Un bruit dans les urnes
Je m’indigne dans ma douche
Pour le plaisir du miroir
Le sourcil un peu froncé
Comme un reproche vivant
Pour ce premier mai
L’indignation est un fleuve
Un flot maitrisé
Et il rejoindra son lit
Dès que la nuit tombera
Je m’indigne un peu
Quand l’hiver sera venu
Les tisons dans l’âtre
La colère hibernera
Jusqu’à un printemps prochain
Mais que voulez vous
Bien sûr je suis indignée
Mais j’ai pas le temps
J’ai des tas de trucs à faire
Je m’indignerai demain
Les loups ont hurlé
Un langage étrange
A la lune pleine
Et j’ai bouché mes oreilles
En tremblant d’indignation
BFM en boucle
Distille l’indignation
Je refais le monde
En boule dans le canapé
En sirotant ce nectar
Par procuration
Je me donne bonne conscience
Sans risque et sans fièvre
Et je promets un euro
Aux indulgences modernes
Je suis une statue pour la postérité
L’indignation, cet art, interdit le silence
Je ne veux plus dormir, en pleine ambivalence
La revendication est la nécessité
Pour un partage égal de la prospérité
C’est ma pauvreté qui nourrit ton opulence
Chaque injustice est une flèche qui me lance
Je n’ai pas mérité cette mendicité
Et j’étouffe les mots, et j’écoute les maux
Les couleuvres s’enroulent sur les fonds baptismaux
Et j’ai rêvé d‘un monde en forme de balance
Sur les plateaux duquel sont pesées les actions
La justice est aveugle ou c’est pure distraction
En attendant d’y croire j’ai visé l’ambulance
Ecrit et lu par Florence Desvergnes
lors du débat du café-philo à l’Haÿ-les-Roses le 17 mars 2011
Thème: » Pourquoi, quand, et comment s’indigner ? «