Thème : « Apprends-toi toi-même »
Essai de restitution du café-philo de l’Haÿ-les-Roses
Mercredi 9 octobre 2002
Apprends-toi toi-même. Bien sûr, on n’est pas 50, on est un. « Regarde-toi ».
– Se regarder où ? Dans un miroir ? On a une image inversée de soi-même. Il faut se servir de ses cinq sens et pas seulement de la vue. On ne sait pas comment on est et par quel moyen se connaître.
– Partir à la rencontre de soi-même est effrayant, parfois pénible. Est-ce que pour vivre on a besoin de se connaître soi-même ? Il faut apprendre à vivre avec ses faiblesses, ses petitesses, ses placards ? Est-ce que la vie ne nous porte pas assez de coups pour s’en donner soi-même en plus ?
– Vivre suppose qu’il faut s’accepter soi-même
– Il nous appartient de savoir comment on fonctionne, à quel rythme ? Il est présomptueux de penser savoir qui on est et ce qu’on est. Mais il est très sain de se poser la question de temps en temps. C’est une promenade de santé à faire et pas forcément des ténèbres vers soi-même.
-On ne se connaîtra jamais assez. On a toujours des choses à connaître sur soi-même jusqu’au dernier jour.
– Me connaître m’intéresse moins que de connaître les autres. C’est à partir des autres que l’on s’apprend.
– Une personne avait une image négative d’elle-même de sa vie et de ses apparences qui lui rendaient impossible l’idée d’éduquer son enfant et un travail sur soi a permis de sortir de soi et d’être capable d’élever un enfant.
– Pour un autre intervenant, à partir de la réalité catholique et en tant qu’ancien protestant : la recherche de la connaissance de soi est difficile mais nécessaire. Mais il souligne la difficulté du caractère collectif d’un échange sur ce thème qui touche à une réalité personnelle.
– La connaissance de soi doit déboucher sur l’action.
-S’apprendre soi-même suppose une recherche personnelle sur l’intériorité plus une confrontation afin de trouver un équilibre entre être soi-même et ce que l’on veut être. On fait des choix conscients ou inconscients.
– Dans la confrontation, tous les jours on s’adapte aux situations. On est conditionné à un certain moule, à la reproduction d’une histoire originelle mais on a une détermination possible dans ses choix (auto conditionnement).
-Cas des enfants nés sous X : n’est-il pas important de connaître son passé ? Ne pas connaître son passé n’empêche-t-il pas la connaissance de soi-même ?
-Exemple : cas d’une enfant née sous X à qui l’on a dit toute la vérité sur sa situation et qui l’a intégrée.
– Se connaître = naître avec. S’apprendre = plus empirique, s’étudier. On arrive à une parole qui permet de libérer des nœuds qui empêchent de s’apprendre.
– On peut s’apprendre pendant des années sans se connaître. « Naître avec » est toujours lié à une rencontre, à un autre. On fait très peu de rencontres décisives dans sa vie. On peut aussi se définir éventuellement contre ce que l’on a été à l’origine, contre un certain passé, contre son histoire originelle.
– Il peut arriver qu’on arrête de progresser face à un mystère, un secret. On bloque sur un secret. Cela interdit la connaissance de soi. Il faut lever les différents voiles du secret.
-S’apprendre soi-même s’est s’informer d’une chose que l’on ne connaît pas : son moi. S’apprendre soi-même c’est s’informer, s’éduquer, se perfectionner, avoir la connaissance du bien et du mal ce qui permet de mieux vivre avec autrui. Il faut éviter les passions, la vanité, la colère, l’orgueil.
– C’est ennuyeux si on supprime les passions et l’orgueil est un mobile également. Vive la folie (mais pas jusqu’à la pathologie). Ces paroles donnent l’impression d’un cours de morale.
– Au moment où on prend conscience de ses limites il arrive qu’on puisse les dépasser.
– On n’est pas dispensé de la confrontation de ce que l’on découvre sur soi et de l’engagement consécutif dans des causes collectives. Cela est nécessaire pour éviter la « névrose narcissique » et l’enfermement dans son propre discours.
– Avec l’expérience on apprend ; avec l’analyse de l’expérience on s’apprend soi-même.
– L’absence de connaissance approfondie de soi n’empêche pas de continuer à agir.
– Il y a un problème posé par une connaissance de soi-même qui déboucherait sur un narcissisme exacerbé. Il faut avancer sans nécessairement faire table rase du passé.
– Il y a une nécessaire réappropriation de la parole initiale qui a été édictée en règle à l’origine.
– Par rapport au narcissisme et à l’introspection, on peut souligner l’importance de l’humilité qu’on apprend avec les autres. On tombe parfois sur des gens beaucoup plus forts que soi de qui on a à apprendre. On peut arriver à comprendre l’autre, à suivre le cheminement de sa pensée.
-Mais est-ce que l’on ne « projette » pas aussi alors dans ce cas.
– Ecouter quelqu’un de plus fort c’est aussi écouter quelqu’un de plus riche humainement.
– On ne peut pas « se taire » pour écouter des personnes plus « riches », sans « parler » pour des personnes plus « pauvres »…
–Qu’est-ce que cela signifie être plus riche ? Il existe des richesses croisées. Tout le monde a une richesse à transmettre.
– La connaissance de soi est un préalable qui ne dispense pas de l’ouverture à l’autre, et à partir de là, à la dimension sociale et peut-être universelle.
– On doit participer à faire évoluer le monde autour de soi et à le rendre vivable pour le plus grand nombre possible.
– « Si ce que tu as à dire n’est pas aussi fort que le silence, tais-toi »
– S’apprendre soi-même c’est peut-être aussi trouver sa parole…