Thème : « Concret et imaginaire, lequel porte le plus de réalités ? »
Essai de restitution du café philo de Chevilly-Larue
8 mars 2002.
Modérateur : Guy Pannetier
Animateur : Guy Philippon
Préambule : Ce 8 mars est la journée internationale de la femme. Les participants sont solidaires de toutes les femmes qui luttent pour leur reconnaissance à travers le monde, de toutes ces femmes « courage » qui s’attaquent à des coutumes et à des lois existantes qui les briment ou les agressent. Leur combat, engagé depuis un siècle, dure. Il doit engager des millions d’individus sur toute la planète. Ce que traduit un participant en posant la question suivante, qui pourrait être un de nos prochains thèmes : « La tradition est-elle un frein au développement de l’humanité ? »
Introduction : L’animateur débute en évoquant le concret et l’imaginaire en indiquant que l’on peut parler de politique, de psychanalyse, « d’art » de la création ou de l’imagination. Y aurait-il un inconscient collectif, des mythes ou plusieurs façons d’aborder le sujet, conclut-il.
Débat : – Il me semble qu’il faut commencer par imaginer avant de penser au concret. Il est important d’être dans le réel et de l’embellir en s’appuyant sur l’imaginaire. Toutefois, le concret ne correspond pas toujours.
– Il m’arrive d’imaginer mais c’est différent de ce que je réalise…..
-Prenez les tableaux de Picasso, et prenez 10 personnes, chacune se forge son propre imaginaire.
– La plupart de ces tableaux lui permettaient de trouver une harmonie….
– L’abstrait est le contraire du concret. Pour moi, les tableaux de Picasso ne concrétisent rien. Ce sont des couleurs, des lignes, c’est la peinture cubiste.
– Un poème d’Antonio Machado « Parábola » « C’étai un enfant qui rêvait d’un petit cheval de carton…. » ; . (Le thème récurrent de la vie « réelle » ou de la vie « rêvée ») ainsi de tous nos rêves, de tout notre imaginaire acquis depuis l’enfance, nous avons construit, un refuge, un grenier pour nous abriter quand la réalité nous agresse
– Les êtres primitifs ont donné des noms aux dieux et aux forces de la planète, et depuis l’Homme a pris conscience qu’il était une poussière d’étoile.
– Si notre vie est composée de vide, elle n’a pas de sens.
– Tant que l’Homme ne connaîtra pas son origine, il restera dans l’imaginaire.
– Il ne faut pas faire de confusion entre les mots « imaginaire » et « imagination ». La racine d’imagination est « imiter ». Platon disait que ce mot est «une dévalorisation ». L’imagination est une faculté de l’esprit qui consiste aussi à combiner des idées et à anticiper des événements. L’utopie d’un tableau de Picasso devient un portrait. C’est le réel qui n’est pas représenté. Le réel c’est l’ensemble des choses qui ont une existence objective constatable et il n’est pas la vérité collective.
– L’imaginaire peut être un refuge, exemple le témoignage d’un prisonnier du Goulag, qui s’en est sorti en imaginant une situation.
– La réalité peut être moins sympathique, prenons l’exemple de Don Quichotte.
– Don Quichotte serait aujourd’hui enfermé dans un asile. On peut ainsi se poser la question du concret et de l’imaginaire.
– Don Quichotte c’est l’imaginaire livresque. Il est devenu un grand mythe littéraire.
– L’utopie créatrice a toujours été décriée. Elle sera pourtant toujours créatrice. Il n’y a aucune réalisation sans imaginaire.
– Peut-on vivre sans utopie ?
– Qu’est ce qu’on oppose à la raison, c’est l’imagination. « L’imagination c’est la folle du logis » du philosophe Malebranche. Faut-il ne rester que dans la raison ? Les rationalistes disaient qu’il faut séparer le faux et le vrai. L’imagination c’est toujours le flou, l’imprécis. L’imaginaire est plus précis que l’imagination.
– Le dogmatisme est contraire à l’imaginaire.
– L’incapacité à construire empêche la réalité. L’illusion c’est le flou, le vague. Dans l’imaginaire on ne confond pas un endroit, une personne, un acte, c’est toujours précis. L’écrivain britannique Samuel Butler disait « Je m’accommode du mensonge mais je ne supporte pas l’imprécision ».
– Les enfants possèdent un imaginaire constructif. Ce sont les prémices qui germeront toute leur vie.
– Cet imaginaire constructif est lié très tôt à l’exactitude. La construction de son imaginaire, c’est d’entendre de façon répétée la même chose. L’imaginaire, chez les adultes, repose toujours sur quelque chose qui a été construit. L’imaginaire obéit à des lois strictes.
– Vous restez dans la psychologie. L’imaginaire est positif. La réalité fait souffrir.
– Il faut casser les schémas.
– Les enfants analysent et prennent du recul quand ils voient quelque chose.
– Un cas concret avec un enfant victime d’un accident de voiture. C’était l’imaginaire de la réalité qu’il ressentait.
– « l’imagination est-elle plus forte que le concret ou le réel ?
– Les deux sont nécessaires.
– Toutes font partie de nos sens, Nos idées ne peuvent se formuler qu’à partir du concret.
– L’intuition est purement l’imaginaire, affirme un autre, exemple les grandes découvertes.
– L’imagination ne crée pas vraiment. Elle ne fait au mieux qu’inventer des combinaisons nouvelles avec des éléments donnés. Les combinaisons peuvent être complètement libres. L’imagination manifeste la liberté de l’esprit. Elle est puissance, mais puissance positive. Elle se confond avec cette faculté que nous avons d’aller au-delà du futur et du possible.
Conclusion : Le concret existe mais heureusement qu’il nous reste le temps de rêver ou le droit de rêver. L’homme a un grand rêve c’est d’avoir un monde meilleur. La réalité n’est toujours pas là. Entre concret et réalité il y a des choses plus dures : la génétique, notamment. La réalité peut être bonne ou moins bonne. Mais il y a toujours un coté positif.