Restitution du débat du 2 novembre 2024
Animateur : Guy Pannetier.
Introduction : L’influence, phénomène de société, phénomème d’actualité, ou plus ou moins de tout temps ?
Toujours la société a été plus ou moins moutonnière, parce que le goût d’une majorité ne pouvait pas être une erreur de goût, parce que le goût des plus riches, le goût de ceux qui avaient accès au luxe, était le goût par excellence. Rarement une majorité de la population à fait ses choix par elle-même, sans influence.
Les médias, les pubs nous disent ce que nous devons manger, ce que nous devons porter, là où nous devons aller en voyage, etc…
Nous croyons choisir par nous-mêmes, mais nos cerveaux ont été préalablement colonisés par des idées, des envies programmées qui vont faire ce que nous appelons, encore, « nos choix »
Des sociétés de marketing sont à l’affut de ce qui constitue non pas réellement nos goûts, mais bien plus, nos habitudes d’achat, et ceci encore surtout si vous faites de nombreux achats en ligne.
Il se peut que des personnes à l’ego assez développé, aient pu penser que leur mode de vie, leur façon d’être, leurs vestimentaire, ou autre, étaient d’une qualité telle, qu’ils le fassent connaître. Et là plus qu’un simple moyen, nous avons Internet. Créer une site, ouvrir une page, et là, bingo ! des milliers de gens choisissent comme vous avez choisi, vous devenez référent quasi ultime en matière de choix de nombreux achats.
Des milliers de gens naissent fatigués du choix, fatigués de la décision, et là, ouf ! un référent qui devient le parangon de vos choix. Ne plus avoir à choisir par soi-même, s’apparente au pseudo confort de ne pas avoir à penser par soi-même. Et ceux qui sont dans ce cas sont nombreux , d’où un vaste champs d’exploitation ?
Notre époque et les moyens que donne tout le champ du web, a fait émerger, des personnes nommées très vite, influenceurs et influenceuses L’abandon total de son propre pouvoir décisionnaire, ce n’est plus passer à : « deviens ce que tu es » à « deviens l’identique de ce modèle qui est le modèle à la mode »
Serions-nous sommes face à une société de suivistes ? Deux sources existaient pour se construire en tant qu’enfant, en tant qu’adolescent, c’était la famille, et c’était l’environnement.
Depuis déjà quelques décennies, les adolescents passent plus de temps l’oeil fixé sur leur smartphone, qu’à regarder comment vivent leurs parents.
Il y a des personnes pour qui choisir, est une véritable épreuve, ce sont de « ânes de Buridan » faits femmes, fait Hommes. Quelqu’un choisi hommes. pour moi, je le suis, je la suis. C’est là une expression que reprennent influenceurs, influenceuses, je suis suivi par 14 millions de followers.
L’influenceur est une image non dans l’eau comme celle de Narcisse, mais sur l’écran. Peu à peu les followers vont s’identifier à ce personnage sur écran ; et là vont se créer des milliers d’identités nouvelles, en bien de points semblables. Mais ces identités créées sont de « faux soi » des « faux self ». On retrouve là cette notion de désir mimétique évoquée par René Girard. L’envie d’être à son tour l’image, est activée de plus par le nombre impressionnant de suiveurs. Si tant de gens suivent ces conseils, c’est que là est le bon goût, la multitude ne saurait se tromper, c’est l’argument ad populum.
Acheter les mêmes produits que de milliers de gens bien informés, donne un sentiment qui parfois conforte ; c’est appartenir à une communauté
Débat : ⇒ L’influence peut être un bienfait : elle est pouvoir de puissance, pouvoir attractif de par les échanges entre individus. Elle est un facteur bénéfique pour le des connaissances, mais elle peu aussi être comme une arme, c’est pourquoi elle demande réflexion, elle demande de la passer à l’épreuve de l’inférence déductive. Elle est dangereuse quand elle a pour but de prendre une emprise sur autrui. Elle est préjudiciable quand elle ne respecte aucune règle éthique ou morale. Elle est néfaste à l’égard de ceux qui deviennent accrocs à des sites dont le but est de vendre. Néfaste en regard d’une idolâtrie maladive, où les suiveurs perdent leur identité pour être, « comme l’autre »
⇒ L’influence est déjà une étude, des goûts, des comportements, étude la psyché, des manifestations conscientes et inconscientes. Cela commence avec le premier influenceur au siècle dernier avec Bernays. Il crée ce qu’on va nommer : la publicité, avec des images, des slogans, qui vont susciter le désir, l’envie, le besoin, jusqu’à la nécessité
⇒ Ce qu’on nomme influenceur, influenceuse a existé de tout temps. Si l’on regarde des photos ou des tableaux de la vie au 19ème siècle, on voit que les gens sont tous habillés plus ou moins habillés de la même façon, avec selon le milieu social, chapeau, cane, et robe longue pour les femmes… Nous avons là, une influence implicite, celle de la bienséance. Cette influence implicite était encore plus prégnante qu’aujourd’hui, plus d’une certaine façon que celle des influenceurs.
Ces sites d’influence ne sont en fait que des sites de publicité avec la promotion de produits. J’ai du mal à comprendre comment ces personnes que sont les influenceurs et influenceuses peuvent avoir une telle écoute, tant ils me semblent d’une nullité absolue. Des personnes qui dans leurs propos parlent un très mauvais français, ne sachant faire un phrase correcte avec : sujet- verbe-complément. Au final ce qu’une forme de publicité qui s’adapte aux nouveaux médias.
L’influence sur la mode vestimentaire marquait la classe sociale, on distinguait un ouvrier, un employé de bureau, un chef d’entreprise.
⇒ L’influence via les réseaux sociaux ne se limite à la promotion de produits, cela peut aller jusqu’à des campagnes climato sceptiques, des anti vaccins, etc… Cela a pu être, influencer des électeurs.
⇒ Ce à quoi on peut ajouter des gourous avec une dangereuse influence sur des parents, ce qui va influencer des enfants, effet en cascade.
⇒ Qu’est-ce qui fait que nous serions plus influençables aujourd’hui que par le passé ?
⇒ Nous voyons des ados qui portent tous les mêmes vêtements, avec les mêmes marques, dont les mêmes chaussures. Cette mode vestimentaire permet l’appartenance à un groupe d’âge, appartenance à la « communauté ado » ; et là il faut faire partie des autres, être en regard des autres ou ne pas être.
⇒ Entre inluence subie et quête de conseil, nous trouvons les coachs. C’est demander de l’aide, mais ce peut être, tomber sous influence, suivre quelqu’un qui organise et oriente ma vie. Cela peur faire des victimes chez des personnes « fragiles », cela peut être un emprise psychologique jusqu’à la limite de l’abus de faiblesse.
⇒ Cela ne concerne pas les coachs sportifs qui eux, aide au développement des compétences. Donc là, il faut faire la différence entre : coaching sportif, coaching de développement parsonnel, coaching et emprise, et gourous.
⇒ Est-ce qu’il n’y aurait pas, parfois, une crainte excessive de l’influence, crainte d’une parole généralement tenue pour la raison, et de là, prêter l’oreille à des idées contraires peu ou pas crédibles. C’est « voyons voir ! est-ce que je peux y croire ? » « Voyons voir ! que dit-on d’autre ? », je ne veux pas subir l’influence du plus grand nombre, par le groupe des « sachants ». Et souvent on est plus enclins à croire ce qu’on a envie de croire (Billet de confirmation)
⇒ Dans quelle mesure subissons-nous l’influence à tout âge, de notre environnement ? On connait ce proverbe : « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es »
⇒ Tout au long de notre vie, nous nous modifions dans notre façon d’être en regard des personnes que allons fréquenter.
Lorsque nous subissons des influences, le sens critique peut l’emporter sur le message reçu ; bien que là des idées peuvent se propager.
Y a t-il quelqu’un autour de cette table qui puisse affirmer : je ne suis pas influençable ?
Je suis influençable, mais influençable surtout par des personnes en qui j’ai confiance quant à leur gouts, quant à leur approche des idées. Si telle personne me dit : ah j’ai vu un film formidable, lu un livre formidable, parfois connaissant la personne, je sais que c’est le film à éviter, et l’économie d’un livre. En revanche il est d’autres personnes qui sont les bons indicateurs. Donc je suis sûrement, à mon corps défendant quelquefois influencé. Cela nous montre des influences positives et non influences emprise.
⇒ Cela évoque les maîtres à penser, celui qui nous invite à penser, pas celui qui nous dit ce que nous devons penser. Par exemple des philosophes, des auteurs, ont eu sur nous une grande influence (influence positive). J’ai commencé à m’intéresser à la philo vers les 15 ans quand j’ai « Les essais » de Montaigne, car tout à coup je me disais : Tiens ! voilà que les choses peuvent ne pas être ou noires ou blanches, bonnes ou mauvaises suivant le contexte. Montaigne reste pour moi un maitre à penser, et souvent il me revient des éléments de cette philosophie.
⇒ Dans quelle mesure y a t-il influence ? J’ai également choisi Montaigne comme « philosophe référent », mais dès le début de la lecture des Essais, ma réaction a été : tiens ! voilà un philosophe qui pose les questions que moi-même je me pose. C’est une rencontre, c’est un choix de ce qui vous ressemble.
Mais l’influence elle est aussi dans d’autres domaines. Je pense particulièrement à l’influence et la responsabilité des adultes par rapport aux enfants, aux adolescents.
Plus que des conseils parfois, l’exemple par nos comportements, agit sur les modèles auxquels on peut se référer lorsque l’on est en construction de soi.
⇒ Peut-on parler d’influence si l’on choisi ?
⇒ Pour échapper au mieux à une influence, des influences négatives, il faut fréquenter des personnes différentes, voire des personnes qui ne pense pas exactement comme vous. Il faut avoir une vie sociale, aller au cinéma, au théâtre si l’on peut…
Face à l’influence nous avons notre esprit critique, s’en inspirant quand elle nous aide, nous aide à être dans ce monde, et nous construire sans cesse.