Oyez, oyez, chalands ! J’ai de la vie à vendre !
Première qualité sur le marché des corps
Âmes en déshérence après la dernière mort
C’est une vie à vivre, une vie à tout prendre
Et si vous choisissez un corps de scolopendre
C’est une vie courte, sans questions, sans remords
Manger, dormir, se tortiller et sans efforts
Une qualité de vie qui va vous surprendre !
Une vie d’humain, ma foi, c’est bien compliquée
S’il vit en ville, il lui manque la nature
Et à la campagne, il lui manque la structure
Que je passe mon temps à astiquer
Les degrés de la pyramide de Maslow
Ou à calculer le Bonheur National Brut
Entre mes désirs, mes besoins et mes buts
Ma vie n’aura jamais le goût des chamallows
Pour une qualité de vie qui se mesure
En prison dans les grillages d’un questionnaire
Un alibi pour experts un peu doctrinaires
J’ai le devoir d’aller bien mieux, même à l’usure
Lorsque le subjectif se scrute et se soupèse
Entre doctes spécialistes, experts patentés
Qui pondèrent le besoin de sécurité
Avec l’estime placée entre parenthèse
Lorsque la faim, la soif et la douleur s’apaisent
Je cherche encore quelques limites à dépasser
Car ma vie, mon âme, ont envie d’éternité
Et se sentent bien à l’étroit dans mes charentaises.
Ecrit et lu par Florence Desvergnes
lors du café-philo du 13 novembre 2011 à l’Haÿ-les-Roses
Thème: » Que mettons-nous dans l’expression, qualité de vie? »