Si tu es lassé de toujours recommencer
L’idéal absolu se fait insaisissable
Et l’envie de bâcler vient contrebalancer
Un pur et un parfait trop indéfinissable
J’étais un artiste en quête de perfection
Mais mon inspiration s’entête en défection
Action, réaction ! Je change de direction !
Et pour mon alibi j’ai un charmant missile
Le mieux est l’ennemi du bien c’est mon credo
J’ai la médiocrité en mode grosso modo
A l’édredon de mes ébauches un gros dodo
La critique est facile et l’art est difficile
Le monde au point critique et j’ai ensemencé
Des petits grains de sable en un temps périssable
Un conte cadencé, un journal romancé
Je voulais transformer ce pouvoir haïssable
Dans le chaudron bouillant de la révolution
J’ai jeté la faim et j’ai jeté l’ambition
Dans le bouquet final de son exécution,
De nos futurs fossiles s’écrit le codicille
D’un monde qui conserve, ses ressorts féodaux
Que l’on est loin encore de notre eldorado !
Pour une société, dessinée au cordeau
La critique est facile et l’art est difficile
Je suis le chroniqueur, rétribué pour penser
J’ai la critique pour viatique intarissable
Je suis méchant, mon mordant est récompensé
La sincérité accessoire bannissable
J’ai une prédilection pour la dissection
Chez moi dire du mal provoque une érection
Et ce n’est pas que je cherche la perfection
Je suis la bête noire de l’auteur qui vacille
Je suis le cil dans l’œil du maître, le fardeau
Qui sans indulgence fait tomber le rideau
Sur le talent trop fragile et pas de cadeau
La critique est facile et l’art est difficile
Ô critique aiguillon de notre interaction
Tu es l’ustensile qui pique les imbéciles
Une grosse tique sur le dos du bardot
Tu es le placebo d’un aficionado
Fais mon panégyrique toujours crescendo
La critique est facile et l’art est difficile
Ecrit et lu par Florence Desvergnes
lors du café-philo du 25 avril 2012 à L’Haÿ-les-Roses
Thème: » Pourquoi, et comment critiquer? »