine
Pour que j’urine
Chez les voisins
C’est pas malin !
C’est en hommage
Au grand ramage
Des professeurs
Ces emmerdeurs
Qui considèrent
Dessus leur chaire
Que le comptoir
Est un foutoir
Plein d’imbéciles
Et de débiles
Sans états d’âme
Des bonnets d’ânes !
Florence Desvergnes
G Il y a plein de lieux de parole. Les médias font aussi un travail en ce sens. Il y a des émissions à la télévision et à la radio sur la philosophie, des interviews de philosophes. Il faut savoir aller chercher la philosophie là où elle est. Sur le plan de la vulgarisation, il existe plein de choses, à côté d’actions pour la recherche, dans les domaines spécifiques : politique, psychologie, sociologie, métaphysique. Il faut qu’il y ait en philosophie, comme dans les autres domaines, des personnes qui soient capables de travailler de façon un peu pointue pour rendre populaire leur discipline, en développant un certain nombre de thèmes.
Faire de la philosophie, cela peut se faire seul, avec un livre de Spinoza, par exemple ! Il y a mille façons d’aborder la philosophie, aussi bien de façon personnelle, que spécialisée ou populaire.
G Entre ceux qui philosophent, ceux qui écrivent des livres, les philosophes « professionnels », ceux qui lisent, ils se singularisent tous. Si un professeur de philosophie ne choisissait qu’une philosophie, ce serait comme quelqu’un qui parlerait de peinture en n’ayant vu qu’un seul et unique tableau. Les philosophes qui prétendraient apporter des réponses seraient sûrement « impopulaires » et, avec des réponses précises pour tout le monde, ce ne serait plus « être philosophe ». Ce qu’on peut considérer comme demande populaire, c’est des réponses simples, faciles. Mais les philosophes ont un langage propre et parfois le mot n’existe pas pour vulgariser. Nous avons d’un côté une demande de concret, de résultat, alors que la philosophie n’apporte que des moyens pour faire le chemin vers la connaissance.décroissance
G En philosophie, comme dans les arts, aimer tout, pour moi, c’est non ! Tout connaître, oui ! Je me suis intéressé à beaucoup d’auteurs en philosophie. Il y en a quelques uns où je n’arrive pas à rentrer dans la démarche, dans le langage : ça ne me parle pas, alors que je comprends bien Diderot, Voltaire, Nietzsche, Schopenhauer…Il y a sûrement un apprentissage. Peut-être que dans 30 ans je comprendrai enfin Plotin, Hegel, jusqu’à Deleuze. C’est toujours : où situer une philosophie pour tous, une philosophie populaire ?
G On peut constater que l’on parle beaucoup plus de philosophie aujourd’hui. Ainsi, des chaînes de radio et de télévision organisent des débats avec des philosophes et donnent beaucoup plus la parole aux sociologues. Nous entendons aussi des économistes prendre en compte la philosophie. S’agit-il d’une mode, d’un effet saisonnier, comme les suppléments des grands périodiques, qui chaque mois d’août nous proposent des fascicules du type « Tout sur Platon » ? Cela va bien au-delà. C’est peut-être un contrepoids à la société de consommation. Nous avons aussi vu « une première » cette année avec, au programme des universités d’été du MEDEF, le thème de « la décroissance ». La philosophie populaire doit traverser toutes les couches sociales. En effet, « penser demain, c’est parfois chasser les raisons dominantes » (Anne Fagot-Largeault).
C’est peut-être là un signe que nous irions vers un bouleversement de notre civilisation moderne. Nous l’avons déjà évoqué, dans les débats sur les grandes écoles de philosophie, il y a des périodes charnières qui amènent toujours un renouveau philosophique. Chez les Grecs, les Sophistes donnèrent des cours aux fils du peuple et ainsi accompagnèrent la démocratie de Périclès, s’attirant par là les plus vives critiques des Platoniciens de l’Académie. Il y avait déjà deux philosophies : populaire chez Protagoras, académique chez Platon. Epicure, dans son « jardin », donne ses cours aux profanes, aux femmes, aux esclaves. Chez les Romains, les Stoïciens donnaient des cours aux esclaves comme aux empereurs.
Alors, pourquoi un regain de la philosophie ? Peut-être parce que l’homme a le sentiment de ne plus faire l’histoire, que seule l’économie guide son histoire ; peut-être qu’il cherche comment il pourrait se sortir de ce piège dans lequel il s’est lui-même enfermé, qu’il cherche le pourquoi de cette crise de génération. Nous reconsidérons nos valeurs et, là, la philosophie a toute sa place ; pour cela, elle doit être, au meilleur sens du terme, « populaire ».
G La philosophie c’est l’inconfort du doute, donc obstacle à sa popularité. C’est une discipline socialement dangereuse, un peu comme la psychanalyse…
G Je ne suis pas « philosophe » et je cherche la philosophie, je la demande : c’est un besoin. Philosopher, c’est apprendre à se méfier des apparences trompeuses (cartésianisme) et chercher la vérité au-delà des apparences, ce que nous dit Spinoza : « Nous subissons les causes qui agissent en nous tant que nous les ignorons ». Par contre, plus nous les connaissons et les comprenons, plus la situation se transforme. En effet, connaître le mécanisme d’une fièvre ne nous protège pas pour autant. Nous continuons à en subir les inconvénients, mais savoir que cette fièvre est due à telle infection permet de mieux envisager sa guérison. Le rôle du philosophe, celui qui veut faire connaître, aimer la philosophie, doit répondre à une double approche : il y a une approche naïve et une approche savante ; au philosophe de savoir à qui il s’adresse, à lui d’adapter son langage, de savoir comment aborder celui qui est en quête. Pour celui qui va vers la philosophie, c’est un escalier et l’on découvre marche après marche ; on peut aussi être aidé, avoir une rampe.
G Est-ce qu’il n’y a pas des périodes plus favorables pour la démarche philosophique ? On a parlé des Lumières. Dans les années 68, on parlait plus de philosophie, on osait parler d’idéal, d’idéologie, ce qui est devenu un mot « grossier » ; on en « crève » aujourd’hui de ne pas avoir assez de réels débats d’idées. Il y a peut-être des périodes d’endormissement de la pensée. On constate dans les inscriptions dans les universités qu’il y a des périodes où les étudiants sont plus enclins à faire des sciences et d’autres à faire des études littéraires.
G La philosophie de fait est déjà populaire et c’est une posture élitiste de poser cette question. Qu’est-ce qui pourrait justifier le fait de dire qu’elle ne doit pas « être populaire » ? Est-ce que cela pourrait la dévoyer ? Machiavel n’aurait pas renié une philosophie populaire ; des idées philosophiques qui pénètrent dans tout le corps social, pour « bien gouverner », cela peut être utile !
G Ne pas vouloir une philosophie populaire serait une attitude platonicienne ; on connaît la phrase « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre », inscrite au fronton de l’école « l’Académie » à Athènes. Peut-être y a-t-il dans les universités, au collège de France, des professeurs qui ne souhaitent pas une philosophie populaire ou qui pensent que c’est impossible, car 90% des gens n’auraient pas les aptitudes pour accéder à la vraie philosophie. De fait, on a du mal à échapper à ce schéma de philosophie élitiste contre philosophie populaire.
G A quel moment devient-on philosophe ? Après deux ans d’études de philosophie ? Après un doctorat ? Ou parce qu’on a réfléchi sur la vie, comme ce soir ? Comment peut-on être « un philosophe populaire » ? Qu’est-ce qui, dans la philosophie, ne concernerait pas tous les publics ? Imagine-t-on Socrate refusant le dialogue, sous prétexte que la philosophie obéirait à des règles que ne connaît pas le non-initié ? Comment un philosophe oserait-il objecter à un profane la technique, le vocabulaire ? C’est à lui de formuler, reformuler dans le langage accessible à son interlocuteur, à tous.
G « L’esprit de la philosophie est l’esprit de la simplicité ; toujours nous trouvons que la complication est superficielle. Plus nous nous pénétrons de cette vérité, plus nous inclinerons à sortir la philosophie de l’école et à la rapprocher de la vie » (Bergson).
G Pour que la philosophie soit populaire, c’est-à-dire présente et partie intégrante de notre culture de base, il faut qu’elle continue à être enseignée, à être valorisée dans les programmes scolaires. Sur 27 pays européens, seul un tiers d’entre eux (10) maintient la philosophie dans les études secondaires. Pour ce qui nous concerne, souhaitons-nous maintenir l’esprit cartésien qui nous caractérise ? Lequel esprit cartésien pourrait se résumer par le 1° du Discours de la méthode: « Ne recevoir aucune chose comme vérité acquise ». Les personnes qui ont étudié peu ou prou la philosophie se reconnaissent à des petits plus culturels. Dans une période où les demandeurs d’emploi sont souvent « surdiplômés », le choix se fait parfois à la marge, sur ce qui est hors C.V., sur le niveau culturel.
Cependant, l’individu, avec son identité, est toujours en construction et la place accordée à la philosophie doit aller au-delà de deux ans de cours en secondaire, au-delà de se souvenir que, pour Montaigne, « le monde est un branloire pérenne » et que Nietzsche avait une sœur détestable. La philosophie ne doit pas s’arrêter à un examen ; elle peut nous aider toute la vie. Aider la réflexion philosophique, c’est vouloir faire sortir ceux qui sont encore dans « la caverne ». Nous pouvons soutenir et porter cette idée que la philosophie doit être populaire, qu’elle peut être accessible à tous, qu’elle peut être plus qu’un passe-temps pour érudits, qu’à côté des universités, il y a des relais pour faire vivre la philosophie, dont, depuis quelques années, les universités populaires et les cafés-philo.
G Comment ne pas voir des contradictions dans la philosophie, quand les philosophes ne sont déjà pas d’accord entre eux ? Les gens attendent des réponses plus précises ; les théories philosophiques n’amènent à rien d’absolu.
G La philosophie ne sera jamais une science exacte !
G En 2002, s’est créée à Caen une université populaire de philosophie, avec un cours par semaine. Le philosophe qui l’anime, Michel Onfray, commence parfois son cours en citant Nietzsche : « Le but de la philosophie, c’est de nuire à la bêtise ».
G Est-ce que les philosophes que l’on voit à la télévision, philosophes de plateau, s’inscrivent encore dans ce propos d’Hegel : « La philosophie n’est rien d’autre que la saisie de sa propre époque dans sa propre pensée » ? Les philosophes qui ne fréquentent qu’un seul et même monde, entre médias, people et politiques, un univers d’élites, qui ne sont confrontées que de loin aux réalités, sont-ils encore à même de « situer leur pensée dans leur époque » ? Cela nous amène à nous poser la question : Quels sont aujourd’hui les philosophes qui œuvrent pour une philosophie populaire ? Quelques noms viennent à l’esprit : Michel Onfray, Henri Pena Ruiz, André Conte Sponville, Alexandre Jollien …
G Quand on popularise la philosophie, il se peut qu’on la trahisse. C’est le cas de l’expression « être philosophe », « se faire une philosophie », ce qui équivaut à « accepter », « se soumettre », « se faire une raison », alors que nous avons vu que la philosophie serait plutôt le contraire. Il en va de même avec cette méprise pour l’Epicurien = impénitent jouisseur de la vie, alors que nous savons que l’Epicurien est plus proche de l’ascète.
Conclusion : En réponse à la question posée dès le début : « Une philosophie populaire est-elle encore une philosophie ? », on peut soutenir que oui, mais on n’accède pas à la philosophie sans un minimum d’effort : ce n’est pas un produit qu’on met dans son caddy ! Il faut un travail personnel pour s’élever vers la philosophie. C’est déjà ce que nous disait Hegel : « La philosophie doit reconnaître la possibilité pour le peuple de se hausser jusqu’à elle, mais elle ne doit pas s’abaisser jusqu’au niveau du peuple ». Aujourd’hui peut-on dire que philosophie académique et philosophie populaire se nourrissent l’une l’autre ?
En revenant à Diderot, dans ses « Lettres à Sophie Volland » (1762), il évoque l’Encyclopédie et écrit ces lignes, lesquelles nous délivrent un message, un vrai thème de café-philo : « Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution des esprits et j’espère que les tyrans, les oppresseurs, les fanatiques et les intolérants n’y gagneront pas. Nous aurons servi l’humanité ; mais il y aura longtemps que nous serons réduits en poussière…lorsqu’on nous en saura gré ». Nous sommes quelque part dans ce temps projeté ; nous avons tous en héritage cette philosophie des Lumières
Aujourd’hui, beaucoup pressentent que la philosophie va nous être de plus en plus utile. A notre niveau nous la propageons, nous la « cultivons», nous la faisons vivre, nous participons avec les cafés-philo à ce qu’elle soit au meilleur sens possible de l’expression : « populaire ».
Enfin, nous ne devons pas clore ce débat sans rendre hommage à ceux qui jour après jour œuvrent pour la philosophie, pour la transmettre, la rendre populaire : les professeurs de philosophie.
oui mais aussi penser au TGV EUROPEENS aux lignes au delà de NOS frontieres, Allemagne, Italie, Espagne et les debouchés. sortons du franco-francais pour obtenir des financement européens
L’Europe, ses mentors, ce que fut son projet et ce qu’elle est à ce jour
tout cela demanderait une mise en perspective avec l’idéal des Lumières
Vaste sujet de discussion essentiellement politique