Thème « La faiblesse peut-elle être une force ? »
Essai de restitution du café-philo de L’Haÿ-les-Roses
5 novembre 2003
Introduction de Guy Pannetier
: Quelques questions pour lancer le débat:
– La faiblesse et le silence ? Le silence est-il une faiblesse ?
– La force est-elle le privilège de la jeunesse et la faiblesse l’apanage de la vieillesse.
– Etre doux est-ce être faible ? Oui il existe une faiblesse à l’origine mais cela peut-être lié à un contexte de crise. La force serait-elle liée à un contexte favorable ?
– La force est-elle active et la faiblesse passive ? Quel degré d’inertie possible ?
– Que nos disent les mythes de Jonas et d’Ulysse ? Etaient-ils faibles au départ ?
Débat : – Force et faiblesse sont deux mots un peu antagonistes. La faiblesse est un manque de force. La force peut, elle être une faiblesse, cela donc ressemble à un oxymoron. Mais force et faiblesse sont dans la nature humaine. La force des faibles est la faiblesse que l’on a à leur égard. Il faut utiliser ses forces pour aider les faibles et s’intéresser à la force au service des faibles. « La force du plus fort me fera toujours passer du côté du plus faible » Châteaubriand
– La faiblesse ne peut pas être une force. Il ne faut pas confondre faiblesse avec douceur. Il peut y avoir faiblesse sans douceur, et force et douceur. La force et la faiblesse sont dialectiques et cycliques. G On est tantôt fort, tantôt faible. Si l’on a dépassé et vaincu cette faiblesse, si on en a fait quelque chose alors elle peut devenir une force (voir la théorie de la résilience de Cyrulnik)
– La faiblesse de caractère fait des perdants dans la vie. Un enfant déficient et malade peut être plus aimé que les autres et cela peut être une force pour lui. Il y a une différence entre une faiblesse constitutionnelle qui peut être un handicap surmonté et une faiblesse de caractère.
– On peut utiliser la faiblesse comme une séduction pour attirer l’autre pour qu’il sauve, pour attirer à soi une protection ou un sauvetage. Le risque c’est une stratégie de manipulation. La faiblesse apparente peut alors être une force. Exp. Dans le monde animal : la perdrix joue à l’oiseau qui tire de l’aile pour éloigner le prédateur des ses petits…avant de s’envoler.
– Cela pose le problème du système de rapport au monde dans ce que l’on vient de dire, mais la faiblesse est une force dans le rapport à soi-même. C’est une ouverture quand on arrive à une transformation intérieure.
– Il existe un risque de suffisance du fort et de capacité à engager l’autre du faible. Exp. : le Chêne et le Roseau où la souplesse est une force et la rigidité une faiblesse. « Celui qui vainc les autres est fort, celui qui vainc sa propre faiblesse est vraiment puissant » Abdelkader.
-Avec la faiblesse on peut gagner beaucoup de choses peu à peu. Avec la faiblesse on peut devenir fort peu à peu. La force peut être une dureté qui rend vulnérable et peu crédible.
– Est-ce que la faiblesse de caractère d’une personne est conjoncturelle et lui permet de se ressaisir ou est-ce inné, une tare génétique ?
– Cette approche par la notion de tare génétique peut s’avérer dangereuse. Notre société de compétition entre les individus, avec méritocratie, motivation, performance, tend à ; éliminer, marginaliser les plus faibles…C’est un principe naturel de sélection économique et sociale disent des économistes sans vergogne, c’est aussi ce qu’ils nomment le « darwinisme social » ! Ils transmettent des théories sans humanisme, tout comme lorsque Nietzsche disait : « que périssent les faibles et les ratés, premier principe de notre amour pour les hommes » ou encore la théorie de Malthus, lequel s’opposait aux mesures en faveur des pauvres, des faibles, car « ces mesures, disait-il, se retournent contre la société, l’affaiblissent, puisqu’elles permettent aux plus faibles de se reproduire ». Discours, propos condamnables… mais encore aujourd’hui on entend parler de « forces vives » ce qui sous-tend des forces faibles ; méfions-nous de la politique d’élimination du « maillon faible ».
Poème de Florence : (Acrostiche)
La faiblesse
La faiblesse est-elle une force possible ?
Faiblement alanguie immobile et sans voix
Aspirera le suc éphémère et sucré
Imagine un monde peint aux murs ocrés
Boussole d’un mammouth qui deviendra ta proie
Lestement calculé c’est à ton libre choix
En échangeant quelques coquillages nacrés
Succédané d’un goût pour les choses sacrées
Sevrage pour les uns, c’est lui qui fait les rois
Enfin pour tout savoir de ce bout de voyage
Force est de constater que malgré ses naufrages
Odusseus est plus fort que le fils de la mer
Ravalons nos rancœurs et le fiel de la vie
Cravachons un cheval armé de nos envies
Et cessons de maudire ce qu’a dit notre mère.
– Sur le plan scientifique l’homme est l’animal le plus faible et le plus démuni à l’origine et dans son milieu. C’est la faiblesse qui a engendré le progrès en la transcendant, notamment par la création des outils et le développement de la pensée.
– Exp. : les hommes préhistoriques ont crée des outils et se sont adaptés à tous les milieux peu à peu. Il existe une différence entre la force physique par rapport à plus de raffinement. Les hommes les plus faibles à l’origine ont transcendé leur faiblesse pour devenir les plus forts. Exp. Neandertal était plus fort physiquement que Cro Magnon mais a disparu ; La force résiderait dans la capacité d’adaptation. On peut citer la faiblesse des civilisations qui ne pouvaient pas se servir d’armes mais qui ont développé des arts martiaux.
– Est-ce qu’on peut parler de force des faibles ? La force est une grandeur relative qui n’existe qu’au sein d’un rapport de force ; on n’est pas fort ou faible en général mais plus fort ou plus faible que…à un moment. Ceux qui nous ont précédé du tyran au handicapé n’ont pas été forts ou faibles toute leur vie. Force et faiblesse s’expriment en termes de pouvoir et de prise de pouvoir. Historiquement donc ce sont les faibles qui l’emportent. La véritable maîtrise passe par la maîtrise de soi.
– En termes moraux, la force et la faiblesse seraient-elles des vertus ou des défauts ? En philosophie il faut s’approcher de la sagesse.
– Les arts martiaux permettent une croissance. On joue à faire