Restitution du débat du Café-philo
du 23 janvier 2013 à Chevilly-Larue.
Animateurs : Guy Pannetier, Guy Philippon.
Modérateur : André Sergent.
Introduction : France Laruelle.
Introduction : Parler de la société renvoie à la fois à une notion historique et à un problème sociologique, auquel il convient d’associer le rôle complémentaire joué par la philosophie.
Historiquement, la notion de société s’est imposée lorsque l’ordre social et l’intégration sociale sont apparus comme un problème, suite à la séparation des pouvoirs politiques et religieux survenus lors de la révolution des Lumières, permettant l’autonomie comme valeur centrale. Auparavant, c’était les mondes traditionnels et religieux qui faisaient tenir dans un ensemble un groupe social.
Le mot « société » vient du mot latin « societas », qui signifie : association amicale avec d’autres, d’où « socius », qui veut dire : compagnon, associé, camarade. Le mot latin est dérivé du grec « socus » qui implique un contrat entre les membres de la communauté. Le terme de société désigne un regroupement d’hommes fondé sur des relations interdépendantes en vue de l’intérêt général. Les hommes s’organisent pour vivre en groupe tout en gardant leur personnalité, c’est ce qu’on appelle la société humaine.
Du point de vue de la sociologie, le principe de la société est le résultat d’une construction intellectuelle. Les hommes ont rapidement compris qu’en s’organisant en groupe, ils seraient plus forts pour agir. La sociologie invente l’idée de société pour expliquer le caractère plus ou moins ordonné et cohérent de la vie sociale au moment où diverses révolutions ont sapé les fondements traditionnels de l’ordre social.
La philosophie joue un rôle complémentaire avec la sociologie, principalement avec le kantisme, en ce qui concerne la sociologie de Durkheim. La philosophie fournit des instruments permettant de fonder la sociologie comme pratique scientifique. Philosophie et science ont engagé une même attitude d’esprit visant à atteindre une réelle collaboration. Ce qui distingue l’humanité de l’animalité ce sont les valeurs morales. La vie sociale comporte des contraintes, demande des compromis, et l’on sait que la personnalité de chacun est conquête permanente. L’homme en tant que tel participe au trésor de ce qu’on appelle la civilisation.
La société est fondée par des hommes, c’est-à-dire nous-mêmes. Or, vouloir la société, c’est donc nous vouloir nous-mêmes. Les sociétés se caractérisent par l’éthique et par la nature du lien social qui unit ses membres. On parle généralement de sociétés dès que celles-ci sont associées à un adjectif, comme : société industrielle, société démocratique, société capitaliste, société moderne, etc. A l’origine, les hommes ont établi entre eux une relation par l’échange, ce qui impliquait une entente préalable entre les individus concernés. Au sein des sociétés humaines, la faculté d’échanger s’est développée, non seulement pour les biens et les services, mais aussi pour des sentiments, des idées, des jugements de valeur, des modes de conduite, des croyances… Cela donne pour résultat la vie sociale.
L’existence et la reproduction de la société sont matériellement conditionnées par un ensemble d’institutions, l’État, les écoles, les administrations, les lois qui règlent le lien social entre les individus ; elles véhiculent les valeurs éthiques et pratiques de cette société.
Cette façon de sentir, de penser et d’agir, sont devenues des règles préétablies que chaque génération reçoit de ses aînés et qui sont les préceptes, tels que la politesse, la langue, les goûts fondamentaux.
La révolution industrielle capitaliste fait de l’investissement et du changement la condition de la survie des systèmes qui ne sont plus d’un ordre naturel et stable.
Quant à la société actuelle, elle est en profonde évolution par des mutations qui touchent à la fois à la vie familiale, à la vie sociale et au monde du travail. On est en ce moment au cœur d’une révolution sociale ou sociétale, avec « le mariage pour tous », avec la procréation médicale assistée (PMA), avec la gestation par autrui (GPA), avec l’euthanasie, etc.
Tous ces points ont à la fois du positif et du négatif. Par ailleurs, on constate que de plus en plus de gens, dans cette société, se sentent seuls ou parfois mis à l’écart, exclus, alors qu’ils sont des citoyens à part entière.
On note également l’amplification du « chacun pour soi », induisant indifférence et égoïsme.
Alors, sans vouloir noircir le trait, nous devrions peut-être être préoccupés par ces signes qui semblent avant-coureurs d’une dégradation des liens sociaux et éducatifs. Nous entrons là dans le sujet de ce débat : « Savons-nous vivre en société ? »
G Je retiens la distinction, qui me paraît judicieuse, entre morale et éthique, pour les liens qui nous unissent en société. La morale étant plutôt individuelle, elle devient l’éthique dans les applications par une société donnée, dans une époque donnée.
On a évoqué ce sujet d’actualité qui divise la société, « le mariage pour tous ». Pour les uns c’est du domaine de la politique, pour les autres ce problème relève exclusivement du domaine de l’éthique et nécessiterait une plus large approbation de la société.
G Dès les premiers hommes, chaque tribu a fait une société avec ses usages, ses règles pour survivre. Lorsqu’il fallait chasser un très gros animal, il a fallu qu’ils se groupent. Déjà, l’union faisait la force.
G Dans le roman de Roy Lewis Pourquoi j’ai mangé mon père*, nous voyons un petit groupe d’homo sapiens qui ne pouvaient survivre qu’en s’alliant à d’autres tribus ; pour créer encore plus du lien et une sécurité, ils innovaient alors par l’exogamie. C’était bien avant « le mariage pour tous » ! (* Déjà cité dans le Café-philo du 22 février 2002.)
G Si je reprends l’intitulé de la question, est-ce que vivre en société est une question de savoir ? Depuis notre naissance, nous ne sommes guidés que par des règles inculquées. Nos règles sont aussi de l’ordre de la conduite personnelle.
G C’est là une question de personnalité. Des gens veulent vivre en société, d’autres ont du mal à faire société, d’autres s’en éloignent. Quant à ceux qui s’impliquent dans la société, dans les associations, ce sont presque toujours les mêmes, dans ma ville*, c’est approximativement 500 personnes. (* L’Haÿ-les-Roses (Val de Marne), 30.600 habitants en 2010)
On voit aussi des personnes qui ne se rapprochent d’un syndicat que lorsqu’elles ont un problème et qui ensuite s’en détachent très vite ; cela s’appelle de l’opportunisme et c’est difficile de faire une société avec de telles personnes.
G Il y a des gens qui servent la société et il y a des gens qui s’en servent.
G Toujours se pose le problème : quelle société voulons-nous ? Quelle serait la société capable d’agréger tous les individus ou presque en un groupe digne du nom de société évoluée ? On en revient à cette célèbre expression du « bien-vivre ensemble ». La société et son modèle sont toujours à défendre, toujours à réinventer, mais on ne construit pas sur le vide. C’est pour cela qu’il y a ceux qui transmettent, des usages, de l’histoire, de la mémoire commune. « L’homme détermine la société et non l’inverse », a écrit le professeur de philosophie Cai Chongguo.
Savoir vivre en société, c’est déjà l’aspect civique. C’est respecter les lois, c’est respecter les usages du vivre ensemble dans le pays qui est le nôtre ou le pays dans lequel on a choisi de vivre. C’est le minimum de savoir vivre, c’est l’éducation, c’est le respect de l’autre. C’est pouvoir s’entendre, pouvoir se supporter, et c’est aussi savoir trouver la bonne distance par rapport aux autres. Le philosophe Schopenhauer nous en donne une image avec l’histoire des hérissons qui, lorsqu’ils ont froid, veulent se rapprocher, mais alors là ils sont victimes de leurs piquants ! Il leur faut donc toujours choisir la bonne distance. C’est là aussi les règles du bon voisinage.
G La société demande de respecter les lois, mais nous savons que la Révolution a fait de la désobéissance civile le plus sacré des droits*. C’est parfois en ne respectant pas les lois que certains ont fait avancer cette société. (* Article 2 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789).
G Dans notre société, ce qui compte c’est la singularité. L’individu ne se laisse pas saisir dans une courte formule. Il y a quatre types d’humains. Il y a ceux qui regrettent ce qui n’existe plus. Il y a ceux qui regrettent et qui en même temps sont en vie. Il y a ceux qui vivent dans une société qui n’existe pas encore. Il y a ceux qui entrevoient la société future. Il est difficile de trouver le modèle qui convient aux individus dans leur temps de vie.
Donc, plus on invente, plus on évolue, plus on a de possibilités, plus on a de savoir, plus se posent les problèmes de l’attitude envers ses semblables, plus devient difficile le choix professionnel et l’emploi. De fait, l’humanité dépend de l’amour dont nous sommes capables.
G Pour faire société avec d’autres, il faut que nous ayons des choses à partager. Nous ne pouvons faire société que dans une entité politique au plus près de ce qui nous identifie, tout en prenant compte de la diversité. A ce jour, cette entité s’appelle Etat, ceci malgré tous les détracteurs et malgré la connotation qu’ils ont accolé à ce mot, comme on l’a fait avec le mot peuple. Alors, ces reniements des entités personnifiant la société nous entraînent-ils vers des sociétés cloisonnées, renfermées sur des communautés, ou pire, vers une société globalisée, avec une culture entonnoir, où se perdra toute identité culturelle ? Nous avons su jusqu’ici faire une richesse de nos différences, et faire une société dans laquelle on peut encore s’identifier.
Je veux faire société déjà avec ceux avec qui je partage un minimum de valeurs culturelles, je veux faire société avec ceux qui veulent bien prendre en compte les valeurs de chacun, (valeurs que respecte la Laïcité). En revanche, je ne suis pas favorable à une société formatée par cette folle idée de la globalisation, qui, nous le voyons déjà, ne fait qu’exacerber les individualismes, le chacun pour soi. Bien sûr, c’est là une approche politique. Faire société passe par le respect des lois républicaines, par le retour à un enseignement moral républicain aux enfants, par le respect de la Laïcité, laquelle aussi, commence à l’école. La Laïcité nous permet le bien-vivre ensemble, sans anathème, au-delà de nos croyances ou de nos incroyances.
Vivre en société, c’est respecter l’autre, qu’il soit, suivant l’impératif catégorique kantien, « une fin et non un moyen », sans empiéter sur la liberté d’autrui ; c’est définir et respecter nos limites. « Une société montre son degré de civilisation dans sa capacité à se fixer des limites. », a dit le philosophe et psychanalyste Cornelius Castoriadis, que cite l’écrivain et journaliste Jean Claude Guillebaud.
G Ce qui me choque parfois dans nos sociétés occidentales, c’est cette notion assez nouvelle de « l’enfant-roi », ces enfants élevés sans contrainte, qui ne savent pas où sont les limites. Que vont-ils devenir, sans connaître le respect de l’autre, sans savoir où sont les droits et les devoirs ? Par ailleurs, la société ne tient pas assez compte de la parole des anciens, lesquels se trouvent déjà exclus par les nouvelles technologies ; il y a rupture entre les générations.
G Le problème est plus « nous » dans la société, que la société en elle-même. Est-ce qu’en tant qu’individu, on sait voir l’autre, faire l’effort d’aller vers lui, le respecter.
G Selon Jean-Marc Gaspard Itard dans son Mémoire et rapport sur Victor de l’Aveyron : « L’homme en tant qu’homme avant l’éducation n’est qu’une simple éventualité, c’est-à-dire moins même qu’une espérance. »
G On a évoqué quatre types d’individus participant à cette société, mais on ne peut faire une société si chacun reste enfermé dans sa catégorie ; on est son propre passé, comme celui de la société, et on est son propre projet d’avenir, qui doit s’inscrire dans le projet de la société.
G On utilise souvent les mots civilité et incivilité. Le premier peut contenir parfois un peu d’hypocrisie. Le second, on sait très bien de quoi il s’agit. Nous voyons depuis quelques temps des comportements qui nous révoltent, comme ceux, par exemple, des personnes qui agressent des médecins dans les services d’urgence, ceci parce qu’on ne soigne pas assez vite un de leur parents.
Pourtant, c’est tellement plaisant de vivre avec des gens qui se respectent. Par exemple, si je laisse une voiture passer, que j’aie priorité ou non, et que l’autre conducteur me fait un geste de la main en remerciement, c’est un petit moment de bonheur qui me réconcilie avec mon prochain ; c’est la courtoisie, laquelle est définie par toutes les petites attentions parfois insignifiantes, qui sont appréciées par ceux qui ont un peu d’éducation. La courtoisie, même si elle est parfois décriée comme un concept désuet, reste une marque de savoir vivre, de prévenance, de considération de l’autre.
Dans ce même sens, dans un de ses articles publié en 2012 dans le supplément hebdomadaire Semanal du quotidien El Païs, l’écrivain et journaliste Pérez-Reverte évoque que lors d’un séjour récent à Paris, en une matinée où il avait pris un café au Flore, puis acheté des cigarillos, « on m’avait dit six fois « s’il vous plait » et huit fois « merci » ; j’étais épaté ! » C’est là l’image qu’on souhaite conserver d’une certaine propension à la courtoisie, source du « bien-vivre ensemble ».
Dans bien des pays, comme en Espagne, même si vous parlez correctement la langue, on reconnaît les Français à ce qu’ils sont les seuls à dire toujours « s’il vous plait » et « merci ». Finalement, cela cadre avec l’esprit depuis quelques années dans ce pays, qui est passé d’une forte solidarité dans la guerre, dans la grande misère, à un individualisme patent la paix revenue. Politesse et courtoisie, utilisent le même vocable en espagnol : « cortesia ».
G Qu’est-ce qu’une société ? C’est déjà des parents et des enfants, et là c’est une petite société. Puis, elle s’étend aux cousins, cousines, amis, voisins. Puis, vient l’école ; c’est à ce moment que les premières règles, avec les droits et les devoirs doivent être expliquées à ceux qui sont la société à venir. De la première société, la famille, dépend la suite.
G J’ai été élevée de telle façon qu’un groupe devait toujours être prêt a accueillir un individu en difficulté. Mais, quand je vois notre société, nous rejetons des gens parce qu’ils sont différents, parce qu’on ne les connaît pas. Par contre, pour peu que quelqu’un ait une notoriété, alors là on l’adule. Je ne suis pas fière de notre société ; cela ne correspond pas à ce qu’on m’a appris.
G J’aime bien aussi un signe amical en voiture, mais ce que je vois, c’est plus souvent le contraire.
G La question « Savons-nous vivre en société ? » a été abordée en regard de l’intérêt général. On sait vivre en société quand on distingue un intérêt général et un bien commun. Actuellement, est-ce qu’on n’a pas du mal à vivre en société justement parce que les biens communs, au sens matériel, l’État a tendance à les privatiser, que ce soit la santé ou des parties de la culture… Donc, si on ne nous désigne plus de biens communs comme objectifs, comment peut-on vivre en société ? Cela, c’est déjà un frein.
Et puis, en second, quelqu’un qui dirait : « je ne sais pas vivre en société », ce n’est pas forcément qu’on ne lui aurait pas appris ; c’est peut-être qu’il n’en aurait pas la capacité ; cela exprimerait : « je souffre ». On peut penser à certaines personnes qui n’ont pas les aptitudes. Le mal-être individuel fait que la vie en société est cause de souffrance, de là une inaptitude qu’on n’arrive pas à dépasser.
G On n’a pas absolument besoin de règles, de lois pour aller vers l’autre. On peut le faire spontanément à titre individuel, avec un voisin qui a besoin d’aide.
G Il y a des gens qui pensent que les lois ne sont faites que pour les autres. Ils vous parlent d’environnement et ils jettent par la fenêtre de leur voiture le mouchoir en papier qui les gêne. Dans des villes en Angleterre, des caméras surveillent les comportements ; en plus, elles sont équipées de hauts parleurs qui peuvent s’adresser aux gens ; cela donne : « Veuillez ramasser le papier que vous venez de jetez ! » Aux USA, des villes comme Dallas sont d’une propreté exemplaire ; il faut dire que l’amende, si vous jetez un papier, est à 1000 dollars. Alors est-ce que nous sommes prêts à accepter ce type de contraintes pour faire société, dans le plus « clean » [propre] des mondes ?
Edmondo de Amicis a écrit dans Grand cœur (publié en 1886) : « L’éducation d’un peuple se juge d’après son comportement dans la rue. Où tu verras la grossièreté dans la rue, tu es sûr de trouver la grossièreté dans les maisons. »
G Poème de Florence :
Savons-nous vivre en société ?
Je suis un loup qui hurle avec les loups
Passager clandestin d’un train fantôme
Je suis l’alibi, je suis le symptôme
Des zélés élus et des gabelous
J’ai le verbe haut, les principes flous
J’ai tous les tampons et j’ai le diplôme
Au nom des droits de l’homme c’est un axiome
Je peux massacrer, je suis dans les clous
Je m’abandonne à la main invisible
Et sous sa direction imprévisible
Mon oracle manie les équations
Tout est au mieux dans le meilleur des mondes
Car j’ai trouvé ma place dans les rondes
Corruption ? Immixtion ? Pas de questions !
Gestion !
G Vivre en société ne consiste pas en une soumission aveugle, ni être pris dans une tradition pesante, mais ce sont des efforts qu’on doit faire vers un avenir désiré par chacun. C’est aussi un acte de courage, même si on doit faire face à une réalité pleine d’imperfections. Mais on peut aussi rester là les bras croisés.
G Des lointains cousins et un peu nos ancêtres, les primates, ont fait les premières sociétés. Comme nous, ils peuvent être coopératifs, altruistes ou violents. Ceux qui sont les plus agressifs, les plus individualistes, ce sont les chimpanzés. En revanche, ceux qui sont les plus sociaux, qui connaissent l’empathie, la sympathie, ce sont les bonobos ; ils pourraient nous donner des leçons du « bien vivre ensemble » (même s’ils règlent parfois leurs conflits par « un gros câlin », ce que nous ne sommes pas forcément prêts à imiter). Néanmoins, ce que nous appelons « humanisme » n’est pas toujours à la hauteur de ce que nous pourrions appeler le « bonobisme ».
G Nous ne pouvons pas être dans cette société et ne pas nous poser la question : « Où va cette société ? » Quand je vois ces technologies de gestations par autrui (GPA), cela me fait peur. Aux USA, on peut acheter des ovocytes sur catalogue, avec les caractéristiques (par exemple : blonde, yeux bleus, etc.) et passer un contrat. C’est très cher, mais maintenant la concurrence en Inde offre de meilleurs prix. Je ne me sens pas bien dans ce projet de société.
G Nous avons mis en avant le principe : « être dans la société ». Pour cela, il y a plusieurs possibilités : est-ce qu’on peut assumer tout à la fois sa singularité et assumer la société avec tous les défauts ? Ceux qui abandonnent finissent misanthropes ; ils se referment sur eux par déception. Puis, il a ceux qui restent dans la nostalgie : « de mon temps », « c’était mieux avant ! » Avec cette même désillusion de la politique, nous avons les réactions comme : « tous pourris ! » Puis, il ceux qui veulent agir, s’engager, critiques mais actifs, même s’ils ne sont que des grains de sable. « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent », disait Victor Hugo dans Les châtiments. En fonction de mon tempérament, je ne pourrais pas vivre dans cette société sans y prendre une part active, dans la vie associative, dans la politique. Même si cela ne change pas le cours des choses, il y a toujours un effet d’entraînement.
G Nous sommes dans un monde qui « dé-pense ».
G Notre société actuelle est axée sur le profit à court terme, le chiffre d’affaire ; on voit de plus en plus d’entreprises qui se créent avec des fonds anonymes. On fait la société avec des gens sans identité.
G Vivre en société nous oblige ; nous sommes cet « animal social » (dont parlait Aristote). Mais cette barrière de « moi » à « nous » est toujours là. Elle est entretenue par une idéologie qui, avec John Locke, une des références du libéralisme économique, nous dit que l’intérêt particulier peut primer sur l’intérêt général, qu’on ne peut nier à l’homme son « droit de nature » ou qu’on peut faire société en dehors de toute autorité collective. Nietzsche a dit dans Le gai savoir, a minima : « Gardons-nous de déclarer qu’il y a des lois dans la nature. Il n’y a que des nécessités : là, nul ne commande, nul n’obéit, nul ne transgresse. » Là où il n’y a pas d’État, il n’y a pas de société au sens moderne, il n’y a que des individus. La dérive du droit individuel, nous la voyons avec la prolifération des armes aux Etats-Unis (en vertu du deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis), dans une société héritée des pionniers, où chacun s’arme pour se protéger de son prochain.
Par ailleurs, la difficulté de faire société est aussi liée, nous dirait Freud, à nos pulsions, lesquelles peuvent être exacerbées devant certaines situations. On les réprime, mais on les laisse aussi s’extérioriser, comme en voiture où des conducteurs se défoulent, et, là, on entend des noms d’oiseaux ! Est-ce un de ces nécessaires exutoires pour pouvoir vivre en société ? Ces pulsions non contrôlées peuvent être la conséquence d’un mal-vivre avec soi, lequel mal-vivre avec soi se traduit aussi par un mal-vivre avec les autres.
G « Si vous ne traitez l’homme que dans la mesure de ce dont il a besoin, vous le traitez aussi mal qu’un animal. » [Cette Citation proviendrait de la pièce Le roi Lear de Shakespeare.]
G Je sais que je n’ai pas la possibilité de changer le monde, mais en revanche, pouvoir vivre en société, c’est, pour moi, m’efforcer d’être le moins fière possible, d’être honnête dans mes propos comme dans mes actes, de savoir communiquer avec sincérité, de savoir regarder l’autre sans a priori, de savoir parler d’espoir à ceux qui l’on perdu, de savoir faire confiance et de donner de l’amour et de la fraternité.
Qu’est ce qu’une société?un groupe d’humains avec qui on partage des idées,des gouts communs,avec qui on s’associe..je préfère de loin le mot groupe que société qui pour moi est bien plus parlant..car peut on faire société avec tout le monde?La réponse me parait évidente,il faut avoir un minimum de valeurs communes et de choses a partager avec les autres pour avoir envie de les fréquenter donc le mot société est vague,c’est une idée comme citée bien plus haut. La société est régie par des régles et lois,ca va de soi mais a t’on besoin forcèment de régles pour fréquenter quelqu’un ou l’aider? Ca doit être spontané. et vivre selon la société pure et dure me parait une soumission plus qu’autre chose et donc bien pesante.Soyons libres d’inventer notre vie aussi.
Merci de votre commentaire, je le garde dans mon dictionnaire philosophique à: « société ».
Mon mél, est guy.l.pannetier@hotmail.fr
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