Restitution du débat – Cafés-philo de l’Haÿ-les-Roses
17 novembre 2010
Scheffer. Macbeth et les sorcières.
Introduction par Lionel Graffin. A la fin du 20ème siècle, l’éthique a connu un regain d’intérêt sans précédent. Des hommes et des femmes ont pris conscience d’un certain nombre de dangers imminents liés au développement, notamment de la médecine et des sciences. Ainsi, l’éthique est devenue l’affaire de chaque homme et femme qui par son éducation, sa culture, a acquis des principes de valeur morale
Il n’y pas de consensus général sur l’éthique, sur sa signification. Je vais essayer de faire des recoupements afin de pouvoir tout de même en donner une qui puisse être acceptable. Donc, je vais faire défiler les philosophes. Pour Paul Ricœur, l’éthique relève du bien. La morale, elle, couvre le domaine de l’obligation, donc : tu dois ! L’éthique concerne donc le domaine du bon et du mauvais. Le scientifique Jean Bernard propose une définition plus élaborée : il donne deux origines étymologiques au terme éthique. Le terme ithos signifiant la tenue de l’âme et le terme ethos complémentaire du premier ; il peut désigner l’ensemble des normes nées du respect dans la mesure. L’éthique est une science qui prend en compte l’ithos, le style, la manière, et l’ethos : l’ensemble des normes. L’éthique est la garantie de l’harmonie qui résulte de la bonne tenue de toute chose, de tout acte; c’est un accord entre l’âme et le développement. Donc, elle distingue le bon du mauvais. On peut la considérer comme une métamorale, c’est-à-dire, celle qui réfléchit sur la morale et les difficultés d’accomplissement. Elle est un passage ontologique*, en ce sens que ce passage nous permet d’aborder la morale ; terme « morale » que je suis obligé d’inclure dans le sujet parce qu’il est très proche. Le mot « morale » est emprunté au latin moralis issu de mores, c’est-à-dire les mœurs, les habitudes, et surtout les règles de conduite admises et pratiquées dans des sociétés.* (Etude de l’être en tant qu’être, c’est à dire, étude des propriétés générales de tout ce qui est)
Le bien et le mal, pour la morale, se donne pour absolu : Tu dois ! Tu ne dois pas ! Donc, ils sont dans la transcendance**. D’autres auteurs ont trouvé aussi que cela pouvait être de l’immanence** ; c’est-à-dire que la morale est en quelque sorte dans la manière de la pratiquer. C’est à ce titre que le bien et le mal se veulent universels, le bon et le mauvais de l’éthique sont toujours relatifs à un individu ou à un groupe. Ce qui est bon pour moi, peut être mauvais pour un autre. C’est en quoi, nous dit André Comte-Sponville, « toute éthique est particulière ». Kant, le philosophe de l’impératif catégorique, est connu aussi pour avoir écrit qu’il est absolument interdit de mentir, même pour éviter un meurtre, donc du ressort de la morale.
**(Immanent : ce qui est dedans, ce qui vient du bas – Transcendant : ce qui en dehors, au-dessus de nous et qui vient du haut).
Si on peut dire que l’éthique est du côté du bonheur, la morale n’est pas forcément hostile au bonheur, idée que reprend Kant : cette distinction du principe du bonheur, donc l’éthique, relève du principe de réalité. La morale, n’est pas pour cela une opposition, et la raison pratique ne veut pas qu’on renonce à toute prétention au bonheur. Elle exige cependant qu’aussitôt qu’il s’agit du devoir on ne le prenne plus du tout en considération.
En fait, la morale ne renonce jamais au bonheur. Mais par contre ce que la morale ne veut pas, c’est qu’on ne la prenne pas du tout en considération. Et dès qu’on parle de devoir, d’obligation, cela peut sembler désagréable à beaucoup de personnes. Comte-Sponville établit une distinction entre morale et éthique : « La morale commande, l’éthique recommande ». Donc la première, la morale, tend à répondre à la question : que dois-je faire ? Ce qui nous conduit à agir par devoir. La seconde l’éthique, vise à la question : comment vivre ? Il s’agit de recherche raisonnée, ayant pour centre le bonheur. Alors, comment savoir si tel ou tel jugement relève de l’éthique ou de la morale ?
Le même philosophe, nous propose de soumettre la question au principe pratique et familier : « Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres » ; ainsi par exemple : se marier, avoir des enfants, être homosexuel, sont des questions d’éthique. Bien sûr, ce critère ne peut pas s’appliquer à l’interdiction du meurtre, du vol, du viol…
L’éthique tend au bonheur et à l’harmonie dans la société. Kant nous enseigne que l’impératif catégorique pratique est compatible avec la recherche du bonheur. Ces deux termes, éthique et morale, dans notre société moderne, se déclinent sous forme de codes (codes de déontologie, recommandations aux médecins, aux avocats, etc.), lesquels se rattachent plutôt à l’éthique, alors que le code pénal se rattache à la morale. Est-ce que ces deux notions ont un avenir ? Ou cet avenir serait-il tout tracé ? Ou est-ce que tout est à remodeler, à refaire ?
Dans l’ouvrage Que sais-je ? : La pensée éthique contemporaine, la conclusion est édifiante par quelques lignes sur un problème crucial : les êtres humains face à la technique. « L’humain devient un problème en face de la technique : ce qui peut faire échouer l’accomplissement de la tâche. L’être humain devient un problème, et donc un obstacle à ce qui permet d’accomplir une œuvre toujours nouvelle. Le risque est ici perçu du côté d’un risque pour la production et non du côté d’un risque pour la dignité humaine. »
Débat: G Bien souvent la religion est intervenue pour définir l’éthique. En un temps, il ne fallait absolument pas toucher au corps humain, donc pas d’autopsie. S’il y a eu des progrès en médecine, c’est parce qu’on est passé outre. La médecine a stagné pendant longtemps à cause de cela. Quand on a parlé des bébés-éprouvettes, cela a été un scandale. Il ne fallait surtout pas forcer les choses. Le premier bébé-éprouvette est né ; depuis, ce sont quelques 30 000 enfants qui sont des bébés-éprouvettes. Quand on a commencé à parler de l’accouchement sans douleur, des gens se sont élevés contre cela, c’était contre l’éthique. Les débuts de la pilule, cela a été terrible, cela allait contre la nature, à tel point qu’au tout début, quand un médecin faisait une ordonnance pour la pilule, la femme devait le déclarer à la préfecture de police, exactement comme les prostituées. Maintenant, onéthique médicale parle de cellules embryonnaires, lesquelles pourraient être utilisées pour sauver beaucoup de malades. L’éthique actuelle en France s’y oppose. Donc, l’éthique dictée par le principe religieux est un frein à un mieux être de l’humanité. Il est temps de s’élever contre cela.
G On vient d’ouvrir une première piste de réflexion : l’éthique médicale et la bioéthique. Effectivement, l’éthique religieuse a d’abord imposé ses vues et, lorsqu’on a dépassé cela, on s’est trouvé devant une autre situation, par exemple quant aux embryons et à leur utilisation. Actuellement, ce qui bloque n’est pas du domaine religieux, car les membres du Comité national d’éthique (CNE) représentent l’ensemble des catégories de Français et divers courants de pensée, dont des religieux, des laïcs, des athées… Le risque majeur est la commercialisation. On nous promet des avancées, qui restent à démontrer, mais dès que cela sera débloqué, on sait que des laboratoires, qui ont une toute autre éthique, sont à l’affût pour déposer illico des brevets, qui seront des droits de propriété sur le vivant et nous laisserons s’établir des péages de plus sur la santé et lui assigner « un prix plutôt qu’une dignité ».
G Les mots « morale » et « éthique » ont été si longtemps, si souvent synonymes, qu’on peut essayer de voir aujourd’hui les sens qui leur sont attribués. Nous rencontrons ce mot « éthique » chez Aristote dans L’éthique à Nicomaque, œuvre dans laquelle il nous dit que ce « mot est issu de la vertu morale, fruit de l’habitude, et nous lui donnons ce nom « êthikê » utilisé aussi avec le « éthos » = habitude, mode de vie, manière de faire » (§ 2 alinéa 3.1), ce que confirme le stoïcien Zénon (de Citium) « L’éthique […] a pour but d’améliorer les mœurs ». La morale, nous dit-on, est constituée de règles de la conscience. L’éthique, elle, est plutôt une police des mœurs, « mode du bien vivre ensemble ». Elle est, nous dit Gilles Deleuze, le bon et le mauvais, alors que la morale, c’est le bien et le mal.
Nous entendons aussi « la morale commande, l’éthique recommande ». « La morale en général pose un commandement qui ne s’adresse qu’à l’individu […], l’éthique pose un commandement qui suppose une société d’êtres moraux […] » (Schelling). La morale est normative ; l’éthique est une application de ces règles morales, en un temps, en un lieu, dans un groupe donné ; ce qui va nous compliquer la situation, car nous ne pouvons considérer que nous pourrions avoir une éthique universelle. Même au sein d’une même société, cela ne semble pas pouvoir exister ; Sartre nous parlait de « l’éthique bourgeoise ».
Autrement dit, si nous acceptons dans ce débat l’éthique comme « police des mœurs » et non comme simplement des règles morales, alors la question qui se pose est : quelle éthique pour demain ? Sommes-nous en train d’y travailler, ou l’histoire seule et les évènements feront l’éthique de demain en-dehors de toute démarche philosophique ?
Un domaine où nous avons déjà le sentiment de participer à l’éthique du futur est le domaine de l’éthique médicale et de la bioéthique : PMA (procréation médicalement assistée), clonage d’embryons humains, prélèvement d’organes, euthanasie, génie génétique… Ces appréciations et évolutions sont pilotées par un Comité national d’éthique. Alors, face à ce doute quant à notre pouvoir d’action directe sur l’éthique et s’en remettant aux seules instances habilitées, allons-nous nous en « laver les mains » ? Pourquoi ? L’individualiste dira « après moi le déluge ! ». Mais si nous pensons que « l’homme n’est pas un moyen, mais une fin » et que l’avenir, c’est aussi ce que nous allons en faire, alors nous écoutons et nous essayons par exemple de tirer profit des propos d’Hannah Arendt, sur l’éthique du futur (Café-philo du 27 octobre 2004).
G Cette proximité éthique/morale vient d’emblée à l’esprit. Il semble que l’on confonde deux façons de voir le monde. Dans morale, il y a moralisation ; il y a bien sûr, le bien et le mal. L’éthique, on la trouve depuis quelques temps dans plein d’univers, comme dans l’univers médical ; ce n’est pas d’hier que l’homme s’intéresse à la machine vivante et essaie de désacraliser le corps pour l’explorer et le soigner au mieux. On trouve aussi une forme d’éthique ou quelque chose qu’on appelle ainsi dans l’entreprise, où l’on a des postes qui se créent, les déontologues, agissant sur : « Comment doit-on faire au mieux avec les autres, tout en les respectant, mais en faisant du business et en gagnant de l’argent ? » Dans les années 1980, c’était « faisons du fric par tous les moyens » ; aujourd’hui, c’est peut-être « faisons du fric de manière en apparence respectueuse ». On retrouve ainsi une forme d’éthique pour habiller les choses, avec de grosses ficelles, comme dans la communication, la publicité. On a eu à un certain moment des lois pour interdire le tabac, l’alcool, pour protéger les femmes ; récemment, on voit qu’il y a une publicité d’un produit avec l’avis « gras, attention ! ». En gros, la publicité s’est habillée d’une forme d’éthique qui permet de véhiculer un message avec une fausse moralisation. Finalement, ce qu’il y a derrière tout cela, c’est d’une part comment faire au mieux pour obtenir ce que l’on souhaite : vendre plus de produits mauvais pour la santé, pourquoi pas ! Et d’autre part, faire en sorte que les employés, avec le risque psychosocial, ne se suicident pas dans l’entreprise. Donc, on va faire des chartes de bonne conduite et on donne un numéro vert aux salariés, celui du déontologue. Vous êtes mal dans votre peau ! On ne va pas expliquer à votre chef comment arrêter de vous martyriser et comment vous respecter ! Mais vous pouvez pleurer, ça, c’est gratuit ! On est dans une grande hypocrisie, on emploie le mot éthique à toutes les sauces.
Revenant à l’introduction, ce n’est pas à l’éthique de donner la règle de bonne conduite. Il y a plein de religions qui le font, plein de courants de pensée, qui vont édicter des règles pour que les gens « vivent bien ensemble » et évitent de s’étriper tous les jours! Mais d’une autre façon, mise à part l’organisation sociale, l’éthique semble être la façon de faire « au mieux ».
Dans un autre contexte, en informatique, il y a l’éthique informatique. En gros, c’est quelqu’un qui développe quelque chose dans un langage ; il faut que ce soit compréhensible pour le gars qui va passer derrière, sinon, c’est un vrai bordel ! Il faut tout réécrire. Mais souvent ceux qui dictent les grands principes éthiques, sont les premiers à ne pas les respecter, à les bafouer !
Il y a une éthique aujourd’hui qui voudrait notre bien à tous ; on insiste lourdement parce qu’on n’est pas assez adultes, qu’on n’a pas assez de neurones, pour devoir nous prendre par la main et nous expliquer ce qui est bon pour nous.
Donc, le libre arbitre vis-à-vis de cette éthique forcenée, au delà du politiquement correcT me semble bien battre en brèche son principe même, parce que « au nom du bien pour les gens », on est prêt à faire tout et n’importe quoi !
Un truc classique est de dire que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ; malheureusement, avec la puissance des médias, tels que ceux d’aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’avoir un esprit contradictoire ou une liberté de parole dans un débat. On est tout de suite jugé, sous l’apparence de l’éthique, mais c’est finalement de la morale pure et dure par rapport à un courant de pensée dominant.
G Il y a une évolution importante du sens du mot éthique, une évolution moderne. Si on s’en réfère à l’étymologie, cela ne nous apporte pas grand-chose. On sait que ça vient de ethos, soit « les mœurs », et d’ethikos, soit « morale ». Et morale, ça vient du latin mores soit « mœurs », donc on tourne en rond. Si on prend la philosophie de l’époque d’Aristote, la philosophie était divisée en trois partie : la physique – l’éthique – la logique ; c’était un trépied où l’éthique était un fondement. Le philosophe et psychologue Marc-Alain Descamps nous parle du sens moderne du mot éthique, à déjà, bien sûr, ne pas confondre avec morale : « Pour certains le mot éthique est le mot moderne pour la morale. C’est la science des valeurs universelles qui transcende le temps, les populations, les idéologies ». Les recommandations du Comité national d’éthique deviennent la morale officielle. Si l’on revient à l’introduction, « Le droit et la morale commandent, et l’éthique recommande », en fait, l’éthique se différencie de la morale par le libre choix individuel, c’est-à-dire qu’on est toujours sur un consensus du bien et du mal, mais on n’obéit pas à une morale. On ne doit pas mentir, nous dit Kant, même pour éviter un meurtre, mais quelqu’un qui réfléchit en son for intérieur, va mentir, par exemple s’il veut éviter un meurtre. Donc, il y a un libre choix individuel. Apparemment, le sens de l’éthique se restreint ; il y a un contenu scientifique, un contenu hypocrite, et on l’utilise parce que cela fait bien, pour se mettre en valeur. Le domaine peut être limité, sectoriel : éthique d’entreprise, biomédicale, de consommation, où l’on est dans l’analyse des cas de conscience.
G Pourquoi est-ce que Spinoza n’emploie jamais le mot « morale »? Pourquoi ne se réfère- t-il qu’à l’éthique ? Parce que l’éthique vise au bonheur. La morale toute imprégnée de superstitions, de préjugés, peut se retourner contre les hommes eux-mêmes ; donc, l’éthique serait en quelque sorte une morale purifiée. Le président du Comité national d’éthique parle d’alibi éthique. Comment, en fait, l’éthique se décline-t-elle, y compris pour les marchands de canons ou de mines anti-personnelles… Revenant à l’éthique médicale, dans l’ouvrage « L’utérus artificiel », Henri Atlan, nous dit : « Jusqu’à présent, les techniques de procréation médicalement assistées, telles qu’insémination artificielle, fécondation in vitro… ont été appliquées avant que la réflexion éthique sur leur légitimité soit entreprise. C’est-à-dire, à la hâte ! Tout peut s’emballer avant qu’on ait établi les règles. » Pour la première fois, c’est lors de la naissance de la brebis Dolly en 1997 et les perspectives de clonage reproductifs humains que les questions d’éthique ont été posées. Cela a abouti à leur interdiction partout dans le monde avant même que les travaux aient été commencés. Encore une fois, les règles du bien et du mal, ont été outrepassées, suivant cette expression* « tout ce qui est possible doit être réalisé ! » (* Principe de Gabbor. Inventing the futur. Penguin. USA. 1964 : « Tout ce qui est utile peut être moralement justifié », « Tout ce qui est techniquement faisable doit être réalisé. Tout ce qui est vendable sera vendu, que ce soit moralement bon ou condamnable. Le choix appartient à la seule loi de l’offre et de la demande »)
J’entendais il y a peu que la recherche, même si elle peut mettre en danger la vie de millions d’hommes, trouvera toujours un homme, un laboratoire avec des fonds qui feront cette recherche. C’est difficile de dire qu’on va faire obstacle à l’intelligence, mais lorsqu’on n’a pas les moyens moraux, éthiques, nous revenons au sujet du précédent café-philo, l’infidélité à soi. Partout où l’homme est oublié, il y a danger, il n’y a plus de règles. On doit tout suivre des nouvelles technologies, ce qui suppose une sacrée transparence.
G L’éthique sert à mettre des limites. Lorsqu’on fait des clonages sur des animaux, on se dit : il faut bien essayer! Ça fait mal au cœur pour les petites souris, mais il faut bien du progrès ! Là, on voit bien qu’on touche à quelque chose de fondamental, parce qu’on est encore dans des mystères ou encore inquiété de l’esprit, même si Spinoza dit que c’est mieux de ne plus faire de dualité, que c’est mieux l’unicité* : on est bien moins embarrassé pour vivre dans le cosmos. Je me souviens qu’on m’avait appris chez les bonnes Sœurs que le corps était maudit et j’ai trimbalé cela pendant longtemps ; c’était le corps qui allait nous faire pécheresses. Moi, je dis que l’éthique, je l’aime, parce que la morale, elle m’a cassé les pieds ! Donc, la morale, c’est devoir et respect.
(* Principe de ce qui unique ou principe de l’unicité de Dieu.)
G L’éthique, à quoi sert-elle ? Quelles sont ses capacités ? Elle est conçue comme une capacité a priori à distinguer le bien du mal. Dans l’usage moderne de l’éthique, le mal, le négatif sont proscrits. Il faut remarquer que quand on parle d’éthique, on ne parle jamais du bien en premier et on ne parle pas non plus des biens ; on parle du mal et c’est le mal qui domine. Tout ce qui a rapport à l’éthique suppose un consensus parmi ceux qui souhaitent, à l’aide de l’éthique, désigner ce qui est barbare ; ce qui est bien intervient visiblement contre un mal identifiable a priori, c’est-à-dire qui disparaît. Ce qu’on identifie comme le mal pour tout le monde, c’est ce qui n’est pas bien, ce qu’il ne faut pas faire. C’est quelque chose de négatif. Le bien, c’est la volonté d’être bon, de faire du bien, c’est la volonté de lutter contre le mal. Tout ce qui vous est présenté, c’est une chose qui ne vaut rien et qu’il vaut mieux résoudre pour que cela n’aille pas plus mal. C’est la liberté de distinguer le mal. Ce dont on ne parle jamais, c’est du bien. Pourtant, atteindre le bien, si on veut parler un peu du bien, du bon dans cette vie, qui est si agréable à vivre quand on a tous les moyens, c’est formidable ! Non ! On nous parle du mal : c’est ce qu’on appelle le droit et la liberté d’opinion. Distinguer le mal donne les moyens d’arbitrer quand la chose n’est pas claire, et encore, j’ai mis dans les propos l’appareil de protection judiciaire : on voit ce qui se passe. Mais la force de cette doctrine, c’est qu’on sait d’expérience que la souffrance se voit. Je rappelle qu’avant l’éthique, au 18ème siècle, on avait fait de la pitié l’identification à la source du vivant. Dans une époque où existait encore pas mal de barbarie, la pitié, c’était quelque chose par rapport au vivant, par rapport à autrui. Maintenant, c’est autre chose qui est montré. On suppose un sujet humain général, tel que ce qui arrive de mal soit identifiable universellement. On cherche à identifier le mal universel pour en faire des règles ; c’est donc une opinion, de sorte que le sujet soit à la fois le sujet passif ou pathétique. Finalement, on va faire une victime, peut-être un coupable ; la victime, le coupable, c’est ce qui produit l’éthique, mais le bon, le juste, le bien, je ne sais pas ! C’est ce qui est mal qui est désigné. Quand la loi d’éthique est formulée, c’est compatissant, c’est indigné. Certains restent des spectateurs de circonstance. Les droits de l’homme sont les droits prononcés au nom de la lutte contre le mal et pas au nom du bien-être, de la joie de vivre.
G Nous avons eu un café-philo sur la morale (le 10 avril 2002) « La morale est-elle compatible avec le bonheur ? » (voir restitution sur le blog) et nous avions bien défini la morale comme bien et (ou) mal, en écartant l’éthique, définie comme bon et (ou) mauvais.
G Il a été évoqué l’éthique en entreprise ; il est vrai que c’est une éthique parfois sujette à caution, surtout quand on pense à des entreprises comme France Télécom. Mais il faut rappeler qu’il y a eu, qu’il y a des chefs d’entreprise qui ont une éthique exemplaire. En 2007, une entreprise de chaussures de sécurité est cédée à un groupe industriel avant garantie des emplois ; ce groupe cède toutes ses parts à un groupe aux capitaux américains, qui délocalise, ferme l’usine, emportant licences et brevets, avec 285 emplois perdus. Le chef d’entreprise, son fondateur, Monsieur Jallatte se suicide (Le Figaro.fr : le fondateur de Jallatte se suicide. 14 octobre 2007).
G Nous situons tous l’éthique dans la recherche du bien et pourtant le régime nazi disait avoir son éthique. L’éthique, qui n’est pas détachée du socle de morale, respecte les interdits. En 1968, il fut « interdit d’interdire » ; d’un seul coup, toutes les règles éthiques ou morales étaient renversées… Est-ce que cela n’a pas modifié l’éthique d’hier et laissé des traces?
G Le manque d’éthique ne vise pas les chefs d’entreprise, mais ce sont les systèmes qui font fi de l’éthique et le rapport de la production aux hommes. Nous voyons ces derniers jours qu’on délègue éthique et sécurité à des organismes de contrôle et nous avons le médicament Médiator (sujet à la une de tous les journaux).
G Ce qui était une base de l’éthique en médecine, en science, c’est qu’il ne fallait pas s’approcher de Dieu. Il fallait tout au plus l’imiter. C’est Dieu qui donne la vie, l’homme ne peut pas la donner. Si l’homme se met à créer l’homme-Dieu, que devient l’humanité ?
G Quand on parle de breveter du vivant, ça me semble ahurissant. Ce système me dépasse. J’ai l’impression d’être dans un monde où le système qui est avant tout économique nous entraîne au-delà de toute éthique. Par exemple, l’Unicef a racheté une partie de nos vaccins H1N1 non utilisés et aujourd’hui on les injecte à des Africains. Est-ce que je vais encore donner à l’Unicef ? Notre argent, notre don finit dans les caisses d’un laboratoire pharmaceutique. Où est l’éthique ?
G Le poème de Florence :
L’éthique a-t-elle un avenir ?
Bonjour je suis la science et je suis très puissante
Je soumets la nature, elle suit mes prescriptions
Dans mes petits carnets, j’ai fait la description
De ses petits caprices et des forces agissantes
Entre deux infinis je vais hallucinée
J’ai rêvé d’un Nobel au détour d’une idée
Entre feu d’artifice et carnage programmé
J’ai rêvé d’un ailleurs sans cesse reporté
Le big-bang était la marmite bouillonnante
La sorcière qui touille une roche en fusion
Je ne suis qu’un savant mendiant de perfusion
Subvention, mécénat, la science obéissante
Et mes enfants m’échappent et je suis dépassé
Marie Curie a-t-elle voulu Hiroshima ?
Je me repasse en boucle le diaporama
Mes errements et mes cadavres entassés
J’ai rêvé d’un truc qui pique, je l’appelle éthique
C’est un moustique qui sait manier la dialectique
Il a comme problématique systématique
Le bien, le mal, en objectif stratégique
Il pèse les manipulations génétiques
Pour le bien de l’abeille et de l’agronomique
Au nom de la souris crucifiée en viatique
Aujourd’hui il m’a dit, à présent tu t’expliques !
Moi je suis la morale et je sais le déluge
Et Sodome et Gomorrhe et la tour de Babel
Toi tu n’es qu’un faussaire et c’est moi le démiurge
C’est à toi de choisir si tu seras Abel
Ou Caïn pour toujours poursuivi du remords
C’était bien pour toi l’arbre de la connaissance
Mais tu cherches encore les lois de l’existence
Les débris du miroir, le mystère de la mort
G L’éthique manipulée peut amener les individus là où l’on veut. Et c’est finalement la parcellisation de l’éthique, soit une pour chaque domaine. Elle est réellement question d’angle et de point de vue. Ce qui nous fait réagir le plus, c’est ce qui concerne la bioéthique, le vivant, ce vouloir surpasser l’humain. Il y a aussi des éthiques de la mort : quand vous avez des stratégies de combat, celle de l’homme habillé en vert, et celle de celui qui fait un attentat- suicide. Il y a des règles sur les façons de tuer en fonction du milieu et du but recherché. Un exemple est l’Iraq où des avions, des drones, survolent le pays à 10 000 km d’altitude. Ces avions pilotés à distance devant un ordinateur sont en temps réel en train de dégommer tout le monde en bas, avec le risque de « dommage collatéral ». Cette éthique est : cela évitera qu’on vienne tuer chez nous, on ne risque pas nos hommes, on a les moyens, la technique. Pour le terroriste, son éthique sera là pour tuer un maximum de gens en mourant et marquer les esprits. L’éthique montre qu’elle balise les interdits, lesquels sont tellement bien balisés, que l’éthique permet d’identifier ce qui fait peur aux gens. Les morts du 11 septembre 2001 ont beaucoup plus fait parler d’eux que les milliers de morts à cause des embargos américains, des morts qui étaient des civils, femmes, enfants.
D’autre part, je suis frappé de voir que les déontologues en entreprise sont souvent des gens assez éloignés des réalités. Ils ont des fantasmes, ils veulent le bien des autres, mais ils ne connaissent pas les autres. A la limite, si vous venez leur expliquer, vous les dérangez ; ils sont « là-haut », ce sont les « Bisounours » : « tout va bien dans ce bas Bisounours monde ».
Est-ce que le bonheur, le but d’une éthique, celle de la publicité, serait que demain celui qui pousse son caddie bien plein soit enfin heureux ?
G Quelques règles d’éthique sont difficilement applicables. Je pense que, hors la charte des 10 règles précises, on annonce vouloir éviter de parler de politique ou de religion et on enfreint chaque fois cette règle. Si on exclut totalement politique et religion, il reste quoi ?
G Si on a suffisamment d’expérience du débat philosophique, si l’on respecte l’autre, on est capable d’appliquer des règles éthiques non écrites, à savoir ne pas chercher à choquer, à provoquer. On doit pouvoir, pour tous, évoquer nos convictions, sans asséner des vérités, ainsi qu’accepter sans polémique partisane des idées autres que les siennes. La modération du propos est un exercice éthique que nous pratiquons souvent.
G « La foi, c’est adhérer à une éthique, la religion, c’est s’y conformer » (Anne Bernard).
G On parle d’éthique comme un fragment d’un tout dont elle est inséparable et qui est l’étude de la conduite universelle. Il en résulte que dans l’usage ordinaire, ce mot est employé tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, et le plus souvent avec le même flou que le mot morale. Quand on utilise ces mots, on ne sait pas très bien ce qui se cache derrière. Dans la relation aux sciences humaines, les questions d’éthique ou de morale se présentent sous trois aspects différents, qui sont l’aspect sémantique relatif à l’étude de la signification des termes courants, l’aspect épistémologique (partie de la philosophie qui étudie l’histoire, les méthodes, les sciences…) relatif à la connaissance morale et l’aspect psychologique.
L’éthique environnementale appelle une rupture avec la tradition morale métaphysique et religieuse qui domine en occident. Il y a donc des nouveautés et ces nouveautés éthiques sont un nouvel objet de réflexion. Ce nouvel objet, c’est le monde naturel non humain qui est digne de considération morale pour lui-même. C’est également une nouvelle temporalité, les questions posées concernant le futur, y compris le futur le plus éloigné, une nouvelle échelle spatiale, la biosphère, et une qualité nouvelle de l’action humaine par son ampleur, son intensité. Au lieu de l’approche rationnelle, analytique propre à l’objectivation scientifique et à l’éthique, il faut privilégier une approche qui ne sépare pas les parties du tout. Je dirais également, en réponse à la question « l’éthique a-t-elle un avenir ? », qu’elle devrait avoir un avenir, un avenir qui permette la reconstruction ; si l’on prend pour exemple la guerre franco-allemande, il y a eu beaucoup de choses qui ont été faites par la méconnaissance souvent du peuple auquel on faisait la guerre. Une fois la guerre passée, on a essayé de tendre la main, d’aller ensemble vers un avenir, c’est ce qu’on appelle l’éthique reconstructive. Elle est à la fois une éthique de la responsabilité et une éthique de la réconciliation ; elle est tournée vers l’avenir et elle apparaît alors dans la dimension du présent.
G Selon Foucault, « L’éthique exclut les présupposés religieux de la morale et se définit comme une technique, voire un pragmatisme de l’action ».
G Dans le cas des guerres, il n’y pas le plus souvent d’éthique. A l’issue de la dernière guerre mondiale, les hommes politiques et les financiers ont vu qu’ils avaient plus intérêt à se lier financièrement, se retrouver pour prévoir l’avenir. Cela s’est fait dans des clubs, comme « Bildeberg » ou « la Trilatérale » ; ils se sont dit : on va donner la paix au monde et on va dominer ce monde au niveau économique et industriel ; c’était une éthique particulière, une éthique de groupe social. Elle avait, elle a eu un avenir. Qu’ont-ils à faire de l’éthique que souhaitent les peuples ? Il y a plein de chefs d’Etats dans ce monde qui n’ont aucune éthique. Les gens voudraient le « bien vivre ensemble », en harmonie, mais ils sont gouvernés de sorte à les rendre individualistes. L’éthique des grands de ce monde, je ne la vois pas.
G La guerre est en-dehors de l’éthique : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent, mais ne se massacrent pas » (Paul Valéry).
G Une intervention dans ce débat m’amène à revoir mon propos sur mai 1968 : a-t-il détruit une part d’éthique ? Il se peut que l’éthique ait besoin de temps à autre de ces phases de déconstruction pour sa régénérescence ; c’est le principe connu en philosophie de la maison déconstruite pour vérifier un à un les matériaux et reconstruire plus solide.
G Si l’éthique est retenue comme « mode de bien vivre ensemble sur des critères moraux comme principes de conduite », nous voyons d’emblée que les principes ne sont pas identiques pour tous. Les critères sont d’ordre divers, principes philosophiques, pratiques, ou religieux. Le mythe du sacrifice d’Abraham nous donne un exemple : au moment de sacrifier son fils, il hésite entre ce que sa religion, qui est sa morale, lui commande et ce que son éthique lui interdit, soit tuer un homme et de plus tuer son fils. Heureusement, le bélier passe par là (ouf ! La morale est sauve, dirons-nous), ce qui résout le dilemme. Ce qui nous rappelle que ce qui est sacré c’est l’homme, que l’homme doit être respecté dans son humanité, que lui seul est une fin et que, lorsque l’amour d’un dieu supplante l’amour des hommes, nous sommes devant un dangereux fanatisme et c’est un échec à la construction d’une éthique du futur qui se voudrait universelle.
Ce qui est fréquemment utilisé pour détruire les volontés d’une nouvelle éthique, c’est de montrer le ridicule et le néfaste des moralistes : sans règles établies, le renard est roi dans le poulailler, le « laissez faire, laissez passer » est la porte ouverte à toutes les malversations ; nous revenons à la fable des abeilles de Bernard de Mandeville, où une société guidée par ses vices est économiquement plus forte qu’une société guidée par des règles de vertus.
Ce qui nous est offert à ce jour comme choix semble ne nous offrir que deux voies pour une éthique du plus grand nombre : une coalition d’intérêts individuels ou une coalition d’intérêts culturels ou cultuels ; plus nous globalisons, plus monte l’individualisme. De plus, en quoi cette question présenterait un intérêt aujourd’hui ? Là, il y a deux options : ou nous sommes pessimistes, relativistes, sceptiques, et la question est nulle et non avenue ; ou nous pensons que, même partiellement, notre mode de vie, nos options d’aujourd’hui aurons une influence sur l’éthique de demain. En mesurant toutes nos faiblesses, j’opterai pour la deuxième option.
G « Lorsque nos intentions sont égoïstes, le fait que nos actes puissent paraître bons ne garantit pas qu’ils soient positifs ou éthiques » (Dalaï-lama). Donc, tout ce qui est théorie de « la main invisible » (c’est-à-dire les petits intérêts égoïstes), donnera le meilleur des mondes possible. On voit là que tout ce qui s’habille d’éthique est pour nous démontrer qu’on doit déjà penser à nous, à notre petit intérêt… L’éthique, cela ne va pas avec l’égoïsme !
G Des situations comme l’amiante ou autres problèmes graves qui durent des années, semblent appelées à disparaître. L’information est rapide, permanente, de plus doublée par Internet, tous les réseaux sociaux, ce qui crée un nouveau rapport dans l’éthique et une nouvelle forme d’éthique.
G Pour voir plus le verre à moitié plein qu’à moitié vide, alors qu’on nous serine que nous sommes un pays en déclin, une enquête récente dans Newsweek demandait à ses lecteurs : « Si vous deviez changer de pays, dans quel pays souhaiteriez-vous vivre ? » La France est arrivée en tête pour sa qualité de vie. Donc, il y a là un héritage, une éthique que nous devons préserver pour qu’elle ait un avenir.
« Les grands hommes sont soucieux d’éthique, les petits d’étiquette » (Claude Frisoni).
G L’éthique a un certain avenir, même s’il n’est pas assuré. Nous retrouvons ces diverses éthiques spécialisées, spécifiques, en médecine, sport, écologie, diverses et croissantes dans le désarroi des problèmes de la modernité. Elles ne sont plus liées au critère de la cohérence sociale, ne sont pas rapportées à un principe d’universalité : le respect de l’homme dans son intégrité physique et psychique, de sa vie sociale, de son environnement. Ce principe devrait être la base d’une éthique préventive, une méta-éthique transcendant les éthiques spécialisées qui visent à des consensus où les notions de bien et de mal en soi sont parfois oubliées. Didier Sicard dans son livre L’alibi éthique dit, « que du moment où il y a d’un côté le sentiment mature d’être un membre de l’espèce humaine soumise aux mêmes contingences, aux mêmes enjeux, de l’autre, l’effroi devant le sentiment d’une perte d’identité, ce malaise intervient dans un monde où tout est parcellisé, où on n’est plus citoyens d’une même communauté, avec ses valeurs qui se rejoignent. Donc, une éthique préventive est à concevoir dans l’urgence qui traite de l’homme non « comme simplement un moyen, mais comme un fin ». L’homme ne peut-être réduit à ses droits virtuels ». Les droits de l’homme, privilégiant la plus-value individuelle, favoriseraient la moins-disance sociale. Enfin, Hannah Arendt, nous rappelle à ce futur de l’éthique : « L’édification d’une éthique du futur exige une remise en cause des modes de gestion. Si nous n’agissons pas à temps, les générations n’auront pas le temps d’agir du tout, elles seront prisonnières d’évolutions devenues incontrôlables. Demain, c’est peut-être trop tard… En étendant sans cesse notre investigation dans le patrimoine humain, nous augmentons notre responsabilité vis-à-vis des générations futures ; il ne s’agit pas seulement, comme par le passé, d’un legs. Il y a absence d’éthique du futur, pour quelque chose qui nous est confié, qui est extrêmement fragile : la cité, la vie, la planète ».
Ouvrages cités :
L’éthique à Nicomaque. Aristote. Livre de poche.
L’utérus artificiel. Henri Atlan. Seuil. 2005.
Inventing the Future. Dennis Gabbor. Penguin (USA).1964.
L’alibi éthique. Didier Sicard. Plon. 2006
« Quand on a peur il faut regarder sa peur en face et lui donner un nom, sinon elle vous écrase et vous emporte comme une vague scélérate »
(Les yeux jaunes des crocodiles. Page 47. Katherine Pancol)
Come ce fut toujours le cas, son avenir , l’avenir de l’éthique est dans le changement, puisqu’elle n’est que valeur morale en un temps, en un lieu, dans une société donnée, et somme assez subjective
(Rectification)
Comme ce fut toujours les cas, l’avenir de l’étique est dans le changement; puisque ce n’est qu’une approche morale, valable, en un temps, en un lieu, dans une société donnée