Restitution du débat du 29 mars 2025
Animateurs : Guy Pannetier. Thibaud Simoné
Introduction : Guy Pannetier.
Introduction : Il nous faut d’abord définir, classer, les positions de chacun, quant aux dieux, quant aux religions. Je rappelle qu’il existe dix mille religions différentes dans le monde sans compter les schismes. Nous avons:
1° les croyants, des personnes qui croient en une entité supérieure qu’on nommera Dieu. Qui sont religieux, qui pratiquent, ou qui ne pratiquent pas
Toutefois les croyants peuvent se diviser en catégories, soit : ceux qui croient en l’âme, ceux qui croient à une résurrection, c eux qui croient en un paradis, ou un enfer,
2° Les déistes ; des personnes qui n’ont pas de religion , qui croient toutefois en une entité supérieure qu’on nommera Dieu, mais qui nient toute révélation. Voltaire et J. J. Rousseau se réclament du Déisme.
3° Les théistes ; des personnes qui eux, croient en la révélation , et croient en une entité supérieure qu’on nommera Dieu
4° Les agnostiques ; des personnes qui pensent que nous sommes incapables de savoir s’il existe ou non une entité supérieure. On défini aussi couramment les personnes agnostiques comme les personnes restant dans le doute quant à l’existence d’une entité supérieure qu’on nommera Dieu. Un des premiers écrits de philosophe agnostique remonte à cinq siècles avant notre ère, même si le terme n’existait pas et sera inventé au 19ème siècle : « Quand aux Dieux » nous dit Protagoras, « je ne suis en mesure de savoir ni en quelle manière ils sont, ni en quelle manière ils ne sont pas.» ; une forme de scepticisme, mais pas un scepticisme catégorique
5° Et l existe une catégorie peu connue qui est l’antithéisme : soit si j’ai bien compris , la croyance en une force supérieure mais qui ne sera pas un dieu, mais toutefois qq chose de divin de sacré. Là j’ai un peu de mal à saisir
6° Et enfin, Les athées, du grec athéos (Littéralement : ceux qui ne croient pas en l’existence d’une entité supérieure), « ceux qui n’éprouvent pas le besoin de remonter dans la voie de la causalité.
L’athée (Ecrit André Comte Sponville) plutôt que de se raconter des histoires, préfère affronter comme il peut, l’angoisse, la détresse, la solitude, la liberté….. Le réel suffit à qui s’en contente. C’est ce qui s’appelle sagesse, qui est la sainteté des athées »
Des dictionnaires comme le dictionnaire philosophique Lalande, à l’instar de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert du 18 ème siècle, donnent comme définition : Athée, doctrine consistant à nier l’existence de Dieu
(Je ne suis pas d’accord avec cette définition , Je m‘en expliquerai)
Et j’ajouterai une catégorie qu’on assimile parfois aux athées, ce sont les antireligieux, ceux qui sont hostiles aux religions, ceux qui dénoncent comme fausses ou imposture les paroles, ou les textes religieux. Ou ceux qui interdisent la religion, comme on a pu le voir au siècle passé dans des pays de l’est, où la religion était considérée (je cite) comme « l’opium du peuple »
Il est certain que pour bien des personnes il est difficile de penser comme nous le disait Voltaire « que cette belle horloge, (le monde, la Nature) puisse exister sans un horloger ».
Nombreux sont ceux qui se posent la question. La nature de l’Homme ayant horreur du vide, il trouve des réponses dans diverses religions religions qui lui explique le plus souvent l’origine du monde, l’origine du premier Homme et de la première Femme, et la création de toute la nature animal comme végétal.
Alors en dehors de vos réactions
Je propose trois questions
1° Les athées ne seraient-ils pas, de par leur incroyance, dénués de valeurs ?
2° Et sont-ils dénués de moral ?
3° Les athées ne se mettent- ils pas, de par leur comportements, comme exclus de la société ?
Débat : ⇒ Je pense que l’on peut être athée et malgré tout dans le doute.
⇒ Si l’on s’en tient à la définition du mot, « athéos », sans dieu » ce dernier ne peut pas être athée et agnostique à la fois. A défaut d’explication qui lui paraisse recevable il est dans la conviction, et pas dans la certitude.
⇒ Une de tes questions étaient : – l’athée ne se met-i pas en marge de la société ? Je dirai que cela l’était, car il fut une époque, où se déclarer athée, c’était pour celui-ci se mettre au ban de la société, c’était alors considéré comme délictueux, c’était s’opposer au discours officiel ; l’athée était considéré comme une personne indigne.
Aujourd’hui bien sûr, ce n’est plus le cas, puisque d’après des sondages, dans les pays occidentaux, l’athéisme varie suivant les populations, de 20 à 60 pour cent se déclarent athées.
Aujourd’hui nier l’existence d’un dieu, n’exclut pas de la vie sociale. Et cela vient du fait que l’on considère que l’athéisme est une religion comme les autres, d’où dans le sens et à partir d’une certitude que Dieu n’existe pas on établi une religion, un mode de vie, une certitude morale.
⇒ Je relève dans l’approche du terme d’athée l’emploi de deux mots incompatibles avec l’idée même de l’athéisme. Ce sont les mots « certitude » et le mot, « nier ».
L’athée ne peut pas être dans la certitude, car pour être certain d’une chose il lui faudrait en avoir la preuve ; alors un religieux pourrait lui demander d’exposer ses preuves.
L’athée ne nie pas non plus l’existence d’une entité supérieure, car nier quelque chose c’est dire que la chose est fausse. Cette position serait celle d’un anti religieux, et non réellement celle de l’athée ; c’est pourquoi je suis en désaccord avec les écrits de Michel Onfray. En tant qu’athée son militantisme anti religieux me gène un peu, car il nous dessert plus, nous les athées, qu’il nous sert. En voulant tellement prouver la non existence d’un dieu, la non existence d’un « envoyé de dieu » sur la terre, il peut finir par valider ce discours anti athée, discours de dévots, qui à l’instar de Pascal, disent que quiconque réfute l’idée de Dieu, ne le ferait que par crainte qu’il n’existe.
Etre athée, n’implique pas pour autant que je sache, à s’évertuer ainsi à vouloir prouver quelque chose dont on ne pas demande pas de preuve. C’est retourner la preuve ontologique comme on retourne une chaussette.
Je relève dans l’ouvrage, de Michel Onfray, « Cosmos », quelques propos qui ne font que reprendre des lignes de ses ouvrages précédents , dont son Traité d’athéologie :
* Dieu : ce concept invite à la paresse mentale, à la jachère philosophique…… (Page 138)
* Je tiens pour l’inexistence historique de Jésus…, il est en effet facile d’écrire l’histoire d’une aventure qui n’a pas eu lieu historiquement … (Page 355)
* Jésus est une fiction, le Christ la fiction sublimée de cette fiction… (Page 356)
* Jésus-Christ coagule les vieux mythes, d’anciennes histoires, d’anciennes fictions, de très antiques légendes… (Page 357)
Etc…
⇒ L’athéisme n’est pas dans tous les pays, dans certains pays se déclarer athée peut être dangereux, en Egypte par exemple ,c’est passible de prison.
Par ailleurs, récemment un ouvrage se proposait de prouver scientifiquement l’existence de Dieu, et dans la réflexion l’ouvrage oubliait une chose qui est : – est-ce que Dieu peut avoir un statut de connaissance ? Vouloir démontrer l’existence de Dieu, c’est lui donner un statut de connaissance ; alors, il n’est plus un dieu, car Dieu est transcendant, il n’est pas dans l’immanence.
Autrement dit, on ne peut démontrer au sens scientifique, l’existence comme la non existence.
En ce sens la position de l’agnosique, du « why not » me semble raisonnable
⇒ Je reprends le propos qui donne l’athéisme come une religion. A la limite on peut utiliser ce terme religion puisque étymologiquement parlant, ce serai une chose qui « relie » « religaré ». Ce qui pourrait relier les non croyants, pourrait être ce qui découle de la Renaissance ; l’Humanisme, car l’Humanisme c’est croire dans les hommes et les femmes, c’est être reliés par des valeurs morales, éthiques, solidaires. C’est alors tel une religion sans un dieu, c’est croire, oui, mais croire en l’Homme, c’est peut être aussi se réclamer du matérialisme philosophique.
⇒ La laïcité permet l’athéisme comme la religion.
⇒ Je fais partie de « La libre pensée » et je précise que la laïcité n’est pas la protection des religions, mais la non reconnaissances des cultes, (Loi de 1905). Le Laïc également ne reconnaît aucune religion.
« L’Eglise chez elle, et l’Etat chez lui » (Victor Hugo 1850)
⇒ On voit des athées qui rentrent dans des églises, ceci pour diverses raisons. Et par ailleurs je voudrais de nouveau entendre la différence entre théistes et déistes.
⇒ Dans les deux cas, les déistes et les théistes croient à une entité suprême.
Pour les déistes, l’entité supérieure a mis ce monde en mouvement et « vogue la galère ».
Pour les théistes même mise en mouvement par l’entité supérieure, mais celle-ci continue à agir sur, et dans ce monde.
⇒ Tel l’athée, ne pas croire tout en se posant des questions sur tout ce qui nous dépasse, c’est la question philosophique, première, question métaphysique, cela peut être une réflexion profonde, sans l’absolu besoin d’une réponse.
⇒ J’ai relevé ce texte de Jacques Ducamp : « L’athée ne cherche pas à prouver que Dieu n’est pas, mais il cherche à comprendre pourquoi l’homme éprouve le besoin de Dieu »
⇒ Ce besoin de Dieu, découle peut-être du fait que la nature, même la nature de l’homme, a horreur du vide, celui-ci ne peut pas rester sans réponse. Sa croyance peut le rendre plus fort.
⇒ Avec le temps, l’Eglise s’est sécularisée. Alors que construites pour la prière et les cérémonies, les églises sont devenues patrimoine national, devenues des biens culturels ouverts à tous, croyants ou athées. La sécularisation a éloigné la population de la religion, de la pratique religieuse. Il y a peu, visitant une église j’ai eu la curiosité d’ouvrir le rideau du confessionnal, j’y ai vu des balais.
⇒ Peut-il y avoir une vie de l’esprit sans religion ?
⇒ La vie de l’esprit peut se faire indépendamment d’une religion. La spiritualité c’est la vie de l’esprit.
⇒ Il peut même y avoir une spiritualité chez les athées, on parle alors de spiritualité laïque, c’est l’amour et le partage avec son prochain, ce qu’on nomme, l’Humanisme. L’Humanisme est pour l’athée comme une croyance, une croyance en l’Homme. De ce fait pour répondre à une des questions en introduction, il n’est ni dénué de valeur, ni dénué de morale.
⇔ L’Athéisme n’a pas permis de structurer une société. C’est grâce à la religion que la ociété s’est structurée.
⇒ Je défends l’athéisme mais je ne fais surtout pas de prosélythisme ; car ce serait tomber dans ce travers des antireligieux. L’athée est celui qui fut longtemps nommé, l’incroyant.
N B : Le débat n’ayant pas pu se tenir dans le lieu habituel, nous avons été reçus dans un café où les interventions se sont trouvées mêlées aux propos des consommateurs.
De ce fait la restitution est incomplète, tous les propos n’étant pas assez audibles.